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aCtUalitéS MédiCalES
MEDI-
SPHERE
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18 avril 2013
lait fermenté, fromage). le Plan National
Nutrition Santé (PNNS) recommande 3 à
4 produits laitiers par jour, en variant les
sources. Pour une meilleure fixation du cal-
cium, il est aussi recommandé d'avoir des
apports suffisants en vitamine d.
«Le lait maternel, les préparations infan-
tiles, le lait de vache et les produits laitiers
sont incontournables pour l'alimentation de
l'enfant. Les besoins en calcium ne peuvent
pas être couverts si les produits lactés ne sont
pas apportés par notre alimentation
, insiste
le Professeur Goyens. Si l'on étudie le mé-
tabolisme phospho-calcique de nos enfants,
nous voyons des altérations qui vont mettre
en péril le squelette. Nous voyons aussi
aujourd'hui des carences infra-cliniques en
vitamine D, avec des biologies avérées chez
la majorité des enfants belges, surtout en pé-
riode hivernale. Les pédiatres ont aussi une
part de responsabilité dans la prévalence de
l'ostéoporose dans nos pays occidentaux
de plus en plus de parents remplacent le lait
par des jus de châtaigne, d'amande, de soja,
de brebis ou de riz. la composition de ces
boissons végétales, abusivement qualifiées
de «laits», ne correspond pas aux besoins
nutritionnels de l'enfant. leur composi-
tion déséquilibrée et les carences (micro-)
nutritionnelles des boissons végétales sont
reconnues et des études (1, 2) ont montré
leur impact négatif sur le développement de
l'enfant, avec de nombreux cas décrits de
carences vitamino-calciques ou protéino-
énergétiques. «Clairement, l'exclusion des
produits laitiers met gravement en danger la
santé des jeunes enfants
», insistent les Pro-
fesseurs reginster et Goyens.
Par ailleurs, certaines études plus anciennes
ont tenté de démontrer que le lait serait
associé à l'obésité de l'enfant. «Ces études
ont été faites avec des laits en teneurs éle-
vées en protéines, qui ne correspondent
plus du tout au profil nutritionnel des laits
actuels; tout cela, c'est du passé
», explique
encore le Professeur Goyens. au niveau
des lipides, l'enfant a besoin d'acides gras
pour son développement physique et psy-
chique, les lipides couvrent leurs besoins
en énergie, et on les retrouve dans le lait.
Si l'enfant a une alimentation équilibrée,
adaptée en fonction de son âge, il est impor-
tant de maintenir une consommation de lait
entier, pour maintenir un apport de lipides
indispensable à son métabolisme.
l'intolérance au lactose, qui est due à la
chute d'activité génétiquement program-
mée de la lactase intestinale, concerne
environ 10% d'enfants occidentaux et
s'exprime à partir de 5 ans par un ballon-
nement, des douleurs abdominales et des
selles liquides après l'ingestion de lait. Ces
enfants, dont le déficit enzymatique n'est
jamais total, tolèrent bien les yaourts, les
fromages affinés, mais aussi de petites quan-
tités de lait fractionnées dans la journée ou
intégrées dans les préparations culinaires.
Quel est le lien entre lait et
cancer?
«Pour répondre à cette question, nous ex-
plique le docteur anne Boucquiau, il est
important de différencier les différents can-
cers; nos recommandations sont basées sur
le dernier rapport WCRF (
World Cancer
reseach Fund) et les publications actuelles
avec les limites qui les caractérisent, des
études expérimentales chez l'animal, in
vitro
sur des lignées cellulaires et épidé-
miologiques chez l'homme (10) ont sug-
géré l'existence de relations entre certains
constituants du lait et le cancer. dans l'état
actuel des connaissances, on peut conclure
que le lait et les produits laitiers n'augmen-
tent pas le risque de cancer du sein.
l'étiologie du cancer du sein est mal connue,
mais les facteurs hormonaux et les antécé-
dents familiaux semblent prépondérants.
l'alcool, l'excès calorique, la sédentarité
et le surpoids après la ménopause augmen-
tent le risque. Ces facteurs prédisposants
doivent avant tout faire l'objet de toutes
les attentions en terme de prévention. les
études (10) concluent également à l'absence
de relation significative entre la consomma-
tion de produits laitiers et le risque de can-
cer de l'ovaire.
les études (10) confirment l'effet protec-
teur de la consommation de lait sur le risque
d'adénome ou de cancer colorectal, chez
les hommes comme chez les femmes, avec
une diminution du risque estimé entre 15 à
20%. Cet effet protecteur serait principale-
ment dû au calcium (anti-prolifération), aux
acides gras spécifiques, à la lactoferrine, à la
chélatation des acides biliaires...
Le lait et les pathologies cardiovasculaires
«Tout d'abord, explique le Professeur Yvon
Carpentier, il est essentiel de se rappeler du
profil lipidique du lait. Le lait entier contient
environ 35g/l de matière grasse (MG), com-
posée à 99,5% de lipides et à 0,5% d'autres
substances liposolubles (cholestérol, vitamines
A, D,...). Les lipides ont essentiellement un
rôle énergétique (9Kcal/g). De nombreux
acides gras (AG) différents ont été identifiés
dans le lait. Ils sont classés en fonction de la
longueur de leur chaîne carbonée et du nombre
de doubles liaisons. La matière grasse laitière
contient environ 60 à 70% d'acides gras satu-
rés (AGS) et 30 à 40% d'insaturés (essentiel-
lement des mono-insaturés), certains ayant des
effets bénéfiques, d'autres augmentant le LDL
cholestérol
les aGS ont longtemps été considérés d'un
seul bloc, en ne leur prêtant aucune autre ver-
tu nutritionnelle que la production d'énergie
et, au contraire, en les accusant d'augmenter
le taux de cholestérol et de favoriser le déve-
loppement des maladies cardiovasculaires. on
sait aujourd'hui que la réalité est plus com-
plexe: si l'excès d'aG peut augmenter la cho-
lestérolémie, tous n'ont pas les mêmes effets.
En résumé, on peut dire que les aGS à chaîne
courte (C4 à C10) n'ont pas d'impact négatif
sur le profil lipidique; le stéarique (C18) est
neutre; les résultats concernant le laurique
(C12) et le palmitique (C16) sont contradic-
toires et ceux sur le myristique (le C14) sont
actuellement revisités en fonction des apports
énergétique et lipidique totaux.
l'excès d'aGS était souvent accusé d'aug-
menter le taux de cholestérol sanguin et de
favoriser l'apparition des maladies cardiovas-
culaires. aujourd'hui, la plupart des études
examinant le rôle des produits laitiers sur
l'athérosclérose et la santé cardiovasculaire
de l'homme sain montrent des effets plutôt
neutres, et même parfois positifs.
des études épidémiologiques, dont celle très
récente en Suède sur 26.445 personnes (6-8),
ont pu montrer que les grands consomma-
teurs de produits laitiers présentaient une
diminution significative du risque de maladies
cardiovasculaires. En particulier, chez les plus
grands consommateurs de yaourts et de laits