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Vol 16
N°1
2013
14
LES PATIENTS QUI
S'ARRACHENT LES CHEVEUX
CONSTITUENT UN GROUPE
HÉTÉROGÈNE
Globalement, on peut distinguer deux
sous-groupes de patients trichotillo-
manes (1, 2). Le plus grand se compose
d'enfants de 6 à 12 ans qui développent
une forme limitée de la maladie. Le deu-
xième groupe, plus petit, englobe des
adolescents et des jeunes adultes. Ceux-
ci présentent généralement une forme
plus sévère et plus étendue de tricho-
tillomanie (TTM) (1). Bien que certains
auteurs considèrent les formes infantile
et adulte de la TTM comme deux entités
distinctes, la situation n'est pas claire,
dans la mesure où certains patients
présentent des formes mixtes de la
maladie (1).
Certains patients développent l'étrange
habitude de mâcher et puis d'avaler les
cheveux qu'ils s'arrachent (2), une pra-
tique qui peut donner lieu à la forma-
tion d'un égagropile ou bézoard. Celui-ci
grandit progressivement et cause alors
des maux de ventre, des nausées et des
vomissements (2). Phénomène rare, le
syndrome de Raiponce* se caractérise
par la formation d'un bézoard gastrique
qui s'étend jusque dans l'intestin et cause
une obstruction intestinale ou une perfo-
ration (2). Une pancréatite a également
été décrite comme complication (1).
ARRACHAGE DES CHEVEUX:
AUTOMATISME OU OBSESSION?
Les raisons qui poussent les gens à s'ar-
racher les cheveux peuvent aussi être
très diverses. La plupart des enfants,
mais aussi certains adultes, souffrant de
TTM s'arrachent les cheveux de manière
automatique pendant qu'ils font autre
chose, par exemple lorsqu'ils lisent, re-
gardent la télévision ou se concentrent
sur l'ordinateur. Ces enfants peuvent
également présenter d'autres tics,
comme le fait de se ronger les ongles
ou de sucer son pouce. L'arrachage
se fait surtout inconsciemment, mais
peut toutefois constituer une réaction
à des événements stressants dans l'en-
ceinte familiale ou scolaire. Les enfants
peuvent par exemple être un peu an-
goissés à la suite d'un déménagement
ou d'un divorce, ou être confrontés à
des difficultés d'apprentissage. Par rap-
port aux patients adultes souffrant de
TTM, les problèmes émotionnels asso-
ciés sont beaucoup moins prononcés
chez ces enfants (1, 2).
DOSSIER: CHEVEUX
Trichotillomanie: quand
s'arracher les cheveux
devient une obsession
Ria Willemsen
Meise
L
es personnes souffrant de trichotillomanie consultent essentiellement des
dermatologues, alors qu'en fait, il s'agit d'un trouble psychiatrique. Récem-
ment, les données scientifiques relatives à cette maladie, qui semblait jusque-là
quelque peu négligée, se sont étoffées. Celles-ci laissent penser que l'arrachage
compulsif des cheveux touche plus de monde que ce que l'on pensait initia-
lement. La plupart des jeunes enfants en proie à ce trouble développent une
forme limitée de la maladie, associée à un pronostic favorable, tandis que les
patients adultes qui consultent pour un problème de trichotillomanie présentent
généralement une forme étendue. Chez ces derniers, l'arrachage des cheveux a
davantage un caractère obsessionnel, est associé à une psychopathologie sous-
jacente et constitue un problème chronique. Il est indiqué de distinguer la tricho-
tillomanie d'autres formes de chute des cheveux. Diverses approches permettent
d'influencer positivement l'évolution de ce trouble compulsif. Des études rando-
misées à plus grande échelle sont nécessaires.
S1
1
64F