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Skin
Vol 16
N°1
2013
46
INTRODUCTION
Le blanchiment de la peau via des cos-
métiques spécifiques est une pratique
courante chez les personnes ayant un
phototype IV, V ou VI, dans le but d'ob-
tenir un teint plus clair ou plus uniforme
(1). Chez les personnes ayant une peau
claire (phototype I, II ou III), le blanchi-
ment de la peau est moins habituel,
mais il gagne cependant en popularité,
par exemple pour atténuer les taches de
vieillesse ou également pour obtenir un
teint plus uniforme.
Etant donné que les cosmétiques ne
peuvent être nocifs, certains ingrédients
sont réglementés, tant par la législation
belge que par la législation européenne
en matière de cosmétiques (Directive
76/768/CEE) (2). Cependant, on trouve
sur le marché européen (belge) des pro-
duits dépigmentants qui semblent à
première vue conformes à la législation,
mais qui, après analyse, s'avèrent conte-
nir les produits fréquemment utilisés
illégalement pour le blanchiment de la
peau, comme l'hydroquinone, la tréti-
noïne ou des corticostéroïdes.
Des cosmétiques
dépigmentants illégaux sur
le marché belge...
Bart Desmedt
1,2
, Patricia Courselle
1
, Jacques De Beer
1
, Vera Rogiers
2
, Kristien De Paepe
2
* et
Eric Deconinck
1
*
* Accompagnateurs de projet
1. Direction opérationnelle Alimentation, Médicaments et Sécurité du consommateur. Service des médicaments, Institut scientifique de la Santé publique (WIV-ISP)
2. Département de Toxicologie, Dermato-Cosmétologie et Pharmacognosie, Centre de Recherche pharmaceutique (CePhar), VUB, Bruxelles
O
utre les contrefaçons médicamenteuses qui inondent le marché européen,
les cosmétiques illégaux représentent également un problème croissant. Sur
ce plan, les agents dépigmentants constituent un groupe important. Ce sont des
produits appliqués localement, le plus souvent au niveau du visage, des mains et
du décolleté, afin d'obtenir une dépigmentation de la peau. Malgré les nombreuses
études qui font clairement état de leurs effets indésirables et des dangers qu'ils re-
présentent pour la santé publique, et l'interdiction européenne d'utiliser un certain
nombre de substances actives en cosmétique, l'utilisation de ces produits ne cesse
d'augmenter, surtout chez les consommateurs ayant un phototype IV, V ou VI. En
Europe, la vente de ces produits se déroule essentiellement via le marché noir, les
magasins d'ethno-cosmétique et Internet. Un projet d'étude commun entre l'Insti-
tut scientifique de la Santé publique (WIV-ISP) et la Vrije Universiteit Brussel (VUB)
a donné lieu au développement d'une nouvelle méthode pour l'analyse de cosmé-
tiques dépigmentants suspects. Par la suite, une étude du marché a été effectuée
sur 161 échantillons saisis. Les résultats indiquent que les principes actifs présents
dans les échantillons suspects sont essentiellement du propionate de clobétasol
(un corticostéroïde puissant), de l'hydroquinone et de la trétinoïne. Ces ingrédients,
interdits dans les cosmétiques dans l'Union européenne, ont des effets indésirables
spécifiques. En cas d'utilisation prolongée ou d'exposition excessive, ils constituent
un danger potentiel pour le consommateur.
S1
1
73F