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Vol 16
N°1
2013
18
LA FRIVOLITÉ
La première partie, consacrée à la «FRI-
VOLITE», nous montre comment la che-
velure a servi au fil des siècles à s'identi-
fier à une classe sociale et à des groupes
spécifiques, ou au contraire à s'en distin-
guer. Les cheveux peuvent être mis au
service de l'ordre social, mais aussi de la
protestation, notamment en les laissant
pousser ou en les rasant de près. Les coif-
fures ont toujours été un phénomène de
mode. Ainsi, au 19
e
et au début du 20
e
siècle, il n'était pas courant de porter des
cheveux longs détachés en dehors de la
sphère intime. A cette époque, les dames
issues des classes aisées rivalisaient
d'ingéniosité pour s'attacher les cheveux
afin de se rendre dans les lieux publics. En
Afrique, une coiffure spécifique constitue
toujours un signe témoignant du statut
social ou de l'appartenance à une cer-
taine tribu. Le photographe J.D. `Okhai
Ojeikere a immortalisé une série de
coiffures sophistiquées nigérianes, dont
certaines sont déjà très anciennes. Véri-
tables oeuvres d'art, ces coiffures ne sont
réalisées que par des coiffeurs spécialisés,
souvent à l'occasion de réjouissances.
Dans le quartier parisien «Château
d'eau», le nombre de salons de coiffure
pour Africains ne cesserait d'augmenter.
Les cheveux sont également associés au
charme et à la séduction, une théma-
tique qui a inspiré les artistes de tout
temps. Ainsi, Ophélie, l'un des person-
nages de Hamlet de Shakespeare, est
souvent représentée avec de très longs
cheveux hirsutes dans lesquels sont plan-
tées des fleurs. Le désordre dans ses che-
veux symbolise son déséquilibre mental,
sa folie. Ophélie a en effet sombré dans
la démence à la mort de son père, avant
de finalement se suicider. L'Aurore est
une sculpture en marbre blanc-rose. Elle
représente une jeune-fille qui s'éveille
et relève son abondante chevelure, qui
la recouvre tel un manteau (Figure 1).
Cette statue serait une allégorie sym-
bolisant l'aube, cette lumière blanc-rose
qui précède le crépuscule du matin. Plus
tard, elle serait devenue une métaphore
de la France qui se réveille à l'aube de la
victoire.
DOSSIER: CHEVEUX
«Cheveux chéris»:
les cheveux comme trophée
ou moyen de séduction
Ria Willemsen
Meise
P
endant encore quelques mois, le Musée du quai Branly continuera d'accueillir
l'exposition passionnante consacrée aux cheveux humains, à leur signification
et à leur histoire culturelle. Le musée en soi vaut déjà vraiment le détour. Situé
en bord de Seine, au pied de la Tour Eiffel, il vous plonge directement dans l'am-
biance parisienne. La collection permanente comprend de magnifiques oeuvres
d'art étrangères en provenance d'Afrique, d'Océanie et d'Amérique centrale. Cer-
tains de ces chefs-d'oeuvre d'art ancien ont servi pour l'exposition temporaire
actuelle «Cheveux chéris», laquelle s'articule autour de 3 thèmes fondamentaux,
à savoir la frivolité, la perte et le pouvoir.
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Figure 1: L'Aurore, statue de Denis Pierre
Puech, 1900, avec, à l'arrière-plan, des
photos de coiffures nigérianes prises par le
photographe J.D. Okhai Ojeikere.