background image
Skin
Vol 16
N°1
2013
28
des produits permettant de soula-
ger les symptômes, surtout la nuit,
comme des crèmes et des lotions
à base de camphre, de menthol ou
de polidocanol;
-
dans les cas très chroniques, on
peut envisager des techniques de
relaxation et des séances d'éduca-
tion, qui permettent aux patients
d'apprendre à gérer le cercle vi-
cieux démangeaisons/grattage.
TRAITEMENT CAUSAL
Le meilleur des scénarios est naturel-
lement celui dans lequel le problème
de prurit chronique peut être résolu en
traitant la pathologie sous-jacente. Dans
ce cas, l'arrêt de la médication en cause,
un traitement interniste, neurologique
ou psychiatrique spécifique, la résec-
tion d'une tumeur ou la transplantion
d'organes, le fait d'éviter les allergènes
provoquant des allergies de contact ou
des traitements spécifiques pour les
dermatoses sous-jacentes permettront
une amélioration rapide du problème de
démangeaisons. Dans certains cas, des
traitements spécifiques permettent de
soulager le prurit même si la pathologie
sous-jacente n'est pas traitée.
Ces traitements spécifiques agissent
alors sur la pathogenèse connue ou
présumée du prurit dans ces affections
sous-jacentes, comme l'insuffisance
rénale chronique, le prurit cholestatique
et hépatique, ainsi que la dermatite ato-
pique. Lors du choix du traitement, il
faut toujours tenir compte du niveau de
preuve du traitement, des effets secon-
daires, des aspects pratiques, des coûts
et des facteurs individuels tels que l'âge
du patient.
TRAITEMENT SYMPTOMATIQUE
Si l'on opte pour un traitement symp-
tomatique du prurit chronique, il est
possible de travailler en plusieurs étapes.
Lors de la première phase de ce plan par
étapes, on conseille au patient, outre
de respecter les mesures générales
déjà abordées plus haut (en particulier,
l'utilisation de produits hydratants),
d'utiliser des antihistamiques H1 systé-
miques et des corticoïdes topiques. La
2
e
étape consiste à prescrire un traite-
ment symptomatique, mais adapté aux
causes potentielles du problème. Pour la
3
e
étape, c'est-à-dire lorsque la cause du
problème n'est pas connue ou lorsque
le patient ne répond pas au traitement
prescrit à l'étape 2, de nombreux traite-
ments symptomatiques, topiques et/ou
systémiques peuvent être utilisés (ceux-
ci seront abordés plus en détail dans la
suite de cet article). Parmi les autres
mesures pouvant également être mises
en oeuvre, citons les suivantes: en cas
de troubles du sommeil, on peut opter
pour des antihistaminiques H1 sédatifs,
des tranquillisants, des neuroleptiques
ou des antidépresseurs tricycliques et
des traitements psychosomatiques, et
en présence de lésions érosives dues au
grattage, on peut utiliser un traitement
antiseptique en combinaison avec des
corticoïdes topiques.
Les différentes possibilités de traitement
topique et systémique sont présentées
ci-après, avec à chaque fois l'avis des
experts tel que repris dans la directive
européenne. Enfin, l'article se termine
par une section abordant les divers trai-
tements possibles pour certaines indica-
tions spécifiques.
TRAITEMENTS SYMPTOMA-
TIQUES TOPIQUES
ANESTHÉSIQUES LOCAUX
Les anesthésiques locaux agissent par le
biais de différents groupes de récepteurs
cutanés. Ils peuvent être utilisés pour lut-
ter contre la douleur, la dysesthésie et le
prurit. La benzocaïne, la lidocaïne, la pra-
moxine, ainsi qu'un mélange à base de
prilocaïne et de lidocaïne sont fréquem-
ment utilisés, mais n'ont qu'un effet de
courte durée. C'est une option thérapeu-
tique à part entière pour les formes loca-
lisées de prurit, comme en cas de notal-
gie paresthésique. Si le prurit touche de
grandes surfaces cutanées, on propose
du polidocanol 2 à 10%, éventuelle-
ment en combinaison avec 3% d'urée. Il
convient de signaler qu'aucune étude cli-
nique contrôlée n'a été réalisée concer-
nant l'effet antiprurit des anesthésiques
locaux. La recommandation des experts
dans la directive européenne classe l'uti-
lisation d'anesthésiques locaux topiques
dans la catégorie des traitements addi-
tionnels de courte durée. Le risque de
sensibilisation est jugé faible.
GLUCOCORTICOSTÉROÏDES
Par l'expérience clinique, nous savons
que les glucocorticostéroïdes topiques
peuvent être efficaces si le prurit est la
conséquence d'une dermatose inflam-
matoire. En revanche, en l'absence de
dermatose inflammatoire, leur utilisa-
tion n'est pas indiquée. Dans ce cas, on
privilégie des produits avec un profil
d'effets secondaires favorable, comme
le propionate de fluticasone, l'acéponate
de méthylprednisolone ou le furoate de
mométasone. La recommandation des
experts met l'accent sur la présence
d'une dermatose inflammatoire et la né-
cessité d'éviter une utilisation prolongée.
CAPSAÏCINE
Cet antidouleur active les fibres sensi-
tives C afin de libérer des neurotrans-
metteurs qui induisent un érythème et
une sensation de brûlure dose-dépen-
dants. Après plusieurs applications de
capsaïcine, l'effet de brûlure s'estompe
par tachyphylaxie et rétraction des fibres
nerveuses épidermiques. Le prurit réci-
dive toutefois quelques semaines après
l'arrêt du traitement, ce qui s'explique
par l'absence de dégénération perma-
nente de ces fibres nerveuses. Plus la dose
initiale de capsaïcine est élevée et plus
les applications sont fréquentes, plus le
prurit disparaîtra rapidement. La sensa-
tion initiale de brûlure est sans conteste
un effet secondaire de l'application to-
pique de capsaïcine. Elle peut cependant
être réduite en rafraîchissant la peau. La
toux ou les éternuements après l'inhala-
tion de capsaïcine constituent un effet
secondaire beaucoup moins fréquent. En
cas de faible observance thérapeutique,
on peut opter pour une concentration in-
Le meilleur des scénarios
est naturellement celui dans
lequel le problème de prurit
chronique peut être résolu
en traitant la pathologie
sous-jacente.