![]() demander pourquoi les Français s'interdiraient plus longtemps une technique couramment employée ailleurs sauf modèle économique? N'est-il pas étonnant de vouloir continuer à limiter les planta- tions au motif qu'on veut lutter contre la standardisation des vins et de militer pour l'irrigation, alors qu'elle gomme les diffé- rences climatiques et contribue donc à cette standardisation? petite histoire portugaise. alentejo, région très sèche au Sud du Por- tugal, sur des zones qui ne produisaient jusqu'alors que du blé, s'est fait unique- ment grâce à l'irrigation. Jusqu'alors, seules de petites zones propices produisaient du vin (Portalegre, Moura, Cartuxa...). au- jourd'hui, grâce à l'eau, la vigne s'est dissé- minée dans toute la région, de Beja à Evora, et même en algarve simplement parce que c'est la seule forme de viticulture rentable. on peut produire du raisin sans eau dans la région, mais peu et pas forcément tous les ans. l'irrigation, elle, permet de garantir un rendement correct et régulier d'année en année; et toujours supérieur, en tout cas à ceux enregistrés par les petits domaines. de petits domaines qui, jusque-là, vivaient sans, une année bien, une année mal, et pra- tiquaient généralement la polyculture - le blé, le bétail ou le chêne-liège pouvant com- penser les difficultés passagères de la vigne. de toute façon, rares étaient les domaines alentejanos qui concevaient le vin comme un article d'exportation massive avant les années 1980. En vendre à lisbonne était déjà un bel exploit. est devenu la première région de vin au Por- tugal si l'on excepte le vignoble du Porto. Une marque comme Porta da ravessa (Coopérative de redondo) est plus vendue au Portugal que Mateus ou lancer's. Paral- lèlement, une foule de caves particulières se sont installées dans la région et proposent chaque année de nouvelles cuvées: Her- dade dos Grous, Maladinha Nova, Cortes de Cima, etc... téressants, tous ne sont pas indispensables non plus. on ne peut pas non plus parler, au moins pour bon nombre d'entre eux, de viticulture de terroir. l'irrigation modifie dramatiquement les conditions naturelles et donc le terroir, au sens propre, au point qu'elle permet d'acclimater des cépages du Nord du Portugal, comme le touriga Na- cional. il y a donc deux alentejos, un avant et un après l'irrigation. quelconque fonds de développement rural. de nos deniers publics pour développer une viticulture à un endroit où il n'y en avait pas, pour favoriser la concurrence à des vignerons existants. alors que l'Europe dis- tille déjà pas mal de vins invendus. Et bien sûr, se pose le problème de l'alimentation en eau dans une région sèche. penser que quand l'état (national ou euro- péen) intervient dans une activité commer- ciale privée, il fait parfois de gros dégâts. pousser plus avant la réflexion. Je me rap- pelle avoir visionné il y a quelques années un film suisse, «l'homme qui changeait l'eau en vin», consacré à un millionnaire suisse ayant décidé d'acclimater la vigne dans le désert argentin. les vins qui sortent de ce genre de wineries en valent-ils la peine? |