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l
Neurone
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Vol 17
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N°9
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2012
couplé à l'activation du muscle visé,
dans quelle mesure ou à quelle intensité
il a été activé et s'il s'est éventuellement
produit une substitution. Des études ont
évalué l'activité musculaire lors d'exer-
cices des membres inférieurs (extension
du genou, extension et flexion de la che-
ville, marche et pédalage) (14, 26, 27,
46, 47) et des membres supérieurs ainsi
que du tronc (15, 21-23, 29, 32, 34, 35).
D'autres études se sont concentrées sur
l'impact de la modification d'un des para-
mètres utilisés lors de l'établissement
d'une série d'exercices (type de contrac-
tion, vitesse, intensité) (29, 37, 48). Le
muscle droit antérieur de la cuisse
s'avère par exemple davantage activé
que les autres parties du muscle quadri-
ceps au cours d'extensions du genou iso-
cinétiques par rapport aux extensions
isotoniques (49, 50). Kulig et al. (48) ont
étudié l'effet de la vitesse de contraction
excentrique sur l'activité des fléchisseurs
du coude principaux durant deux proto-
coles d'exercices isotoniques. Ils ont
trouvé une réponse variable aux diffé-
rentes vitesses, ce qui n'avait jamais été
démontré précédemment dans des
études électromyographiques similaires.
Les résultats indiquent que les modifica-
tions de l'intensité du signal sont asso-
ciées à des différences dépendant des
tâches et qu'elles sont peut-être influen-
cées par les besoins métaboliques et/ou
l'activation neurale (51). Cette étude in-
dique que l'IRM-fm est une méthode de
mesure plus sensible que l'EMG pour
étudier ce phénomène.
L'IRM-fm fournit également au clinicien
des notions au sujet de l'efficacité d'un
exercice, étant donné que les résultats
indiquent dans quelle mesure on solli-
cite un muscle ou un groupe musculaire
spécifiques. Takeda et al. (35) ont trouvé
des augmentations significativement
plus importantes du temps de relaxation
T2 pour le muscle sus-épineux en ré-
ponse aux exercices empty can et full
can
(abduction de l'épaule effectuée
dans le plan scapulaire, le pouce étant
respectivement positionné vers le bas et
vers le haut) par rapport à un exercice
d'abduction horizontale chez des per-
sonnes en bonne santé. Ces résultats in-
diquent que ces exercices (empty can/
full can) constituent une meilleure straté-
gie pour entraîner spécifiquement la
fonction (p. ex. force, endurance) du
muscle sus-épineux (52). Au sein de
notre groupe d'étude, Cagnie et al. ont
utilisé l'IRM-fm pour évaluer l'activité
des fléchisseurs cervicaux durant diffé-
rents exercices de flexion cervicale (32).
Sur ce plan, il est clairement apparu que
le muscle grand droit antérieur de la tête
(profond) était plus actif que les fléchis-
seurs cervicaux plus superficiels au
cours d'un exercice de flexion cranio-
cervicale. Ceci a confirmé le caractère
adéquat d'un exercice de flexion cranio-
cervicale pour les patients souffrant de
nucalgies, connus pour présenter une
diminution de l'activité des muscles flé-
chisseurs cervicaux profonds en pré-
sence d'une activité accrue des muscles
fléchisseurs superficiels (53). Ces résul-
tats étaient cohérents vis à vis d'une
étude précédente de Cagnie et al., lors de
laquelle des mesures par EMG ont été
utilisées pour étudier les exercices de
flexion craniocervicale (54). Une autre
étude comparable a récemment été
conduite par Elliot et al. (3), durant
laquelle l'IRM-fm a été utilisée pour éva-
luer l'impact de l'orientation craniocer-
vicale sur l'activité des extenseurs cervi-
caux pendant des exercices d'extension.
Chez les volontaires en bonne santé, on
a observé que tant les extenseurs pro-
fonds que les extenseurs superficiels
étaient actifs dans les deux exercices.
Toutefois, on a trouvé des T2-shifts signi-
ficativement plus importants pour les
muscles grands complexus plus superfi-
ciels lorsque l'exercice était effectué
avec la région craniocervicale en exten-
sion. Les résultats de cette étude in-
diquent une fois de plus que, grâce à
l'IRM-fm, nous pouvons évaluer scienti-
fiquement des exercices recommandés
en pratique clinique.
Modifications des schémas
d'activation chez les patients
souffrant de troubles musculo-
squelettiques
Il n'existe jusqu'à présent qu'un nombre
limité d'études ayant utilisé l'IRM-fm
pour examiner les modifications des
schémas d'activation musculaire chez
les patients souffrant de troubles muscu-
lo-squelettiques. Cagnie et al. (33) ont
étudié l'activité des fléchisseurs cervi-
caux chez les patients souffrant de
troubles associés à un whiplash
(whiplash-associated disorders ou
WAD). Ils ont noté une tendance mar-
quée à une activité moindre des muscles
profonds dans le groupe souffrant de
Un défi scientifique qui
s'annonce pour l'utilisation de
l'IRM-fm est qu'il existe une
variabilité inter-individuelle
considérable de la réponse T2
à une activité standardisée.
Points importants:
·
Les mesures des T2-shifts nous offrent une méthode puissante pour évaluer
le recrutement musculaire lors d'exercices spécifiques.
·
On dispose déjà de quelques études cliniques lors desquelles on a démon-
tré des adaptations du type de recrutement chez les patients, à l'aide de
l'IRM-fm.
·
L'IRM-fm convient également pour étayer l'effet de l'entraînement neuro-
musculaire.