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Onco
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Vol 7
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N°2
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2013
caractérisation clinico-pathologique et le désavantage de l'hété-
rogénéité tissulaire) ou plusieurs échantillons de la même tu-
meur (avec l'avantage d'une analyse détaillée de la tumeur avec
ses implications thérapeutiques et le désavantage du coût
énorme par patiente et du nombre limité de patientes étudiées)
(6). Pratiquement, ce séquençage «unicellulaire» est réalisable
sans difficultés majeures, avec l'avantage de pouvoir identifier de
très nombreuses mutations additionnelles par rapport au sé-
quençage d'une population. Mais les informations sont limitées à
la tumeur concernée et si les applications cliniques de ce mode
de séquençage restent encore à déterminer, on peut cependant
imaginer que cela va permettre des prélèvements moins impor-
tants en cas de tumeurs rares. Cela favorisera aussi la mesure de
l'hétérogénéité intratumorale, une identification et un profilage
des cellules tumorales circulantes, voire une identification et un
profilage non invasif des rares cellules tumorales chimiorésis-
tantes après traitement adjuvant.
La recherche translationnelle en
deux chapitres
Quoi de neuf en biologie du cancer du sein?
«Mieux qu'un long discours, la figure proposée par Joerg Huelsken
(Lausanne) permet de visualiser la complexité du processus mé-
tastatique
(Figure 2)», rappelle Hannelore Denys (UZ Gent).
La première question logique est alors de savoir comment se
produit l'intravasation, ce à quoi John Condeelis (New York) a
répondu en utilisant des techniques sophistiquées d'imagerie
montrant que les cellules tumorales arrivant à la transition épi-
thélio-mésenchymateuse migrent vers les vaisseaux sanguins
grâce aux fibres de collagène (8). Elles se servent ensuite des
macrophages périvasculaires comme «navigateur» (créant ainsi
une boucle paracrine) pour parcourir les vaisseaux sanguins.
«On peut aisément concevoir dès lors que la densité de ce com-
plexe cellules tumorales/macrophages puisse prédire le risque de
récurrence métastatique
», poursuit-elle.
L'autre étape critique est l'extravasation et la colonisation
métastatique. En l'étudiant sur modèle murin (7), les cher-
cheurs ont pu constater qu'elle dépend des cellules
CD24+CD90+ et est beaucoup plus rapide et intense (pour
diminuer ensuite rapidement) pour les cellules souches can-
céreuses que pour les cellules souches non cancéreuses. Ces
cellules souches cancéreuses s'appuient ensuite sur des si-
gnaux en provenance de leur environnement stromal, parmi
lesquels la périostine (une protéine de la matrice extracellu-
laire) qui, associée à des ligands, crée ainsi une «niche» dans
laquelle les cellules souches pourront se maintenir et coloni-
ser l'os en augmentant la signalisation Wnt. On peut imaginer
dès lors agir sur le processus des métastases en agissant sur
la périostine...
Reste la signification des cellules dormantes: on sait en effet
que > 30% des patientes sans métastases détectables ont des
cellules cancéreuses résiduelles dans la moelle, cellules qui
peuvent survivre jusque 20 ans (9). Mais on ne connaissait
pas bien la biologie de ces tumeurs, ni les signaux qui en-
gendrent la transformation des micrométastases dormantes
en micrométastases ostéolytiques jusqu'à la découverte du
rôle des VCAM1 (qui appartiennent à la superfamille des
immunoglobulines transmembranaires) (Figure 3). Dans ce
contexte, le blocage de l'activité des VCAM1 pourrait être
une stratégie utile pour prévenir la formation de métastases
osseuses.
Figure 2: Evénements-clés lors du processus
métastatique.
Hannelore Denys (UZ Gent)