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Vol 16
N°1
2013
33
INTRODUCTION
La présentation clinique des tumeurs
malignes de l'appareil unguéal est très
protéiforme. Au contraire des tumeurs
bénignes qui respectent l'architecture de
l'appareil unguéal, les tumeurs malignes
sont mal limitées et destructrices. Elles
prennent parfois l'aspect trompeur d'une
lésion bénigne (verrue vulgaire, infection
chronique) ou d'une manifestation non
spécifique comme une dystrophie de la
tablette ou un suintement. Le carcinome
épidermoïde est la tumeur maligne la
plus fréquente de l'appareil unguéal, sui-
vie du mélanome et du carcinome baso-
cellulaire, ce dernier restant un diagnos-
tic rarissime, à l'inverse du pôle cutané.
Compte tenu des particularités anato-
miques de l'appareil unguéal, les tumeurs
malignes qui s'y développent nécessitent
une prise en charge spécifique.
LA MALADIE DE BOWEN (CE IN
SITU
) ET LE CE INFILTRANT
CONSIDÉRATIONS CLINIQUES
C'est la tumeur maligne la plus fréquente
de l'appareil unguéal. Contrairement à ce
qui s'observe sur le versant cutané, elle
est peu agressive, de longue évolution et
ne donne que très rarement des métas-
tases. Elle se rencontre à tout âge, mais
le pic de fréquence se situe entre 50 et
69 ans. Ce sont les ongles des mains qui
sont le plus souvent touchés, en particu-
lier le pouce, puis l'index et le majeur (1).
L'atteinte est essentiellement monodac-
tylique, mais des formes polydactyliques
plus rares ont été décrites (2).
L'exposition aux rayons X, l'arsenic, les
pesticides, les traumatismes, le pério-
nyxis chronique, la dyskératose congéni-
tale et les papillomavirus humains (HPV)
génitaux oncogènes ont été incriminés
comme facteurs causals (1, 2). Un anté-
cédent de pathologie génitale associée
au HPV est fréquemment retrouvé (ver-
rues génitales, dysplasie ou cancer du
col ou de la région anogénitale) ou un
antécédent similaire chez le partenaire
sexuel. Il a été démontré que les HPV
génitaux interviennent dans la cancéro-
genèse dans 60% des CE par transmis-
Prise en charge des
tumeurs malignes de
l'appareil unguéal
Marie Caucanas
1
, Bertrand Richert
2
1. Service de Dermatologie, CHU de Liège, ULg
2. Service interhospitalier de Dermatologie, CHU Brugmann-Saint-Pierre et HUDERF, ULB, Bruxelles
L
es tumeurs malignes de l'appareil unguéal sont rares et méconnues, ce qui al-
longe le délai diagnostique. Contrairement aux tumeurs du versant cutané, le
carcinome épidermoïde (CE) de l'appareil unguéal est la tumeur la plus fréquente,
très loin devant le carcinome basocellulaire. Le CE de l'appareil unguéal se distingue
de son homologue cutané par une évolution indolente de longue durée, une faible
agressivité et un taux de métastases très bas. Le mélanome de l'appareil unguéal
constitue la deuxième tumeur maligne de l'appareil unguéal. Il reste encore trop
souvent sous-diagnostiqué et sa découverte tardive se fait alors à un stade avancé,
avec un indice de Breslow élevé, compromettant dramatiquement le pronostic vi-
tal. La prise en charge de ces tumeurs a nettement évolué ces dernières années par
l'étude de larges séries. Elle peut être beaucoup moins agressive aux stades débu-
tants, mais la sanction chirurgicale reste lourde pour les lésions invasives. Toute
altération unguéale non diagnostiquée, a fortiori qui ne régresse pas, doit impéra-
tivement être orientée en consultation spécialisée.
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