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MEDI-
SPHERE
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18 avril 2013
S
i vous avez quelques économies de côté, vous avez pu constater
que votre compte d'épargne ne vous rapporte quasiment plus
rien. les banques sont en effet confrontées à un double phéno-
mène qui plombe le rendement qu'elles proposent pour vos liquidi-
tés. d'une part, la Banque centrale européenne (BCE) maintient ses
taux d'intérêt à un plancher historique en espérant ainsi relancer la
machine économique. de l'autre, les obligations de très bonne qualité
affichent des rendements maigrichons. or, c'est dans ces obligations
que les banques placent bien souvent une partie de votre épargne.
avec des coupons aussi faibles, votre banque peut donc difficilement
vous proposer un rendement attrayant. Pire: dans la plupart des cas,
le taux affiché dépasse à peine l'inflation. autrement dit, en plaçant
vos économies sur un livret d'épargne, vous érodez votre pouvoir
d'achat. Et aucun signe d'embellie n'est à attendre en 2013.
Cette situation, pour peu réjouissante qu'elle soit, n'est pas dénuée de
logique. Elle reflète le manque de confiance qui caractérise les mar-
chés. Cette méfiance se traduit par un mouvement de repli vers les
placements les moins risqués, principalement sur les marchés obli-
gataires. dans le jargon financier, on parle de «fuite vers la qualité».
les investisseurs frileux se tournent ainsi massivement vers des pla-
cements réputés «sûrs», tirant leurs rendements vers le bas. C'est la
loi de l'offre et de la demande: une obligation fort prisée voit son
rendement plonger. C'est mathématique.
«Aujourd'hui, le secteur pharma
affiche des résultats très
lisibles, de nature à rassurer les
investisseurs.»
Retrouver l'appétit du risque
dans ce contexte, l'épargnant qui voudrait grappiller un peu de ren-
dement supplémentaire n'a plus le choix: il doit prendre des risques
avec une partie de son argent. Néanmoins, prendre des risques ne
signifie pas foncer tête baissée sur les marchés, au risque de subir de
sérieux revers. Certaines classes d'actifs, certains secteurs, certaines
zones géographiques sont plus risqués que d'autres. dans cet article,
nous nous sommes intéressés à un secteur qui se distingue par son
caractère défensif: l'industrie pharmaceutique.
«L'industrie pharmaceutique n'a pas toujours été considérée comme un
secteur défensif
, explique
frédéric Liefferinckx, responsable des ana-
lyses financières chez leleux associated Brokers. Jusqu'il y a quelques
années, les marchés voyaient surtout les Télécoms comme le secteur dé-
fensif par excellence. Or, la crise a laminé les cours de Bourse des grands
noms des Télécoms. A l'inverse, l'industrie pharmaceutique a mangé
son pain noir à la fin des années 90 et au début des années 2000. C'est
à cette époque que la menace des médicaments génériques a complète-
ment modifié la donne. Mais l'industrie a su prendre le taureau par les
cornes et a transformé cette menace en une opportunité. Aujourd'hui,
le secteur pharma affiche des résultats très lisibles, de nature à rassurer
les investisseurs, ce qui en fait un placement défensif qui a sa place dans
tout portefeuille d'investissement.»
la bataille n'était pourtant pas gagnée d'avance. avec l'avènement des
médicaments génériques, c'est tout le business model de l'industrie
pharmaceutique «classique» qui était remis en question. développer
de nouvelles molécules demande en effet des années d'investisse-
ments en recherche et développement. le risque était réel de voir le
fruit de ces investissements s'envoler alors que les brevets arrivaient à
échéance. Pour inverser cette tendance, l'industrie a pris des mesures
fortes qui ont rassuré les marchés. C'est ainsi qu'on a assisté à des
mouvements de fusions et acquisitions dans le secteur pharma. Sym-
bole de cette vague de consolidations: le rachat de Sandoz par Novar-
tis en 1996. le géant suisse du médicament s'offrait ainsi un concur-
rent direct, très actif sur le marché des génériques. après l'absorption
de Sandoz, les médicaments génériques représentent désormais 15%
de l'activité du groupe Novartis! d'autres groupes pharmaceutiques
ont diversifié leur portefeuille de produits. Sanofi s'est ainsi reposi-
tionné sur le marché des vaccins, moins sensible à la concurrence des
génériques. Chez nous, UCB a protégé ses nouvelles molécules pour
de longues années encore et peut de nouveau générer d'importants
revenus.
Un consensus se dégage désormais sur les marchés: l'industrie
pharmaceutique a pu écarter le danger qu'aurait pu constituer la
Uro-SPHErE
JS0464F
L'industrie pharmaceutique:
une opportunité de placement?
Albin Wantier
Sur les marchés, les actions du secteur pharmaceutique sont considérées comme des valeurs défensives. Si
vous avez un peu d'argent à placer, c'est peut-être l'occasion de vous y intéresser.