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Skin
Vol 16
N°1
2013
34
sion génito-digitale (maladie de Bowen
et CE invasifs), en particulier le sérotype
16, retrouvé dans 74% des cas (Figure
1
). D'autres sérotypes ont été mis en
évidence: 2, 11, 18, 26, 31, 34, 45, 56, 58
et 73 (3, 4). Le risque de développer un
CE (agressif ou multiple) lié au HPV n'est
pas corrélé au statut immunitaire. Les CE
associés ou non au HPV ont un taux de
métastase équivalent (2-3%) (3).
La présentation clinique est très protéi-
forme, ce qui explique le retard diagnos-
tique. Dans 33% des cas, les tumeurs
évoquent une verrue périunguéale (Figure
2
) et ont reçu de nombreux traitements
physiques ou chimiques avant que le dia-
gnostic correct ne soit posé (3, 5). Parmi
les autres présentations, il faut retenir la
forme à type de mélanonychie longitu-
dinale (6) (Figure 3), de pseudo-fibroké-
ratome avec pigmentation péri-unguéale
(7), d'onychomatricome (8), d'érythro-
nychie (9) ou d'onycholyse suintante (10)
(Figure 4)
.
Seule la biopsie pose le dia-
gnostic formel. Sa réalisation tardive dé-
couvre parfois un CE à un stade infiltrant.
PRISE EN CHARGE THÉRAPEUTIQUE
Un traitement conservateur est pré-
conisé pour les CE unguéaux in situ ou
micro-invasifs. Une excision chirurgicale
avec contrôle histologique des marges
de résection est recommandée: la pièce
excisée, parfaitement orientée, est adres-
sée au pathologiste et la plaie opératoire
maintenue sous pansement gras quoti-
dien. Si nécessaire, une reprise chirurgi-
cale complémentaire est réalisée et la
fermeture peut se faire par seconde in-
tention ou à l'aide d'une greffe cutanée
(10, 11). La réelle technique de «Mohs»*
est difficile à réaliser à l'appareil unguéal
pour des raisons anatomiques (derme
quasi inexistant sous la tablette et cour-
bure à la fois transversale et longitudi-
nale de l'appareil unguéal) (12). Une ra-
diographie pré-opératoire permet de re-
pérer les atteintes osseuses qui seraient
observées dans 20% des cas et pour les-
quelles l'amputation distale s'impose (3).
Dans tous les cas, un suivi à long terme
est indispensable afin de surveiller l'ap-
parition d'une éventuelle récidive tumo-
rale. En effet, ce risque est évalué à 56%
après une chirurgie de Mohs (12), ce qui
pourrait s'expliquer par la persistance de
papillomavirus en bordure des plans de
résection libres de tumeur (13).
LE MÉLANOME DE L'APPAREIL
UNGUÉAL
CONSIDÉRATIONS CLINIQUES
Le mélanome de l'appareil unguéal
(MAU) représente environ 1% de tous
les mélanomes cutanés. Son incidence
est estimée à 0,1/100.000 par an (14).
Les sujets d'origine africaine et d'ori-
gine asiatique sont plus fréquemment
atteints que les individus de type cau-
casien (15). L'âge moyen de survenue
se situe entre la 6
e
et la 7
e
décennie. Le
MAU reste un diagnostic exceptionnel
chez l'enfant,
avec uniquement 13 cas
décrits
(16).
Le MAU peut toucher la ma-
trice unguéale, mais aussi le lit et/ou les
replis unguéaux (17). Le gros orteil et le
pouce sont les cibles les plus fréquentes
(18). Les facteurs étiologiques sont mal
connus. La tablette unguéale est une bar-
rière aux ultraviolets (19)
et la responsa-
bilité du traumatisme n'a jamais pu être
démontrée (20).
Figure 1: Carcinome épidermoide in situ. Jeune patiente longtemps traitée pour une verrue.
Notez le débordement pigmentaire. Dans les antécédents, on retrouvait une conisation.
Figure 2: L'aspect verruqueux est l'image trompeuse la plus fréquente du carcinome
épidermoïde de l'appareil unguéal.
Figure 3: Maladie de Bowen: mélanonychie longitudinale latérale associée à une discrète
hyperkératose.