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l
Neurone
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Vol 17
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N°9
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2012
cadre des processus physiologiques
(sous-)maximaux liés au rendement
musculaire. Pour cette raison, on part
actuellement du principe que le T2-shift
est un biomarqueur précis pour l'évalua-
tion des niveaux moyens d'activité mus-
culaire, mais qu'il est moins valide pour
les niveaux d'activité plus faibles et plus
élevés.
Plusieurs études ont fait une comparai-
son entre le décalage de T2 et l'ampli-
tude du signal EMG des muscles, et ce
tant dans les membres inférieurs qu'au
niveau de la colonne lombaire (24, 27,
28, 31). Les résultats varient selon les
études et les muscles et, bien que les
mesures par IRM et par EMG de surface
ne correspondent pas tout à fait, on peut
néanmoins affirmer que ces études dé-
montrent une relation systématique (24,
27, 28, 31). L'absence de correspon-
dance totale entre l'EMG et les valeurs
de T2-shifts pourrait s'expliquer par des
différences au niveau de la base physio-
logique des deux méthodes. L'amplitude
du signal à l'EMG reflète l'activation
électrique du tissu musculaire, tandis
que les T2-shifts mesurent l'activité méta-
bolique au sein du tissu musculaire.
En ce qui concerne la fiabilité des me-
sures, les mesures effectuées sur la base
des T2-shifts ont une reproductibilité éle-
vée entre différents testeurs, avec des
coefficients de corrélation intra-class et
des erreurs de mesure standard allant
respectivement de 0,87 à 0,94 et de 1,64
à 2,75ms (en fonction des muscles éva-
lués) (32-34). Cette reproductibilité éle-
vée des résultats est un avantage impor-
tant de la méthode d'IRM par rapport à
l'EMG de surface et aux techniques
d'EMG à l'aiguille (35).
Avantages et limites de l'IRM-fm
Par rapport à l'EMG, l'IRM-fm est une
technique d'évaluation précieuse et
complémentaire pour mesurer le travail
musculaire. Bien que les deux tech-
niques aient des qualités de mesure
uniques, l'IRM-fm présente cependant
quelques avantages. Il s'agit d'une mé-
thode d'évaluation précieuse qui permet
d'accéder de manière non invasive à des
structures musculaires situées en profon-
deur. En outre, il n'y a pas de cross-talk,
ce qui est une limite générale en cas de
mesures par EMG de surface.
Accès non invasif à des muscles
profonds
L'IRM-fm permet, de manière non inva-
sive et au moyen d'un seul examen par
IRM, d'effectuer des mesures à différents
endroits dans différents muscles. Ceci est
particulièrement avantageux pour l'éva-
luation de structures musculaires situées
en profondeur dans le système musculo-
squelettique, qui ne sont pas directe-
ment accessibles à d'autres méthodes
d'examen, comme l'EMG de surface ou
intramusculaire, et ce en raison de leur
profondeur et de la proximité d'autres
structures telles que des viscères. De ce
fait, l'IRM-fm a gagné en popularité dans
les études évaluant la fonction muscu-
laire, lors desquelles on teste la muscula-
ture paravertébrale profonde (23, 29, 32,
34, 36, 37). Auparavant, celle-ci s'avérait
difficile à atteindre par EMG invasive, et
la méthode n'était pas dénuée de risques
(3, 38-41).
Élimination des problèmes lors
de mesures par EMG, comme
le cross-talk
Bien que les mesures par EMG présen-
tent l'avantage d'évaluer les niveaux
d'activité des muscles en temps réel,
l'utilisation de cette technique va sou-
vent de pair avec d'autres problèmes.
Avec une EMG de surface, il est difficile
d'obtenir un signal reflétant l'activité iso-
lée du muscle visé. Premièrement, les
muscles plus profonds sont difficilement,
voire pas du tout accessibles avec des
électrodes de surface (42). Deuxième-
ment, le signal est souvent contaminé
par l'activité électromyographique des
muscles avoisinants. Ce dernier phéno-
mène porte le nom de cross-talk ou dé-
tection croisée (16). L'utilisation de
l'EMG intramusculaire permet de sur-
monter ces deux problèmes. À cet égard,
l'activité musculaire est enregistrée par
le biais d'un fil ou d'une aiguille que l'on
introduit dans un muscle. L'inconvénient
de cette technique est que l'électrode
intramusculaire capte des signaux prove-
nant d'un groupe d'unités motrices en
relation avec l'endroit d'insertion de
l'électrode, et qui n'est peut-être pas re-
présentatif de l'activité de l'ensemble du
muscle. Par contre, l'IRM-fm permet
d'effectuer des mesures sans ces pro-
blèmes de cross-talk. En outre, l'IRM-fm
évite également les éventuels problèmes
de signaux rencontrés avec l'EMG, suite
à la résistance du tissu sous-cutané et au
type d'électrode.
Limitations des mesures par
IRM-fm
Outre les contre-indications absolues de
l'IRM, telles que les pacemakers, clips
d'anévrismes cérébraux, corps étrangers
métalliques et la claustrophobie, plu-
sieurs limitations sont inhérentes à la
Points importants:
·
L'IRM-fm est un outil de mesure
très fiable pour la mesure de
l'activité métabolique d'un
muscle squelettique au repos et
après l'activation.
·
Le T2-shift est un paramètre
précis pour l'évaluation des ni-
veaux modérés de travail mus-
culaire, mais il est potentielle-
ment moins valide pour les
niveaux d'activités plus élevés
et plus faibles.
·
On n'a pas constaté de corres-
pondance absolue entre les me-
sures de l'activité musculaire
par EMG et par IRM-fm, ce qui
est peut-être imputable à leurs
caractéristiques de mesure diffé-
rentes.