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Vol 16
N°1
2013
31
THALIDOMIDE
Concernant l'action antipruritique du
thalidomide, différents mécanismes ont
été avancés, comme un effet inhibiteur
central, un effet local sur le tissu nerveux
proliférant dans le prurigo nodulaire et
une action anti-TNF-a. Les meilleurs ré-
sultats obtenus avec le thalidomide pour
le prurit chronique ont été observés chez
des patients souffrant de prurigo nodu-
laire. Plusieurs études ont montré une
réduction rapide du prurit avec des doses
allant de 50 à 300mg/j (12). Une étude
prospective ouverte réalisée avec 100mg
de thalidomide par jour, suivis d'une
photothérapie UVB TL01, a donné de très
bons résultats avec des effets secondaires
minimes (13). De bons résultats ont éga-
lement été rapportés pour des patients
VIH souffrant de prurigo nodulaire. Dans
une étude comparative randomisée en
double aveugle, le thalidomide a fourni
d'excellents résultats pour les déman-
geaisons associées à l'insuffisance rénale
chronique (14). Cela dit, il ne faut jamais
perdre de vue que le thalidomide est
tératogène et qu'il existe un risque dose-
dépendant de neuropathie, en particulier
lorsqu'il est administré à hautes doses
(> 100mg/j). Les experts concluent que,
malgré les preuves existantes concernant
l'effet antipruritique, le thalidomide ne
peut pas être recommandé pour le trai-
tement de prurit chronique en raison de
ses effets secondaires connus.
ANTAGONISTES DES RÉCEPTEURS
AUX LEUCOTRIÈNES ET INHIBITEURS
DU TNF-a
Les antagonistes des récepteurs aux leu-
cotriènes, comme le montélukast, et les
inhibiteurs du TNF-a ont une influence sur
la pathogenèse de la dermatite atopique.
L'utilisation du montélukast, y compris en
combinaison avec des histaminiques, a fait
l'objet de différentes études dans le cadre
du traitement de plusieurs types d'urti-
caire. La combinaison antihistaminiques
H1 + antagonistes des récepteurs aux
leucotriènes peut réduire les démangeai-
sons chez les patients souffrant d'urticaire
chronique. Dans leur recommandation, les
experts indiquent qu'au vu du manque
de données disponibles concernant les
preuves, les antagonistes des récepteurs
aux leucotriènes et les inhibiteurs du
TNF-a ne peuvent pas être recommandés
pour le traitement du prurit chronique.
CICLOSPORINE
Des études contrôlées en double
aveugle ont montré clairement que la
ciclosporine réduit les démangeaisons
en cas de dermatite atopique. La ciclo-
sporine A est également utilisée pour le
traitement du prurigo nodulaire, avec
des doses comprises entre 3 et 4,5mg/
kg/j. Dans une étude, une amélioration
a été constatée, tant au niveau du prurit
que des lésions cutanées, après 2 se-
maines de traitement (15). L'action de
la ciclosporine sur le prurit associé à ces
maladies est logiquement attribuée à
ses effets immunologiques. Toutefois, il
ne faut pas négliger les effets directs sur
les terminaisons nerveuses, étant donné
les bons résultats obtenus dans cer-
taines affections non immunologiques
comme le prurit sénile (16). Les experts
concluent dès lors que la ciclosporine
peut être recommandée pour le traite-
ment du prurit chronique en cas de der-
matite atopique et de prurigo nodulaire.
UV-THÉRAPIE
L'UV-thérapie est un traitement ac-
cepté pour le prurit et fait appel tant
aux UVA qu'aux UVB. Des données
sont disponibles concernant les UVB à
large spectre, les UVB à spectre étroit,
les UVA à large spectre et les UVA1.
Les dermatoses inflammatoires, carac-
térisées par un prurit, réagissent bien
aux différentes UV-thérapies. En cas de
dermatite atopique, la photothérapie
semble avoir davantage un effet local
que systémique: lorsque la moitié du
corps était traitée par UVB et l'autre
moitié n'était pas traitée, seule la par-
tie traitée présentait une amélioration.
Dans un essai randomisé contrôlé sur
le traitement du prurigo, des résultats
positifs ont été obtenus avec la PUVA,
les UVA1 et les UVB à spectre étroit,
la PUVA et les UVA1 étant toutefois
supérieurs aux UVB à spectre étroit
(17). Différentes études ont également
démontré l'efficacité de l'UV-théra-
pie dans le traitement de nombreuses
autres affections cutanées, comme le
lichen plan, l'urticaire solaire, l'urti-
caire idiopathique chronique et l'urti-
caire pigmentaire. On part du principe
que dans les affections inflammatoires
pruritiques, les démangeaisons peuvent
être réduites par inhibition de média-
teurs pro-inflammatoires et induction
de facteurs immunosuppresseurs anti-
inflammatoires. Les UVB agissent es-
sentiellement sur les kératinocytes épi-
dermiques et les cellules de Langerhans,
étant donné leur pénétration limitée
dans la peau. Les UVA peuvent, quant à
eux, atteindre le derme et agir ainsi sur
les lymphocytes T, les mastocytes et les
cellules dendritiques dermiques.
L'efficacité de l'UV-thérapie est mani-
feste dans le traitement du prurit asso-
cié à l'insuffisance rénale chronique.
Seuls, les UVA n'ont aucune utilité. En
revanche, la combinaison UVA/UVB est
efficace. Les UVB à large spectre sont
eux aussi efficaces dans le traitement
du prurit lié à l'insuffisance rénale
chronique. Il convient de signaler que
malgré le fait qu'une seule moitié du
corps ait été traitée, une améliora-
tion a été constatée sur l'ensemble du
corps, ce qui suggère un effet antipruri-
tique systémique. Des études récentes
ont par ailleurs démontré l'efficacité
des UVB à spectre étroit dans le traite-
ment du prurit associé à l'insuffisance
rénale chronique (18). Dans une autre
étude, par contre, les UVB à spectre
étroit se sont révélés inefficaces (19).
Les UVB à spectre étroit fournissent de
bons résultats dans le traitement de
la maladie de Vaquez, de même que la
balnéopuvathérapie et la PUVA systé-
mique pour le prurit aquagénique. Ré-
cemment, une amélioration du prurit
aquagénique à la suite d'un traitement
par UVB à spectre étroit a également
été décrite chez 2 patients. Dans une
étude ouverte incluant 21 patients
atteints du VIH, le traitement par UVB
a permis une amélioration significative
du prurit (20).
Les experts concluent que
l'UV-thérapie a un rôle à
jouer dans le traitement du
prurit chronique. Le choix
du type de traitement par
UV dépend de la pathologie
sous-jacente.