Skin
Vol 16
N°1
2013
32
Au final, les experts concluent que l'UV-
thérapie a un rôle à jouer dans le trai-
tement du prurit chronique. Le choix du
type de traitement par UV dépend de la
pathologie sous-jacente. L'UV-thérapie
peut être utilisée en combinaison avec
des traitements topiques et/ou systé-
miques, à l'exception des inhibiteurs de
la calcineurine et des immunosuppres-
seurs.
AGONISTES ET ANTAGONISTES
DES RÉCEPTEURS OPIOÏDES
Des recherches expérimentales et des
observations cliniques ont montré que le
prurit peut être déclenché ou amplifié par
des opioïdes µ endogènes ou exogènes.
Ce phénomène peut s'expliquer par l'ac-
tivation de récepteurs opioïdes spinaux,
en particulier les récepteurs opioïdes .
On constate l'effet inverse avec les anta-
gonistes des opioïdes µ, qui entraînent
une inhibition du prurit. L'inverse est vrai
pour les opioïdes . Leur liaison aux ré-
cepteurs opioïdes induit une inhibition
du prurit. Plusieurs études cliniques ont
démontré l'effet favorable de différents
antagonistes des récepteurs opioïdes µ,
comme le nalméfène, la naloxone et la
naltrexone. Les experts concluent que
les antagonistes des récepteurs opioïdes
peuvent être efficaces dans le prurit cho-
lestasique et la dermatite atopique, mais
qu'il faut prendre en considération les
effets secondaires.
AUTRES
Dans leur recommandation, les experts
indiquent également que des techniques
de relaxation et des programmes édu-
catifs destinés aux patients souffrant de
prurit chronique peuvent être utilisés en
guise de traitement complémentaire de
ce symptôme.
TRAITEMENTS POUR DES
MALADIES SPÉCIFIQUES
Les recommandations mentionnent aus-
si des options thérapeutiques pour cer-
taines maladies spécifiques.
PRURIT ASSOCIÉ À L'INSUFFISANCE
RÉNALE CHRONIQUE
Des études contrôlées ont confirmé
l'effet antipruritique du charbon actif
6g/j, de la gabapentine 300mg 3x/se-
maine après dialyse, de la crème à l'acide
gamma-linolénique 3x/j, de la capsaï-
cine 3-5x/j, de la photothérapie UVB
et du thalidomide 100mg/j. Des études
contrôlées avec la naltrexone 50mg et
l'ondansétron 8mg par voie orale ou in-
traveineuse ont donné des résultats non
univoques. Des études de cas ont permis
de démontrer l'effet antipruritique de la
cholestyramine, de l'application locale
de tacrolimus, de la crème à base d'en-
docannabinoïdes, de la mirtazapine, du
cromoglycate de sodium, de l'érythro-
poïétine36UI/kg 3x/semaine, de la lido-
caïne 200mg IV/jour et du kétotifène 1
à 2mg/j.
OPTIONS THÉRAPEUTIQUES EN CAS
DE PRURIT HÉPATIQUE ET DE PRURIT
CHOLESTASIQUE
Des études contrôlées ont confirmé
l'efficacité de la cholestyramine 4 à
16g/j (pas en cas de cirrhose biliaire pri-
mitive), de l'acide ursodésoxycholique
13 à 15mg/kg/j, de la rifampicine 300
à 600mg/j, de la naltrexone 50mg/j, de
la naloxone 0,2µg/kg/min, du nalméfène
20mg 2x/j, de la sertraline 75 à 100mg/j
et du thalidomide 100mg/j.
Des résultats non univoques ont été
obtenus dans des essais contrôlés réali-
sés avec l'ondansétron. Dans des études
de cas, des résultats positifs ont été
observés avec le phénobarbital 2 à 5mg/
kg/j, le stanozolol 5mg/j, la photothéra-
pie UVA et UVB, l'étanercept 25mg 2x/
semaine, une perfusion de plasma, une
greffe hépatique et la dialyse extracor-
porelle à l'albumine MARS (molecular
absorbant recirculating system).
OPTIONS THÉRAPEUTIQUES EN CAS
DE MALADIE DE VAQUEZ
Dans des études de cas, de bons résul-
tats ont été obtenus avec la paroxétine
20mg/j, l'hydroxyzine, la fluoxétine
10mg/j, l'aspirine, la cimétidine 900mg/j,
l'isotifène 0,5mg 3x/j, la cholestyramine,
la photothérapie UVB, la PUVA, la stimu-
lation nerveuse électrique transcutanée
et l'interféron-alpha.
OPTIONS THÉRAPEUTIQUES EN CAS
DE PRURIT AQUAGÉNIQUE
Dans des études de cas, des résultats po-
sitifs ont été obtenus avec la capsaïcine
0,025 à 1% 3x/j pendant 4 semaines,
l'application locale de trinitrate de gly-
cérol 2%, l'application transdermique
de scopolamine en solution topique 3 à
9%, des bains au bicarbonate de soude,
la balnéopuvathérapie et la PUVA/UVB
classique, le propranolol 10 à 80mg/j,
la clonidine 0,1mg 2x/j, l'astémizole
10mg/j, la prise d'ibuprofène avant les
bains, la prégabaline 150 à 300mg/j, des
antihistaminiques, des H2-bloquants: ci-
métidine 900mg/j, des antagonistes des
récepteurs opioïdes, des ISRS et l'interfé-
ron-alpha. Les effets de l'acide acétylsali-
cylique 300 à 500mg/j ont été confirmés
dans le cadre d'un ECR.
Commentaire
Pour la synthèse de cette directive européenne
(1), j'ai essayé d'aller à l'essentiel en privilégiant
les informations pratiques. Dans cette optique, j'ai
également opéré une sélection parmi les références
(la liste complète figure naturellement dans la
directive proprement dite).
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