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Neurone
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Vol 17
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N°9
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2012
mations statiques se corrigent par des
procédures d'allongements tendineux
(ex: le tendon d'Achille, fléchisseurs de
doigts) ou aponévrotiques (ex: les ju-
meaux). Celles-ci peuvent éventuelle-
ment être associées à des gestes de libé-
ration articulaire de type capsulotomie
en cas d'ankylose articulaire (ex: genou
et cheville) et à des ostéotomies (ex: os-
téotomie de valgisation du calcaneum
en cas de varus fixé du talon, ostéotomie
de médialisation de la grosse tubérosité
du calcaneum en cas de pied valgus)
(15). Les principales indications d'allon-
gement tendineux sont le pied varus
équin rétracté (allongement du tendon
d'Achille), le flexum de genou (allonge-
ment des ischio-jambiers) et la main
spastique (allongement des fléchisseurs
de doigts selon Scaglietti-Page ou teno-
tomie distale). L'allongement tendineux
permet également, en détruisant les or-
ganes tendineux de Golgi, de réduire la
spasticité. Cette option thérapeutique est
discutée lorsque la spasticité siège au
niveau de muscles plus difficilement ac-
cessibles à la neurotomie (ex: les courts
fléchisseurs des orteils et les fléchisseurs
superficiel et profond des doigts). L'al-
longement tendineux présente cepen-
dant l'inconvénient d'affaiblir le muscle,
voire d'en supprimer la fonction en cas
de section complète, ce qui peut avoir
des répercussions fonctionnelles notam-
ment en cas de muscle propulseur (ex: le
complexe triceps sural-tendon d'Achille).
Un réglage optimal de l'allongement est
dès lors primordial.
Certains patients présentent des déséqui-
libres musculaires qui peuvent être corri-
gés par des procédures de transferts ten-
dineux. L'exemple le plus fréquent est
sans conteste le pied varus en phase os-
cillante du pas imputable à l'action natu-
rellement varisante du muscle jambier
antérieur insuffisamment compensée par
des muscles péroniers latéraux paré-
tiques. Le transfert de choix dans cette
indication est l'hémitransposition du
tendon du muscle jambier antérieur
(voire du jambier postérieur et de l'ex-
tenseur de l'hallux) sur l'os cuboïde ou
sur le tendon du muscle court péronier
latéral (16). Au membre supérieur
peuvent être envisagés des transferts des
muscles fléchisseurs spastiques (ex: le
cubital antérieur) sur les extenseurs paré-
tiques en vue de corriger une attitude en
flexion du poignet. Ces transferts sont
cependant plus délicats à réaliser en cas
de spasticité qu'en cas de paralysie
d'origine périphérique. D'une part, il
convient de vérifier que le muscle à
transférer s'active au moment souhaité.
Au membre inférieur, une analyse de la
marche avec étude EMG sera éventuelle-
ment nécessaire. D'autre part, un muscle
transféré à tendance à s'affaiblir, ce dont
il faudra tenir compte en posant l'indica-
tion. Enfin, le traitement de la spasticité
des muscles antagonistes (ex: le triceps
sural pour le transfert du jambier anté-
rieur) sera parfois nécessaire avant d'en-
visager le transfert.
Dans certains cas, des arthrodèses
peuvent donner des résultats très grati-
fiants. Un pied déséquilibré s'aligne et se
stabilise par une triple arthrodèse (tibio-
talienne, sous-talienne, médio-tarsienne).
Une arthrodèse isolée de l'articulation
sous-talienne corrige définitivement une
déformation en équin-valgus de l'arrière-
pied. Dans certains situations, une
arthrodèse du poignet avec résection de
la première rangée du carpe est particu-
lièrement efficace.
Conclusion
Les traitements de la spasticité, tant mé-
dicaux que chirurgicaux, sont nombreux
et souvent complémentaires. De plus, la
variété des affections neurologiques res-
ponsables de cette spasticité, la multi-
tude de tableaux cliniques et de plaintes
associées contrastant avec l'absence de
guidelines précis concernant le traite-
ment de la spasticité compliquent singu-
lièrement le choix du traitement optimal.
C'est la raison pour laquelle une prise en
charge interdisciplinaire de la spasticité
permettant de disposer de l'ensemble
des moyens diagnostiques et thérapeu-
tiques est indispensable afin d'offrir au
patient le traitement le plus adapté. Cette
prise en charge a pour but d'atteindre
des objectifs réalistes et réalisables pré-
cis qui devront être préalablement déter-
minés avec le patient et qui feront l'objet
d'un «contrat d'objectifs» entre le patient
et l'équipe. Dès lors, un suivi post-théra-
peutique est indispensable afin de véri-
fier le résultat obtenu, la satisfaction du
patient et d'enrichir l'expérience de
l'équipe.
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