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Skin
Vol 16
N°1
2013
16
accède plus que difficilement avec sa
main, il recommence à s'arracher les che-
veux à partir du point de départ central
(1). Outre le crâne, on peut aussi obser-
ver une atteinte des cils et des sourcils.
Certains adultes s'arrachent également
les poils du pubis et des aisselles. Chez
les enfants, la perte de cheveux peut être
plus prononcée du côté de la main domi-
nante.
Les patients souffrant de TTM, en par-
ticulier les adultes atteints de formes
plus sévères, éprouvent généralement
un sentiment d'infériorité et de honte
vis-à-vis de leur entourage. Leurs per-
formances scolaires et professionnelles
sont moins bonnes et ils aspirent moins
à faire carrière (3). La plupart du temps,
ils n'avouent pas à leurs proches qu'ils
s'arrachent les cheveux (1). Aussi, ils
font preuve de créativité pour tenter de
camoufler les zones dégarnies à l'aide de
toutes sortes de subterfuges, par exemple
en se coupant les cheveux d'une certaine
manière ou en portant des postiches ou
des bandanas. Souvent, ils ne recherchent
l'aide nécessaire qu'après une longue
période pendant laquelle ils ont évité les
rendez-vous personnels, les relations in-
times ou certaines activités sportives (1).
Le diagnostic de la TTM est posé via
l'association de l'anamnèse, de l'alopé-
cie caractéristique et éventuellement
de l'histologie. Le diagnostic différentiel
avec l'alopécie en aires peut être com-
pliqué, dans la mesure où les patients
n'avouent pas toujours qu'ils s'arrachent
les cheveux. L'absence de zone initiale
entièrement dégarnie est un signe sug-
gérant une TTM. En cas de doute, il est
Sur la base de ma propre expérience, j'estime aussi que la méthode de l'inversion des habitudes
représente une approche judicieuse pour les patients chez qui l'arrachage des cheveux se fait de
manière automatique. La première patiente (Figure 2), qui m'a été envoyée par le Dr Pintens,
était une jeune femme qui avait commencé à s'arracher les cheveux après une période de stress.
L'apprentissage de techniques de relaxation et la méthode de l'inversion des habitudes ont consti-
tué la stratégie employée dans son cas. La figure 3 montre l'amélioration à l'issue du traite-
ment (4 séances). Les figures 4 et 5 illustrent l'évolution d'un jeune garçon de 12 ans, dont le
cas m'a été soumis par le Dr De Pauw. Ce patient avait développé une TTM à la suite d'un eczéma
prurigineux sur le crâne qu'il grattait souvent et s'arrachait les cheveux inconsciemment. Ici aus-
si, une combinaison de techniques de relaxation et d'inversion des habitudes a été employée.
Le patient souffrant de stress scolaire, nous avons ici travaillé en collaboration avec le psychologue de
l'école. Après une amélioration spectaculaire, le garçon est actuellement à nouveau sous traitement
en raison d'une récidive limitée.
PRISE EN CHARGE VIA LA MÉTHODE DE L'INVERSION DES HABITUDES
Cette approche comporte plusieurs étapes. Une première phase importante consiste à tenir un journal
dans le but de favoriser la prise de conscience des facteurs déclenchants. Le patient a pour mission de
consigner chaque jour les moments où il s'est arraché les cheveux, ce qu'il faisait et où il se trouvait
à ces instants précis, le geste qui a précédé l'arrachage, ainsi que ses pensées et sentiments. De cette
manière, on essaie d'identifier les facteurs qui déclenchent la pulsion. Un patient peut par exemple
remarquer qu'il se touche toujours le menton avant de porter sa main en direction de ses cheveux ou
prendre conscience qu'il s'arrache les cheveux lorsqu'il est en voiture, devant le PC, etc. La deuxième
étape consiste à rechercher des mesures préventives, par exemple veiller à garder les deux mains sur
le volant de la voiture. Lors d'une troisième phase, on recherche un mouvement du doigt ou de la main
qui peut servir d'alternative au geste d'arrachage. Le patient peut ainsi prendre l'habitude de serrer le
poing lorsqu'il ressent l'envie de s'arracher les cheveux, ce qui l'empêche de le faire. L'apprentissage de
techniques de relaxation s'inscrit également dans le cadre de la méthode de l'inversion des habitudes.
PRISE EN CHARGE VIA L'HYPNOTHÉRAPIE
Une approche judicieuse selon moi consiste à proposer aux enfants d'imaginer aller voir les nouveaux
cheveux qui poussent sous la peau de leur crâne et à leur demander ce qu'ils peuvent faire pour proté-
ger ces petites pousses qui souhaitent se développer et devenir grandes comme eux. Un petit garçon
de 6 ans a eu l'idée de faire appel à des avions de guerre (avec lesquels il jouait souvent). Tous les soirs,
dans son lit, il s'imaginait qu'il posait plusieurs avions sur la zone dégarnie à l'arrière de son crâne.
Parfois, c'était des chars d'assaut ou des hélicoptères. Après 5 séances, tout avait repoussé.
Le site www.trich.org fournit des informations utiles pour les patients.
Figure 3: Repousse des cheveux après 4 séances.
Figure 2: Jeune femme avec trichotillomanie sur le vertex,
qui s'arrachait surtout les cheveux de manière inconsciente.