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l
Neurone
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Vol 17
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N°9
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2012
WAD par rapport au groupe témoin,
bien que les différences ne soient pas
significatives. Ces résultats concordent
avec ceux d'une étude électromyogra-
phique publiée antérieurement (53).
O'Leary et al. ont conduit une étude
similaire portant sur les extenseurs
cervicaux, et ils ont trouvé une nuance
relative à l'activation des extenseurs
cervicaux chez les patients souffrant de
nucalgies mécaniques (45). Sur la base
de cette étude, ils ont conclu qu'une
plus ample étude de ce groupe musculaire
est indiquée chez les patients souffrant
de nucalgies.
Un défi scientifique qui s'annonce pour
l'utilisation de l'IRM-fm est qu'il existe une
variabilité inter-individuelle considérable
de la réponse T2 à une activité standardisée.
Par conséquent, l'utilisation du mapping T2
pour comparer les stratégies d'activation et
l'intensité du recrutement entre des indivi-
dus reste controversée. La corrélation entre
T2 et l'intensité de l'exercice est plus élevée
de manière intra-individuelle qu'inter-
individuelle. Dès lors, on peut affirmer que
les techniques analytiques qui évaluent des
modifications relatives de l'intensité du si-
gnal au sein de l'individu (entre différents
moments ou entre différents exercices) ou
celles qui comparent le côté atteint et le
côté non atteint sont les plus adaptées (55).
Une autre approche pour contourner les
limitations des mesures des T2-shifts est
l'utilisation d'un paradigme de douleur
expérimental, qui permet d'évaluer l'in-
fluence de la douleur aiguë sur l'activité
musculaire chez la même personne.
Dickx et al. ont démontré que la douleur
expérimentale induite au niveau du
muscle long dorsal entraînait une dimi-
nution significative de l'activité muscu-
laire des muscles multifides lombaires,
des muscles érecteurs du rachis et des
psoas (14). Cagnie et al. (56, 57) ont ré-
cemment entrepris deux études algolo-
giques expérimentales lors desquelles ils
ont évalué les fléchisseurs et extenseurs
cervicaux au moyen de l'IRM-fm. Dans
les deux études, les résultats ont indiqué
que l'excitation locale des afférences
nociceptives provoque une réorganisa-
tion immédiate de l'activité musculaire
cervicale, ressemblant à celle que l'on
trouve dans les populations cliniques.
Sur cette base, on peut recommander
l'évaluation de la fonction des muscles
cervicaux en cas d'affections de la co-
lonne cervicale.
L'effet de l'entraînement
neuromusculaire
L'IRM-fm a également déjà été utilisée
pour évaluer les adaptations neuromus-
culaires résultant de l'entraînement à
l'endurance. Ploutz et al. (50) et Conley
et al. (58) ont trouvé que, après un en-
traînement à l'endurance, il se produi-
sait un recrutement moindre lorsque
l'exercice était effectué à la même
charge absolue, mais qu'on ne notait
pas de différence sur le plan de l'activi-
té métabolique oxydative des fibres
musculaires. Ces résultats peuvent indi-
quer l'activation d'un moins grand
nombre d'unités motrices pendant la
réalisation de l'exercice. Akima et al. ont
conclu que l'entraînement à l'endu-
rance contrecarre le déconditionne-
ment du système neuromusculaire et/ou
de la capacité métabolique et que, de
ce fait, ce type d'exercices pourrait être
utile pour la prévention du décondi-
tionnement musculaire (59).
Études futures
Les études utilisant l'IRM-fm ne sont pas
tellement nombreuses et de plus amples
études sont nécessaires pour étayer les
mécanismes sous-jacents de l'IRM-fm
ainsi que l'optimalisation technique de
cette méthode. Dès lors, il faudra par
exemple faire des efforts pour améliorer
la qualité de l'imagerie, réduire les arte-
facts et augmenter le nombre de muscles
pouvant être étudiés simultanément.
Conclusion
L'IRM-fm est une technique relativement
nouvelle et innovatrice qui permet
d'examiner les schémas normaux et
anormaux d'activation musculaire chez
des individus, durant un exercice.
L'avantage de la technique est qu'elle
permet d'évaluer l'activité musculaire de
muscles profonds ou voisins et chevau-
chants, et ce de manière non invasive.
Cette technique offre dès lors de nom-
breuses possibilités pour étudier davan-
tage et pour étayer scientifiquement
l'évaluation et la revalidation des pa-
tients souffrant d'affections musculo-
squelettiques, que ce soit en tant que
technique isolée ou en association avec
d'autres méthodes non invasives.
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De plus amples études sont
nécessaires pour étayer les
mécanismes sous-jacents de
l'IRM-fm ainsi que
l'optimalisation technique de
cette méthode.