background image
Skin
Vol 16
N°1
2013
41
peu d'alcool, l'arrivée des règles ou tout
autre bouleversement hormonal, la prise
de certains médicaments ou une mala-
die affectant un organe interne peuvent
ainsi avoir des répercussions non négli-
geables sur la réactivité cutanée.
LES CONTACTS CRITIQUES
On dit souvent de ces peaux qu'elles ne
supportent rien. Et quand on dit rien...
un simple rinçage à l'eau peut être en
cause. Tout frottement (même avec
un vêtement), tout contact prolongé
(par exemple avec un bijou), toute
application d'un soin cosmétique ina-
dapté peut devenir pour elles un enfer
de démangeaisons, de picotements et
d'échauffements...
L'INCIDENCE PSYCHOLOGIQUE
80% des affections dermatologiques au-
raient une origine psychique. On oublie
trop souvent à quel point santé de la
peau et équilibre psychologique sont liés.
Ainsi, un coup de stress, un état émotif,
une fatigue passagère ou latente, voire,
selon certains chercheurs, une dévalori-
sation de soi-même, peuvent se traduire
par une sensibilité ou une réactivité exa-
cerbée de la peau. Chez un patient qui
se plaint de sensibilité cutanée, il faut
savoir apprécier la gravité subjective du
trouble fonctionnel et ne pas le banali-
ser. Une écoute attentive et de simples
conseils cosmétiques de bon sens adap-
tés peuvent être suffisants. Il faut éviter
la surenchère thérapeutique. Plus rare-
ment, le trouble fonctionnel va persister
et s'accentuer, et le patient s'installe
alors vraiment dans un statut de malade.
Le trouble fonctionnel «peau sensible»
a, comme les autres troubles fonction-
nels, des signes positifs sur lesquels le
médecin peut s'appuyer et qui le carac-
térisent: il est chronique, augmente tout
au long de la journée, non insomniant,
décrit avec beaucoup de détails. Il peut
être associé à des troubles fonctionnels
d'autres organes. Il peut survenir à la
suite d'un événement de vie éprouvant.
Il est parfois déclenché par une maladie
somatique qui a guéri avant son début!
Tout trouble fonctionnel peut être révé-
lateur d'une humeur dépressive associée
ou non à une anxiété et peut survenir
sur des personnalités diverses. Le der-
matologue appréciera la gravité forcé-
ment subjective de la plainte. Il pourra,
au cours des consultations successives,
préparer la proposition d'une aide psy-
chologique.
PHYSIOPATHOLOGIE DES PEAUX
SENSIBLES
La pathogenèse de la peau sensible n'est
pas encore complètement élucidée. On
constate cependant qu'elle ne concerne
pas qu'une seule condition, mais qu'il
existe différentes catégories de peau sen-
sible, reposant sur différents mécanismes.
La peau sensible apparaît suite à une
réduction du «seuil de tolérance» de la
peau n'impliquant aucun mécanisme
allergique ou immunologique. On note
une altération de la fonction barrière de
la peau, avec une perte insensible en eau
majorée. Ce dysfonctionnement inter-
vient rapidement et entraîne deux consé-
quences: d'une part, une absorption per-
cutanée des substances irritantes, ce qui
conduit à une «irritation sous-clinique».
D'autre part, cela génère également une
action neurosensorielle accrue en raison
d'une protection insuffisante des extré-
mités nerveuses. Une inflammation non
spécifique serait associée à la libération
de IL-1, IL-8, PgE2, PgF2, TNF-alpha.
Histologiquement, on retrouve peu sou-
vent une vasodilatation et un infiltrat
inflammatoire. Le rôle probable du sys-
tème nerveux cutané est désormais mis
en avant. Très nombreuses, les fibres
nerveuses innervent les couches les
La «peau sensible» est une plainte subjective se basant sur
une sensation désagréable, sans signe apparent d'irritation
et sans réaction immunologique. Elle comporte une grande
diversité de réactions individuelles à différents stimuli
sensoriels, dont les mécanismes pathophysiologiques sous-
jacents sont encore obscurs. Il n'existe actuellement encore
aucun consensus international quant à la définition et la
classification et l'on ne dispose pas davantage de test de
diagnostic validé et fiable.