background image
MEDI-
SPHERE
412
38
18 avril 2013
E
lle aime votre humour, votre professionnalisme et votre carac-
tère direct. Elle ne tarit d'ailleurs pas d'éloges à votre égard
lorsqu'elle se rend à sa séance d'aquagym du jeudi matin avec
ses copines.
En cette veille de congé d'ascension, vous terminez votre consulta-
tion et partez le coeur en paix pour 3 jours dans votre appartement
du Zoute. C'est bien connu, tous les médecins généralistes ont un
appartement au Zoute. ah, quel beau métier!? le lundi suivant, vous
entamez frais et dispo votre nouvelle semaine de travail et ne prêtez
pas attention (entre les traditionnelles publicités pour le coaching de
gestion de cabinet ou la promotion de pilules et autres substances
naturellement capables d'agrandir tout et n'importe quoi) à l'envoi
d'un mail que vous avait adressé le mercredi précédent Madame
delplanque, quelques minutes après votre départ vers une autoroute
E40 bondée...
votre patiente s'y plaignait de douleurs abdominales. Elle disposait
d'un médicament que vous aviez en son temps prescrit à son époux,
en avait lu attentivement la posologie et se demandait si celui-ci pou-
vait répondre à son souci, tenant compte de ses antécédents médicaux
spécifiques dont vous aviez connaissance depuis plus de 10 ans.
Ce n'est que le vendredi suivant, lorsque vous lisez le second mail
de Madame delplanque, que vous retrouverez le premier avec cette
demande de renseignement, dans l'historique de votre messagerie...
le ton de ce second mail est beaucoup plus virulent, et pour cause.
Faute de nouvelles de votre part, Madame delplanque a pris l'ini-
tiative, 72h plus tard, d'ingérer le médicament annoncé. d'impor-
tantes difficultés respiratoires s'en suivirent et Madame delplanque
fut contrainte de passer 3 nuits à l'hôpital. votre patiente ne manque
donc pas d'invoquer votre responsabilité médicale, faute de réaction
CoNSEil JUridiqUE
MS7624F
E-mail et
responsabilité
médicale
Qui n'a jamais eu
dans sa patientèle
une Thérèse
Delplanque?
Benjamin Bouilliez,
avocat au barreau de Nivelles
Thérèse Delplanque, c'est un poème à elle seule. cela fait plus de 10 ans qu'elle vient régulièrement à
votre consultation, pour un oui ou pour un non. une cinquantaine rondelette, un mari effacé, trois grands
enfants, un avis sur tout, des questions pour rien. Thérèse Delplanque, c'est aussi un besoin constant de
tout contrôler mais d'être rassurée en permanence.