![]() dans le fonctionnement de l'horloge à long terme (p. ex. le vieillissement). Plus important, dans le contexte de cet ar- ticle, la présence de récepteurs de la MLT dans les NSC implique que la MLT exogène ait la capacité d'agir sur le fonc- tionnement même de l'horloge. Si nous définissons comme «chronobio- tique» une drogue capable de modifier la phase (par rapport au cycle jour/nuit) ou la période de l'horloge biologique, la MLT exogène est une drogue chronobio- tique (32, 33). Quand elle est administrée quotidiennement à heure fixe chez des rongeurs maintenus en obscurité totale (conditions dites de libres court, périodi- cité du rythme propre de l'animal, diffé- rent de 24 heures), la MLT (ou divers ago- nistes) est capable d'entraîner à 24 heures le rythme de température corporelle de l'activité locomotrice (homologue du cycle veille-sommeil) (Figure 2). rapport précis entre le moment de l'ad- ministration et le rythme circadien propre de l'animal. Cette observation souligne qu'en termes d'applications thérapeutiques, le moment de l'admini- stration est un paramètre important à considérer, d'autant plus qu'il dépend de la durée de la présence quotidienne de mélatonine, donc de la dose administrée (34). Ce sont ces résultats expérimentaux qui expliquent les effets positifs de la MLT rapportés chez certains aveugles. Ces individus présentent un cycle veille/ sommeil différent de 24h (libre cours) qui se traduit indirectement par des troubles de sommeil. Les effets béné- fiques de la MLT sur la qualité du som- meil de ces patients s'expliquent par la resynchronisation à 24h du cycle veille- sommeil induite par la MLT (35). heures (p.ex. par avance brutale du début de la période obscure), l'administration de MLT permet à l'animal de se resyn- ronnement lumineux. C'est sur ces bases expérimentales que des tests ont été faits pour utiliser la MLT contre le jet lag ou dans des cas de troubles induits par le tra- vail posté (36). Cette capacité de la MLT à induire une avance de phase de l'horloge permet également d'expliquer les travaux sur le syndrome d'avance de phase du sommeil. Un effet positif a d'ailleurs été rapporté chez certains patients (32). Au cours du vieillissement, l'affaiblisse- ment de l'organisation temporelle de cer- taines fonctions (diminution de l'ampli- tude des rythmes hormonaux, avance de phase de la température corporelle, dé- structuration des cycles du sommeil) est bien documenté, y compris chez l'Homme (37). Les causes de ces change- ments sont très mal connues, mais ré- sultent probablement d'une combinaison de facteurs internes et externes. Le vieillis- sement de la rétine et de l'horloge comme la diminution de l'efficacité des circuits nerveux et neuroendocrines distribuant les signaux circadiens ou des mécanismes de transduction, par exemple dans la pi- néale, sont des causes internes possibles, tandis que les modifications de l'envi- ronnement lumineux induites par les changements comportementaux sont des facteurs externes. La MLT exogène, en agissant sur l'horloge et sur les autres éléments du système circadien, peut participer à une amélioration de l'orga- nisation rythmique des fonctions citées, ce qui expliquerait les effets positifs de l'administration de l'hormone sur le «sommeil» des personnes âgées rapportés dans la littérature (38). Les effets chronobiotiques de la mélato- nine impliquent des récepteurs à haute affinité. Ceci indique que tous les ago- nistes de ces récepteurs sont potentielle- ment des drogues chronobiotiques. vée dans certaines pathologies (p. ex. les perturbations induites sont associées, a plus ou moins long terme, à l'émer- gence de pathologies spécifiques (troubles du sommeil, ulcères, obésité, diabète, affections cardiovasculaires, cancers). Un effet boule de neige est aussi apparent. Par exemple, l'obésité se traduit par des changements profonds dans les rythmes mais la désynchronisa- tion interne qui en résulte va par elle- même aggraver l'obésité. Un tel «cercle vicieux» peut aussi être noté dans les al- térations du sommeil, les troubles psy- chiatriques et peut-être les affections cardiaques et le cancer. L'organisation temporelle des fonctions d'un organisme par rapport au fonction- nement des organes (par exemple la prise de nourriture journalière doit être précisément coordonnée avec le fonc- tionnement quotidien de l'axe glucose- insuline, les séquences du cycle de som- meil doivent être en phase avec le cycle jour/nuit, etc.) dépend d'un réseau d'horloges, d'oscillateurs centraux ou périphériques, de signaux synchroni- seurs, et de voies nerveuses et hormo- nales complexes. Agir sur ce réseau pour induire une bonne synchronisation in- terne des fonctions est une des stratégies possibles pour traiter, prévenir ou retar- der l'apparition des troubles liés aux dé- synchronisations. Les causes de ces dé- synchronisations peuvent toutefois être multiples et se situer aux différents ni- veaux d'organisation du système (rétine, horloge, voies nerveuses synchronisa- trices, voies nerveuses de sortie, ré- ponses hormonales, etc.). Comprendre l'organisation hiérarchique du système circadien multi-oscillant avec les NSC comme chef d'orchestre peut aider la recherche clinique en ci- blant les NSC pour développer de nou- velles approches thérapeutiques. Contrairement aux autres efférences hor- monales de l'horloge, le rythme de MLT est très stable et ne dépend que des NSC et du cycle jour/nuit. Comme détaillé |