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MEDI-
SPHERE
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18 avril 2013
récemment, des études (10) ont montré un
effet protecteur du lait sur le cancer de la
vessie.
le dernier rapport du WCrF a indiqué qu'il
n'y avait pas de lien entre la consommation
de produits laitiers à des doses normales
et le cancer de la prostate. Néanmoins, il
semble que la consommation de produits
laitiers et de calcium à doses élevées puisse
augmenter modérément le risque de can-
cer de la prostate. Selon le dernier avis
de l'EFSa, cet effet n'apparaît que pour
des apports supérieurs à 2g/jour; mais un
apport de 2g est très rare et ne correspond
absolument pas à la consommation belge de
produits laitiers. Une actualisation du rap-
port du WCrF, prévue en 2015, permettra,
espérons-le, de lever cette ambiguïté.
l'iGF dans le lait de vache a été suspecté
dans la survenue de ce cancer. de fait,
l'iGF1 est naturellement présent dans tous
les laits de mammifères, y compris celui
de la femme. Cependant, les taux présents
dans le lait de vache sont 10.000 à 1.000.000
fois inférieurs à ceux mesurés dans notre
organisme. il est difficile de concevoir que
d'ajouter une unité d'iGF1 à 10.000 unités
déjà présentes puisse avoir un effet délètère
sur notre santé. Enfin, il convient de rap-
peler que l'introduction d'hormones dans
l'alimentation des vaches est interdite en
Europe. les produits laitiers ont été asso-
ciés (positivement ou négativement ou pas
du tout selon les études) au cancer de l'esto-
mac, du rein, de la vessie, des testicules, du
poumon... le nombre limité d'études et
les résultats contradictoires ne permettent
aucune conclusion définitive.
Que penser des études
présentées avec beaucoup de
bruit dans la presse?
«Toutes ces études sont hors contexte et
manquent de rigueur scientifique, elles éma-
nent de quelques médecins ou de nutrition-
nistes peu scrupuleux, mais peuvent s'avérer
dangereuses et toxiques pour la santé de nos
patients
, explique le Professeur regins-
ter. Ainsi par exemple, certaines études ont
prétendu démontrer le lien entre calcium et
augmentation de l'infarctus, alors que quand
on examine une de ces études, on voit qu'elle
ne porte que sur le calcium pharmacologique
et non sur le calcium alimentaire, et que cet
effet disparaît lorsque le calcium est associé
à la vitamine D et lorsqu'on interroge plus
précisément le patient. Il est plus facile de
détruire que de construire... un peu comme
notre squelette! Il est extrêmement grave de
réduire l'apparition du cancer à un seul fac-
teur nutritionnel: le cancer est une maladie
multifactorielle, le lait n'est pas un carcino-
gène. Ces études sont simplicistes et dange-
reuses!
»
aucun argument scientifique ne soutient
la mise à l'index incompréhensible que
subissent actuellement le lait de vache et
les produits laitiers en général. Ces produits
très contrôlés sur le plan de la contamina-
tion microbiologique et chimique consti-
tuent des aliments indispensables de notre
équilibre alimentaire. a tout âge de la vie,
il est donc important de maintenir une
consommation équilibrée de lait et pro-
duits laitiers. les recommandations du Plan
National Nutrition Santé (3 à 4 produits
laitiers par jour) ne sont pas à remettre en
cause.
références
1.
travail de l'agence nationale de sécurité sanitaire
alimentation, environnement, travail (aNSES) février 2013.
2.
Galantier M, Bernard B. Conaissance et place du lait et
des produits laitiers dans une alimentation équilibrée. Cah
Nutr diet 2005;40.
3.
Hiligsmann Ml, et al. trends in Hip Fracture incidence
and in the Prescription of antiosteoporosis Medications
during the Same time Period in Belgium, arthritis Care &
research 2012;64(5):744­50.
4.
lötters FJB, lenoir-Wijnkoop i, Fardellone P, et al. dairy
foods and osteoporosis: an example of assessing the
Health­Economic impact of Food Products. osteoporosis
int.
5.
Bruyère o, et al. WHo collaborating Center for Public
Healths aspects of osteoarticular disorders and
department of Public Health, Epidemiology and Health
Economics, University of liege. low dietary calcium in
Euopean post Menopausal osteoporotic women. Public
Health Nutrition 12(1):111-4.
6.
Jorde r, Bonaa KH. Calcium from dairy products,
vitamine d intake, and blood pressure: the tromso Study.
am J Clin Nutr 2001;7:1530-5.
7.
larsson SC, Bergkvist l, rutegard J, et al. Calcium and
dairy food intakes are inversely associated with colorectal
cancer risk in the cohort of Swedish men. am J Clin Nutr
2006;83:667­3.
8.
Sonestedt E, Wirfalt E, Wallström, et al. dairy product and
its association with incidence of cardiovascular disease:
the Malmö diet and cancer cohort; European Journal of
Epidemiology 2011.
9.
ralston ra, lee JH, truby H, et al. (2011) a systematic
review and meta-analysis of elevated blood pressure
and consumption of dairy food, Journal of Human
Hypertension.
10. rapport WCrF (World Cancer reseach Fund)
Le lait et les pathologies cardiovasculaires
fermentés, le risque est diminué de 15% par
rapport à ceux qui n'en consomment pas!
Chez les femmes, la consommation de fro-
mage était également associée à une diminu-
tion du risque.
très récemment, 7 banques de données et 5
études portant sur 45.000 sujets dont 11.500
cas de pression artérielle élevée (9) ont pu
montrer que la consommation de lait et pro-
duits laitiers est associée à une diminution
de 13% du risque d'Hta. la diminution
du risque est de 16% si on ne considère que
les laitages pauvres en matières grasses. les
auteurs ont attribué cette action bénéfique
des produits laitiers à leur teneur en calcium,
magnésium, potassium, vitamine d et lacto-
peptides issus des protéines et libérés lors de
la digestion.
«Dans les études épidémiologiques, il est très
difficile d'isoler une seule composante, d'autant
plus qu'on observe que les gens qui consom-
ment du lait ont habituellement une alimen-
tation générale plus équilibrée. Il est donc très
difficile d'évaluer exactement le seul impact du
lait sur la diminution du risque de maladies
cardiovasculaires
, explique le Professeur Yvon
Carpentier. Néanmoins, à partir des recherches
actuelles, on peut affirmer avec certitude que la
consommation de produits laitiers, si on suit les
recommandations de trois à quatre portions par
jour, n'augmente pas le risque de maladies car-
diovasculaires. Elle serait peut-être même asso-
ciée à une diminution du risque
En terme de recommandations, il est cepen-
dant essentiel de distinguer les patients souf-
frant de pathologies cardiovasculaires (ou à
risque) du reste de la population. les premiers
se verront à juste titre conseiller un régime
hypocholestérolémiant, il leur sera conseillé
des produits laitiers avec des profils lipidiques
plus faibles en aGS, et donc moins athéro-
gènes (lait écrémé, lait fermenté, yaourt). Pour
les autres, les produits laitiers dans toutes
leurs variétés ont tout à fait leur place dans le
cadre d'une alimentation équilibrée, en tenant
compte bien entendu de la variabilité des pro-
fils lipidiques des différents produits laitiers,
l'excès de beurre et de crème fraîche est bien
entendu nuisible à la santé cardiovasculaire!