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l
Neurone
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Vol 17
·
N°9
·
2012
ou ABILOCO) et qualité de vie (échelle
SF36 ou EQ-5D).
L'échelle clinique d'évaluation de la
spasticité la plus utilisée est sans conteste
l'échelle d'Ashworth modifiée par
Bohannon (4) (Tableau 1). Cette échelle
non linéaire mais validée et reproductible
évalue la résistance d'un muscle lors de
son allongement passif. En cas de
spasticité d'origine spinale, qui se traduit
généralement par des spasmes en flexion
des membres inférieurs, on utilise
l'échelle des spasmes de Penn, qui
évalue la fréquence et le caractère
spontané ou induit des spasmes (5)
(Tableau 2).
La cinématique de marche et ses anoma-
lies (pied équin, recurvatum de genou,
rectitude de genou...) est évaluée clini-
quement, et par enregistrement vidéo,
tandis que les paramètres de marche (vi-
tesse, cadence et longueur du pas) sont
évalués au cours d'un test de marche
(test de marche de 10 mètres ou de 6
minutes). Pour le membre supérieur,
l'évaluation en ergothérapie par des tests
spécifiques de préhension permet de
quantifier la lenteur gestuelle du patient
et d'en apprécier les progrès après traite-
ment. Chez le blessé médullaire, toute
augmentation, a fortiori brutale, de la
spasticité devra impérativement motiver
la recherche d'une épine irritative tel
qu'un escarre, une lithiase urinaire ou
tout autre pathologie normalement dou-
loureuse en sous-lésionnel. Dans ce cas,
la spasticité remplace le signal nocicep-
tif dans le territoire anesthésié.
L'intérêt des blocs
diagnostiques comme outil
d'évaluation
Les blocs diagnostiques aux anesthé-
siques, pratiqués en consultation,
consiste à injecter au contact d'un nerf
innervant un muscle spastique un anes-
thésique local, ce qui entraîne une ré-
duction rapide de la spasticité pendant
quelques heures. Une aiguille gainée de
téflon reliée à un appareil EMG permet
d'injecter l'anesthésique au contact di-
rect du nerf après repérage sous contrôle
d'électrostimulation et d'EMG. Après
l'injection, l'examen clinique de la force
des muscles antagonistes et des mobili-
tés articulaires, ainsi que l'évaluation de
la fonction de marche ou de préhension
sont effectués en l'absence de toute
spasticité. Le bloc permet ainsi d'établir
la responsabilité respective de la spasti-
cité, des troubles du contrôle moteur et
des rétractions dans les plaintes du pa-
tient. Il permet surtout au patient de se
rendre compte «de visu» du bénéfice
potentiel d'un traitement de la spasticité
(6) Les blocs nerveux sont une technique
sûre avec peu d'effets secondaires rap-
portés.
L'indispensable rééducation
La spasticité étant la conséquence d'une
pathologie neurologique, le patient spas-
tique a déjà bénéficié d'une prise en
charge rééducative qui reste le socle in-
dispensable à tout traitement de la spas-
ticité. La kinésithérapie est en effet le
seul moyen de traiter les déficits associés
à la spasticité, tels que la faiblesse mus-
culaire, la perte de la motricité fine, les
troubles de la coordination, les rétrac-
tions et les troubles de la marche et de
l'équilibre.
La rééducation comprend des postures
d'étirement musculaires visant à inhiber
la spasticité (dont l'effet est malheureu-
sement transitoire) et à éviter les rétrac-
tions, des exercices de kinésithérapie
neurologique (contrôle de la motricité,
marche, équilibre, endurance), de l'élec-
trostimulation fonctionnelle ainsi que
0
Pas d'augmentation du tonus
1
Légère augmentation du tonus musculaire avec sensation d'accrochage en fin de course
1+
Légère augmentation du tonus musculaire avec sensation d'accrochage en début de course
2
Augmentation importante du tonus durant toute la course mais le segment reste facilement mobilisable
3
Augmentation importante du tonus avec segment difficilement mobilisable
4
Rigidité segmentaire avec mouvement passif impossible
Tableau 1: Echelle d'Ashworth modifiée Bohannon.
0
Absence de spasme
1
Spasme induit par stimulation sensorielle ou mobilisation passive
2
Spasme spontané occasionnel
3
1 à 10 spasmes spontanés par heure
1
Plus de 10 spasmes spontanés par heure
Tableau 2: Echelle de spasme de Penn.