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l
Neurone
·
Vol 17
·
N°9
·
2012
N1874F
ECHANGE AVEC NEUROLOGIES
t
roubLes
dépressifs
et
rythMes
circadiens
dans
Les
pathoLogies
neuroLogiques
Comprendre et agir sur les rythmes biologiques semble fondamental. En effet, de
nombreuses pathologies, en particulier neurologiques, perturbent les rythmes
biologiques; inversement une désynchronisation peut induire des pathologies.
Introduction
Chez l'Homme, de nombreux travaux associent une perturbation des rythmes biolo-
giques avec certaines pathologies et démontrent le développement de certains
troubles quand les rythmes sont perturbés. Par exemple, une déstructuration du som-
meil et des rythmes physiologiques et hormonaux est décrite dans certains troubles
neurologiques et psychiatriques, comme chez la personne obèse ou cancéreuse. Une
déstructuration des rythmes est aussi une caractéristique de la personne âgée.
Parallèlement, des études épidémiologiques montrent que la désynchronisation pro-
voquée par l'environnement journalier (travail de nuit, travail posté, voyages transmé-
ridiens) est associée à un malaise général (principalement des insomnies), une dimi-
nution des performances au travail et une augmentation des risques d'accident. A
plus ou moins long terme, l'apparition d'ulcères, d'affections cardiovasculaires et de
cancers est notée.
Comprendre et agir sur les rythmes biologiques semble donc fondamental en termes
de santé publique. Aujourd'hui, il est connu qu'un réseau multi-oscillant complexe
est responsable de l'organisation temporelle optimale de nos fonctions et que c'est
son dysfonctionnement qui entraîne l'apparition ou le développement des troubles.
Dans cette «mini-revue», nous allons nous intéresser au fonctionnement de ce sys-
tème circadien complexe et mettrons l'accent plus particulièrement sur le rôle de la
mélatonine.
Le système circadien: un réseau complexe d'horloges/oscillateurs
circadiens
Les rythmes journaliers et saisonniers observés dans les processus physiologiques et
comportementaux sont une donnée fondamentale de tous les êtres vivants, l'Homme
compris. Ils ne correspondent pas à une adaptation passive aux variations cycliques
de l'environnement mais, au contraire, dépendent d'un réseau complexe d'horloges,
de synchronisateurs environnementaux, d'afférences et efférences nerveuses et endo-
crines, et de nombreux oscillateurs centraux ou périphériques, bref d'un système
circadien multi-oscillant qui permet une organisation optimale et anticipatrice des
fonctions physiologiques par rapport à l'environnement. Chez les mammifères, le
Paul Pévet
Institut des Neurosciences Cellulaires et
Intégratives, Département Neurobiologie des
Rythmes, Université de Strasbourg, France