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Vol 16
N°1
2013
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de nombreuses discussions. Les antihis-
taminiques sédatifs d'ancienne généra-
tion sont indéniablement utiles, surtout
pour améliorer le sommeil.
Les antihistaminiques sont également très
souvent utilisés comme médicaments de
première intention pour le traitement du
prurit chronique associé à diverses mala-
dies systémiques, comme l'insuffisance
rénale chronique, la cholestase, les affec-
tions hématopoïétiques et les thyropa-
thies. Il faut également tenir compte du
fait que le dosage conventionnel pour le
prurit ne serait pas efficace en cas d'af-
fections internes. Des récepteurs H2 ont
été identifiés dans la peau humaine, mais
ceux-ci semblent jouer un rôle mineur
dans le prurit et les antihistaminiques H2
seuls n'ont aucun effet antipruritique. Les
résultats concernant la combinaison anti-
histaminiques H1 + H2 sont controversés.
L'association d'antihistaminiques anti-H1
à des antagonistes des leucotriènes peut
permettre une réduction du prurit lié à
l'urticaire chronique.
Selon les experts, les antihistaminiques
sont efficaces dans le traitement du pru-
rit chronique associé à l'urticaire. Ils ont
une certaine valeur dans le traitement
des démangeaisons associées à la der-
matite atopique et du prurit chronique
d'origine diverse. En revanche, il existe
peu de données probantes concernant
l'effet antipruritique des antihistami-
niques non sédatifs dans la dermatite
atopique, la maladie de Vaquez et le
prurit chronique d'origine diverse. C'est
pourquoi les experts recommandent
l'utilisation d'antihistaminiques sédatifs
pour la nuit. L'hydroxyzine est l'option
privilégiée, mais, compte tenu de son ef-
fet sédatif, elle peut être contre-indiquée
chez les patients âgés.
INHIBITEURS DE LA DÉGRANULA-
TION MASTOCYTAIRE
D'après les experts, les données pro-
bantes disponibles sont insuffisantes
pour pouvoir recommander l'utilisation
systémique d'inhibiteurs de la dégranu-
lation mastocytaire pour le traitement
du prurit chronique.
GLUCOCORTICOÏDES
Il n'existe aucune étude sur l'efficacité de
l'utilisation exclusive de glucocorticoïdes
systémiques dans le traitement du pru-
rit chronique. Une diminution rapide des
démangeaisons est surtout observée en
présence d'une importante composante
inflammatoire dans la pathologie. La
prednisone est le corticostéroïde oral le
plus utilisé, avec une dose initiale de 2,5
à 100mg par jour. Généralement, la dose
de départ est de 30 à 40mg par jour. Dans
certains cas exceptionnels, on peut opter
pour une corticothérapie à hautes doses,
allant de 500mg à 1g par jour. Pendant
la phase d'arrêt progressif du traitement,
des corticostéroïdes topiques peuvent
être utilisés. Il convient d'être particu-
lièrement prudent avec l'utilisation des
glucocorticoïdes chez les enfants et les
seniors, ainsi que chez les patients pré-
sentant de sérieux problèmes métabo-
liques, comme les patients diabétiques.
Les experts concluent que des cortico-
stéroïdes systémiques peuvent être uti-
lisés dans les cas très graves de prurit
chronique, mais pas plus de 2 semaines.
GABAPENTINE ET PRÉGABALINE
La gabapentine est un anti-épileptique
qui est également utilisé dans le cadre
de neuropathies causant des douleurs
ou des démangeaisons. Le mécanisme
d'action de la gabapentine, un analogue
structural du neurotransmetteur inhibi-
teur GABA (acide gamma-aminobuty-
rique), n'est toujours pas clair. Elle est
utilisée pour le traitement de la névral-
gie post-herpétique. Des études rando-
misées en double aveugle et contrôlées
contre placebo ont été réalisées avec la
gabapentine pour le traitement du prurit
dans l'insuffisance rénale chronique (6)
et du prurit cholestasique (7). La gaba-
pentine est sûre et efficace pour le trai-
tement du prurit associé à l'insuffisance
rénale chronique (8). La prégabaline
s'apparente à la gabapentine. Il a été dé-
montré qu'elle a un effet antipruritique
significatif chez des patients sous hémo-
dialyse (9). Les experts concluent que la
gabapentine et la prégabaline peuvent
être recommandées pour le traitement
du prurit en cas d'insuffisance rénale
chronique et de prurit chronique d'ori-
gine neuropathique.
ANTIDÉPRESSEURS
On sait que des facteurs psycho-émo-
tionnels peuvent moduler le seuil de
démangeaison. Dans certaines circons-
tances, ils peuvent induire ou amplifier un
prurit chronique. Le prurit est par ailleurs
un facteur de stress connu susceptible de
déclencher des affections psychiatriques
ou un malaise psychologique. Ainsi, envi-
ron 10% des patients souffrant de pru-
rit chronique développent des maladies
dépressives. Il est dès lors logique de trai-
ter les symptômes dépressifs chez ces
patients. De par leur action pharmaco-
logique sur la sérotonine et l'histamine,
certains antidépresseurs ont également
un effet sur les démangeaisons. Des
ISRS comme la paroxétine ont un effet
antipruritique chez les patients souffrant
de la maladie de Vaquez, de prurit psy-
chogène et paranéoplasique et de prurit
chronique idiopathique (10). Des antidé-
presseurs tels que la mirtazépine (11) et
surtout la doxépine sont efficaces en cas
d'urticaire, de dermatite atopique et de
prurit associé au VIH.

Un essai randomisé contrôlé a démon-
tré que la sertraline est efficace dans le
traitement du prurit cholestasique. Ce
traitement doit cependant être utilisé
avec précaution, en particulier chez les
patients âgés, dans la mesure où des ef-
fets secondaires cardiaques sévères ont
été décrits. Un examen psychologique
est recommandé avant de commencer
le traitement, étant donné ses effets sti-
mulants. Dans leur recommandation, les
experts concluent que les ISRS peuvent
être indiqués dans le traitement du prurit
somatoforme, du prurit chronique para-
néoplasique, du prurit chronique idio-
pathique et du prurit cholestatique. La
mirtazapine est indiquée pour le prurit
chronique associé à la dermatite atopique.
ANTAGONISTES DES RÉCEPTEURS
SÉROTONINERGIQUES
Etant donné le rôle pathophysiologique
de la sérotonine dans diverses mala-
dies, comme les affections rénales et
hépatiques, on a essayé dans un certain
nombre de cas de traiter le prurit au
moyen d'antagonistes des récepteurs
sérotoninergiques du type 5-HT3 tels
que l'ondansétron, le tropisétron et le
granisétron. Les données d'étude rela-
tives à ces traitements n'étant pas una-
nimes, les experts concluent que, faute
d'arguments probants, ces molécules ne
peuvent pas être recommandées pour le
traitement du prurit chronique.