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l
Neurone
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Vol 17
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N°9
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2012
lement les autres signes positifs du syn-
drome pyramidal que sont les spasmes,
les co-contractions (contractions simul-
tanées des muscles agonistes et antago-
nistes) et le clonus de sorte que l'on
pourrait parler de «spasticités» au plu-
riel. En effet, l'expression clinique de la
spasticité varie en fonction de l'affection
neurologique: des spasmes en flexion
chez le paraplégique, un pied équin
avec clonus chez l'hémiplégique et un
tonus basal constant chez le traumatisé
crânien. D'un point de vue clinique et
thérapeutique, le concept de «parésie
spastique déformante» récemment déve-
loppé est utile, car il souligne les 3
causes principales d'incapacité de nos
patients sur lesquels nos traitements
doivent porter: la parésie, la spasticité et
la rétraction (2).
Des traitements avec des
objectifs précis
Le patient spastique présente des déficits
(parésie,
spasticité...)
responsables
d'une incapacité (difficulté à marcher,
douleur...), elle-même génératrice d'un
handicap (isolement professionnel, so-
cial, familial...). Le traitement de la spas-
ticité ne doit pas être un but en soi mais
un moyen de réduire l'incapacité du pa-
tient et si possible son handicap. Les
plaintes du patient doivent donc être
précisément établies et servir de base à
notre action. Il peut s'agir de difficultés à
la marche (lenteur ou instabilité de che-
ville) ou pour la préhension (difficulté à
prendre mais aussi à relâcher les objets),
de difficultés pour l'habillage en cas de
bras spastique, de douleurs liées à des
appuis pathologiques ou plus directe-
ment à la contraction musculaire, de
chutes de la chaise roulante en raison de
spasmes chez le patient paraplégique,
voire de déformations inesthétiques
telles que le flexum de coude. En fonc-
tion des plaintes, il convient de définir
avec le patient des objectifs réalistes,
réalisables et précis.
Une multitude de traitements
possibles
Les traitements de la spasticité, articulés
autour de la rééducation, sont classés
en fonction de leur caractère réversible
ou permanent et de leur action locale
ou générale (Figure 1). En cas de spasti-
cité généralisée, on utilise principale-
ment des traitements réversibles comme
les médications orales ou la pompe à
baclofène. Les traitements irréversibles
comme la rhizotomie (chez l'enfant
IMC) et la DREZotomie (pour Dorsal
Root Entry Zone
) pour la spasticité dou-
loureuse du membre supérieur sont
plus rarement proposés. En cas de spas-
ticité localisée, on utilise des traite-
ments médicaux réversibles de déner-
vation chimique (toxine botulique, al-
cool et phénol) ou chirurgicaux avec
résultats définitifs (neurotomie et chirur-
gie orthopédique).
Le choix du traitement et des buts à at-
teindre varie également en fonction de
l'affection initiale, de la localisation et
de l'importance de la spasticité et des
déficits associés. Ce choix est rendu plus
complexe encore par le nombre de trai-
tements disponibles, la multitude de
plaintes et de tableaux cliniques diffé-
rents et les souhaits, parfois différents
pour un même tableau clinique, du pa-
tient. Les traitements de la spasticité sont
nombreux, souvent complémentaires, et
font appel aux compétences de diffé-
rentes spécialités tant médicales que
chirurgicales. Il n'existe par ailleurs pas
de «guidelines» thérapeutiques précis.
Le piège serait donc de traiter le patient
en fonction de notre sensibilité et non en
fonction de sa spécificité. Afin de traiter
la spasticité, il convient de disposer d'un
diagnostique neurologique précis, d'une
rééducation neurologique adéquate,
d'une connaissance précise du rôle de la
spasticité dans les plaintes du patient et
de l'ensemble des traitements dispo-
nibles. Depuis 1999, la Consultation In-
terdisciplinaire de la Spasticité du CHU
de Mont-Godinne (UCL) regroupe des
médecins issus des services de médecine
physique et réadaptation, de neurochi-
rurgie, de chirurgie orthopédique,
d'anesthésiologie et de neurologie afin
de proposer aux patients spastiques le
traitement le plus adapté (3).
L'évaluation du patient
spastique
L'évaluation clinique du patient spastique
se fait selon les 3 piliers de la classification
internationale (ICF) du handicap de
l'OMS: déficience (faiblesse, spasticité,
rétraction, vitesse de marche), incapacité
(échelle d'incapacité tel que FAC, FWC
SPASTICITE GENERALISEE
SPASTICITE LOCALISEE
Médications orales
Pompe à baclofène
Drezotomie
Rhizotomie
Blocs anesthésiques
Alcool / phénol
Toxine botulique
Neurotomie
Chirurgie orthopédique
REVERSIBLE
PERMANENT
Figure 1: Les traitements de la spasticité.