![]() soigneusement incrustés a vu le jour. Cette relique était portée contre le corps afin de garder une part de l'autre auprès de soi, une pratique qui illustre bien le romantisme de cette époque. L'exposi- tion foisonne d'exemples à ce sujet. Lors de son exécution en 1793, le roi Louis XVI a ainsi confié les cheveux de toute sa famille à son fidèle compagnon de cellule. Par la suite, ces cheveux ont été incrustés dans des bijoux et même dans un portrait. Au 19 progressivement répandue en Angle- terre et a ensuite aussi gagné la France. Ce phénomène de mode a peu à peu disparu à partir de la Première Guerre mondiale. Les cheveux peuvent également tomber par vieillesse. La figure 4 montre la pho- to d'une vieille femme avec les cheveux très clairsemés, à qui il ne reste plus que quelques mèches. Cette photo émou- vante a été prise en 1983 par Nicholas Nixon, qui travaillait comme bénévole dans une maison de repos de Boston, mais aurait préféré devenir photographe. C'est la raison pour laquelle il a commen- cé à photographier les personnes âgées. Il décrit son travail comme quelque chose de tout à fait ordinaire: les gens finissent par vieillir et mourir. INSTRUMENT DE POUVOIR tique selon moi, est consacré à «L'UTI- LISATION DES CHEVEUX COMME INS- TRUMENT DE POUVOIR». Pour les ama- teurs de belles choses, cette partie est la plus intéressante de l'expo. J'ai eu un peu de mal à photographier les objets, car la plupart d'entre eux se trouvaient dans des vitrines. La figure 5 montre trois capes en feutre d'origine chinoise, datant du début du 20 cheveux humains y ont également été incorporés afin de rendre la matière plus dense et moins perméable. Trois fois par jour, les femmes récupéraient tous les cheveux sur leur peigne et les apportaient à leur maître. En Chine, le fait de pou- voir porter ce type de feutre était perçu comme un signe de prospérité. ennemis entraient également dans la composition de toutes sortes d'objets. Ainsi, les chefs de certaines tribus in- diennes, comme les Sioux, faisaient coudre sur leur tunique, en signe de bra- voure, les cheveux des ennemis qu'ils d'objets, il était intéressant de vaincre des jeunes femmes, car ce sont elles qui possédaient les plus belles chevelures, mais aussi les plus longues. Des pouvoirs magiques ont parfois aussi été attribués aux cheveux. Ils peuvent ainsi être uti- lisés pour renforcer les liens entre les vivants et les ancêtres décédés. Dans la mesure où les cheveux ne se décom- posent pas et peuvent même continuer à pousser après la mort, certaines tribus sont convaincues qu'ils constituent le portail entre la vie et la mort. Les che- veux peuvent également être considé- rés comme un trophée symbolisant la victoire sur l'ennemi. C'est dans cette optique que les Indiens scalpaient leurs adversaires en prélevant leur cuir cheve- lu et leurs cheveux. Lorsqu'ils arrêtaient un ennemi, ils pratiquaient une inci- sion circulaire sur son crâne et lui arra- chaient le cuir chevelu. Le scalp devait ensuite être soigneusement préparé. Les cheveux récupérés étaient souvent très longs, car beaucoup de tribus indiennes ne se les coupaient pas. D'autres tribus comme les Jivaros utilisaient des crânes entiers pour fabriquer leurs trophées. Par le biais d'un long rituel incluant toute une série de manipulations méti- culeuses, ils réduisaient l'ensemble du crâne à la taille d'un poing au moyen d'une technique d'extraction. Ces têtes réduites étaient appelées tsantsas. Les Munduruku (Brésil) tranchaient les têtes de leurs ennemis, mais également celles de leurs compagnons d'armes tombés pendant la bataille (Figure 6). Le fait de posséder ce genre de trophée leur conférait un certain nombre d'avan- tages, parmi lesquels une pension pen- dant 4 ans. Ces têtes étaient intégrées dans les vêtements du chaman et des guerriers. Au Nigéria aussi, on fabriquait des masques à partir de crânes humains, appartenant probablement à des enne- mis ou à des esclaves, qui étaient en- suite recouverts de peau de bête. Ces masques étaient utilisés lors de rituels funéraires et d'initiation. |