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MEDI-
SPHERE
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18 avril 2013
Q
uand un patient souffre de
trouble bipolaire, le recours au
psychiatre est incontournable.
mais la gestion du quotidien revient au gé-
néraliste, avec la question, récurrente, de la
part des patients (quand ils la posent!) de
savoir s'ils peuvent arrêter leur traitement.
Car il est parfois stigmatisant, et pas tou-
jours dénué d'effets secondaires, notam-
ment sur le plan métabolique et sexuel.
a-t-on le droit d'envisager cet arrêt? Et sous
quelle forme?
C'est sous cet éclairage que l'atelier Psy
Pluriel reflétait la préoccupation des géné-
ralistes présents (
figure). Et la réponse est
nuancée si l'on veut suivre les avis du dr
daniel Souery, psychiatre, et d'un psycho-
thérapeute qui soulignait d'entrée de jeu que
«pour qu'un patient puisse jouer le jeu dans
le travail de psychothérapie, il doit en avoir
les moyens, et donc, faire en sorte que la souf-
france ne soit plus à son niveau maximal. Dans
le cas contraire, il est difficile de rentrer dans
la symbolique. Dans ce cadre, le traitement
médicamenteux est la première approche.
Cependant, au vu des données actuelles,
l'approche psychiatrique, de nature essen-
tiellement biologique et médicamenteuse
et accompagnée de quelques interventions
sociales, apparaît insuffisante. Elle est néan-
moins indispensable, surtout dans les phases
aigües de l'affection. Par ailleurs, l'interven-
tion psychothérapeutique, dont il n'existe
pas de modèle définitif, peut même occuper
une place de choix, variable selon le stade
(aigu, rémission totale ou partielle), le mode
dialoGUE HoSPitalo-PratiCiEN
Troubles bipolaires
et neuroleptiques:
ad vitam
?
Dr Dominique-Jean Bouilliez
c'est au cours des années 2000 que l'on s'est rendu compte de l'importance majeure de la plasticité du
cerveau, ce qui a conduit à une recherche de plus en plus poussée en psychopharmacologie. Que peut-on
en déduire aujourd'hui? cela signifie-t-il que le patient doit prendre son traitement «ad vitam»? ou peut-il
l'arrêter un moment? Sous quelles conditions? A quel(s) risque(s)? Par ailleurs, la répétition des épisodes
maniaques ou dépressifs altère l'image de soi, les croyances personnelles en lien avec la santé, la sécurité,
les perspectives d'avenir, la qualité des relations interpersonnelles, avec le retentissement psychosocial
associé. Quelle place accorder à la psychothérapie?
figure: Quand les généralistes font part aux psychiatres de leurs difficultés de prescription.
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