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Onco
l
Vol 7
l
N°2
l
2013
ON0400F
Stratégies actuelles de
vaccination contre le cancer
de la prostate
Steven Joniau
1
, Siska Van Bruwaene
1
, Hendrik Van Poppel
1
, Susanne Osanto
2
1. Service d'Urologie, UZ Leuven
2. Service d'Oncologie, Leiden University Medical Center, Leiden, Pays-Bas
Introduction
Le cancer de la prostate (CP) est un problème de san-
té important. Le traitement systémique traditionnel du
cancer prostatique avancé ou métastastique est la dé-
privation androgénique (ADT), ou hormonothérapie.
La plupart des patients traités par ADT vont devenir
résistants à la castration (CPRC) et progresser sous
hormonothérapie. Le traitement de référence de pre-
mière ligne du CPRC est la chimiothérapie par docé-
taxel. Dans les essais d'enregistrement, le docétaxel
augmente la survie médiane des patients de de 2,4
mois et est associé à d'importants effets secondaires
(1). Le développement de traitements moins toxiques
et plus efficaces est donc une priorité. Les avancées
récentes dans la connaissance des principes immunolo-
giques ont mené au développement de vaccins contre
le cancer de la prostate. Nous présentons ici une vue
d'ensemble des résultats cliniques concernant l'effica-
cité et la sûreté de ces stratégies de vaccination.
La littérature concernant des essais randomisés entre
janvier 1995 et octobre 2010 a été revue. Au total,
13 essais impliquant en tout 1.342 patients ont été in-
clus, ainsi que 2 notes sur un essai randomisé de
phase II (Tableaux 1-3).
La réponse immunitaire commence par l'activation des
cellules présentatrices d'antigènes (CPA) en présence
d'un antigène cible. Les CPA présentent l'antigène aux
cellules T qui sont activées à leur tour pour éliminer les
cellules cibles. Il s'ensuit finalement une régulation à la
baisse de la réponse des cellules T (2). Le but des
vaccins contre le cancer est de promouvoir cette
réponse immunitaire contre les cellules cancéreuses.
ONCOLOGIE UROLOGIQUE
Contexte: en avril 2010, le premier vaccin contre le cancer de
la prostate (CP) a été approuvé par la Food and Drug
Administration
(FDA) américaine. Une étude de phase III a
démontré que la survie globale (OS) des patients traités avec
des cellules contenant des antigènes tumoraux était
nettement supérieure à celle des patients de contrôle. Les
résultats d'études avec d'autres vaccins sont attendus avec
impatience, consolidant une nouvelle ère dans le traitement
des patients atteints d'un CP avancé. Cet article présente
une vue d'ensemble des essais actuels de phase II et III
concernant l'efficacité et la sûreté des stratégies de
vaccination contre le CP.
Résultats: trois grandes études randomisées de phase III, dont
l'essai IMPACT, ont rassemblé en tout 737 patients pour
examiner l'effet du sipuleucel-T. Dans l'essai IMPACT, outre la
sûreté du vaccin, un avantage médian en termes de survie de
4,1 mois a pu être démontré pour le groupe de vaccination
sipuleucel-T (25,8 mois versus 21,7 mois; p = 0,032). Par
contre, deux grands essais de vaccination de phase III avec du
GVAX (vaccin composé de cellules tumorales entières) ont
été arrêtés prématurément en raison du manque d'effet et
même de l'augmentation de la mortalité. D'autres essais de
vaccination de phase II ont testé divers types de vaccins dans
différents groupes de patients atteints de CP. Il convient de
relever l'essai randomisé avec le PROSTVAC-VF, un vaccin
basé sur des vecteurs viraux recombinants, où la sûreté du
vaccin a pu être démontrée et où un avantage en termes de
survie de 8,5 mois a également été observé dans le groupe
traité (25,1 mois contre 16,6 mois; p = 0,0061).
Conclusion: la vaccination thérapeutique constitue un nouveau
paradigme pour le traitement du CP avec des résultats très
prometteurs dans plusieurs essais récents. Le chemin est
néanmoins encore long. De nouveaux essais sont requis pour
mieux identifier le mécanisme de fonctionnement de cette
thérapie et répondre aux questions concernant le timing et
la place de ce traitement.
Peer-reviewed article