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Vol 16
N°1
2013
29
férieure de capsaïcine et des applications
moins fréquentes, ce qui se traduit tou-
tefois par une tachyphylaxie plus lente.
La concentration de capsaïcine préconi-
sée varie d'une étude à l'autre, mais une
concentration de 0,025% est tolérée par
la plupart des patients. Pour les plis, une
concentration inférieure de 0,006% est
recommandée (2). La capsaïcine peut
être préparée sous forme magistrale
dans un véhicule lipophile. Elle est éga-
lement soluble dans l'alcool. La recom-
mandation des experts insiste sur l'effi-
cacité de la capsaïcine dans les formes
localisées de prurit chronique, comme en
cas de notalgie paresthésique, de prurit
brachioradial, de prurigo nodulaire et de
lichen simplex. Les effets secondaires
peuvent toutefois avoir un effet négatif
sur l'observance thérapeutique.
AGONISTES DES RÉCEPTEURS
CANNABINOÏDES
Ces nouveaux produits s'avèrent avoir
un effet antipruritique et analgésique.
Physiogel A.I crème
®
est un produit cos-
métique disponible sur le marché qui
contient de la N-palmitoyl-éthylamine,
un agoniste des récepteurs cannabi-
noïdes et de PPAR-a (peroxisome proli-
ferator-activated receptor alpha
). Selon
les experts, ces produits peuvent être
efficaces en cas de prurit localisé.
IMMUNOMODULATEURS TOPIQUES
L'effet du tacrolimus et du pimécrolimus
sur le prurit est médié tant par des pro-
priétés immunologiques que neuronales.
Paradoxalement, ces produits peuvent
également causer un prurit transitoire,
en particulier au début du traitement.
Tous deux sont manifestement efficaces
en cas de prurit lié à un eczéma atopique.
Certaines données indiquent également
que le tacrolimus pourrait être efficace
pour le traitement du prurit anal idiopa-
thique résistant (3). Les deux produits
peuvent aussi être utilisés pour le pru-
rit génital. D'après les experts, ces deux
produits peuvent être efficaces dans les
formes localisées de prurit chronique.
ACIDE ACÉTYLSALICYLIQUE
L'acide acétylsalicylique topique pourrait
avoir des effets antipruritiques chez les
patients souffrant de lichen simplex. Tou-
tefois, en raison du manque d'études, les
experts concluent qu'il ne peut pas être
envisagé comme traitement.
DOXÉPINE
Des études en double aveugle réalisées
avec la doxépine, un antidépresseur tri-
cyclique, en forme locale (crème 5%) ont
démontré son effet favorable en cas de
dermatite atopique, de lichen simplex,
de dermatite nummulaire et de derma-
tite de contact. Les experts concluent
qu'en raison du risque accru d'allergie de
contact, en particulier en cas d'utilisation
pendant plus de 8 jours, ce produit ne
peut pas être recommandé.
ZINC, MENTHOL ET CAMPHRE
Cela fait déjà plus de 100 ans que l'oxyde
de zinc est utilisé pour ses prétendues
propriétés anti-inflammatoires, antisep-
tiques et antipruritiques. Toutefois, la
littérature en parle très peu. Il est utilisé
sous la forme de crèmes ou autres solu-
tions locales avec des concentrations de
10 à 50%. Le menthol, un alcool fabri-
qué à partir d'huiles de menthe ou de
manière synthétique, dilate les vaisseaux
sanguins et induit ainsi une sensation
de froid suivie d'un effet analgésique. Le
menthol se lie au récepteur TRPM8, qui
appartient à la même famille TRP que le
récepteur à la capsaïcine. Le camphre est
une huile essentielle soluble dans l'alcool
qui contient des terpènes. Il provoque
une sensation de chaleur suivie d'une
légère anesthésie. Il est utilisé depuis
déjà de nombreuses années dans des
produits locaux avec une concentration
de 2 à 20%. Il active un autre membre
de la famille TRP, à savoir TRPV3. Récem-
ment, il a été démontré que le camphre
peut activer le récepteur à la capsaïcine
TRPV1, tandis que le menthol peut éga-
lement activer le récepteur au camphre
TRPV3. Les experts concluent que l'ap-
plication de camphre, de menthol ou de
zinc, en combinaison avec d'autres trai-
tements topiques ou systémiques, peut
être recommandée à court terme en cas
de prurit chronique.
INHIBITEURS DE LA DÉGRANULA-
TION MASTOCYTAIRE
Les experts concluent que les preuves
cliniques sont trop limitées pour pouvoir
recommander l'utilisation d'inhibiteurs
topiques de la dégranulation mastocy-
taire pour le prurit chronique.
TRAITEMENTS SYSTÉMIQUES
ANTIHISTAMINIQUES
Les antihistaminiques sont de loin les
médicaments antipruritiques systé-
miques les plus utilisés en dermatologie.
La plupart d'entre eux font partie du
groupe H1. Ceux de première génération,
tels que la chlorphéniramine, la clémas-
tine, la cyproheptadine, la diphenydra-
mine, l'hydroxyzine et la prométhazine,
se lient au récepteur H1, mais aussi aux
récepteurs muscariniques, alpha-adré-
nergiques, dopaminergiques ou sérotoni-
nergiques, et ont un effet sédatif central.
Ceux de deuxième génération, comme la
cétirizine, la lévocétirizine, la loratadine,
la desloratadine, l'ébastine, la fexoféna-
dine et la rupatadine, ont une activité
minimale sur les récepteurs non hista-
miniques et un effet sédatif très léger,
et agissent plus longtemps que ceux de
première génération.
Les antihistaminiques H1 non sédatifs
réduisent efficacement le prurit dans les
affections associées à une dégranulation
mastocytaire accrue, comme l'urticaire
ou la mastocytose. Les doses utilisées
sont nettement plus élevées que celles
recommandées sur la notice. L'augmen-
tation des doses de ces antihistami-
niques de deuxième génération a pour
effet d'amplifier leurs effets secondaires
soporifiques (4). Une étude récente
suggère que l'augmentation des doses
d'antihistaminiques aurait également un
effet positif dans le cadre du prurit chro-
nique (5). La place des antihistaminiques
H1 dans le traitement du prurit en cas de
dermatite atopique fait toujours l'objet
Par l'expérience clinique,
nous savons que les
glucocorticostéroïdes
topiques peuvent être
efficaces si le prurit est
la conséquence d'une
dermatose inflammatoire.
En revanche, en l'absence de
dermatose inflammatoire,
leur utilisation n'est pas
indiquée.