![]() modèles métaboliques et interactions de tel ou tel produit ou classe, il est bien plus pratique de respecter quelques grands principes de la pharmacologie, lesquels permettent d'éviter facilement 90% des pièges en termes de prescription. conteste l'aspect le plus important de tout médicament, qu'il s'agisse d'un neuroleptique, d'un antidépresseur ou d'un anxiolytique. Nous devons en effet savoir comment et pourquoi un produit agit de telle ou telle façon. La question est donc la suivante: «Que nous apprend la pharmacodynamique de ce produit, autrement dit, comment le produit inter- agit-il avec l'organisme?» ou, plus exac- tement, «Sur quel(s) récepteur(s) la molé- cule agit-elle et avec quelle affinité?». Aussi, les profils d'affinité pour les ré- cepteurs (tableaux Ki) constituent la clé de la sagesse pharmacodynamique. seul récepteur. C'est le cas des benzodia- zépines, qui ne produisent leur effet que sur le récepteur GABA-A. Les associer à un autre produit de la même classe ne sert à rien. C'est totalement inutile et cela ouvre rapidement la voie au surdosage, à une accumulation et, par conséquent, à des effets toxiques. Prendre du bromazépam le matin et du clonazépam le soir comme somnifère est donc illogique d'un point de vue pharmacodynamique. On peut objec- ter que le profil pharmacocinétique est dif- férent mais, souvent, ce n'est pas le cas des métabolites qui peuvent facilement s'ac- cumuler, ce qui entraîne couramment un risque de déficit attentionnel cognitif et de chutes chez les personnes âgées. Lorsque l'on utilise des diazépines, il faut en effet être conscient que de nombreux produits génèrent une cascade de métabolites actifs dont la demi-vie peut varier. Les benzodia- zépines réellement pures produisent peu de métabolites. fluoxétine, etc.) inhibent les transpor- teurs de recapture de la sérotonine et agissent tous sur le même récepteur. La combinaison de 2 ISRS ou plus n'a donc aucune utilité rationnelle. Il en va de même pour les combinaisons ISRS + IRSN. La plupart des IRSN inhibent uni- quement la recapture de la noradréna- line lorsque les concentrations sont éle- vées. Ainsi, l'administration de venla- faxine 150 ou 200mg ou de duloxétine 60 ou 120mg fait à coup sûr augmenter la noradrénaline, mais à ce moment, l'inhibition des transporteurs de la séro- tonine est déjà très importante, si bien que l'ajout d'un autre ISRS offre peu d'avantage pour le traitement de la dé- pression (le risque d'apparition d'un syn- drome sérotoninergique est en revanche bien réel, ce qu'il vaut mieux éviter). agissent sur plusieurs récepteurs? agissant sur plusieurs récepteurs sont tout aussi irrationnelles. La quétiapine en faibles doses (par exemple < 400mg) a un effet limité sur le récepteur dopami- nergique D2 (action essentiellement irré- versible), mais puissant (Ki: profil d'affi- nité) sur les récepteurs H1, 5HT2a et 5HT2c, et son métabolite actif agit sur le transporteur de la noradrénaline (NET). La mirtazapine produit le même effet, si bien que l'ajout de mirtazapine à un schéma contenant déjà de la quétiapine (en faible dose) n'a que peu d'intérêt, voire aucun. Pour la même raison, l'association de la buspirone (un antagoniste du récepteur 5HT1-A) à des produits qui agissent déjà intrinsèquement comme des agonistes du récepteur 5HT1-A (p. ex., aripiprazole, zi- prasidone, quétiapine, clozapine et aséna- pine) renforce peu l'efficacité du traitement. Dans les sous-groupes d'antipsycho- tiques dits de «deuxième génération» ou atypiques, on constate souvent aussi des lisation des combinaisons rispéridone + palipéridone, d'une part, et quétiapine + olazanpine + clozapine, d'autre part. En revanche, la combinaison rispéridone + quétiapine peut s'avérer plus utile. Tout dépend du profil d'action sur les récep- teurs et de l'affinité. Les considérations d'ordre pharmacodynamique sont im- portantes non seulement pour le choix du traitement initial, mais peut-être en- core davantage lors du passage à un autre schéma thérapeutique. Pensez tou- jours à la possibilité de régulation ascen- dante des récepteurs. Après l'arrêt de la rispéridone, par exemple, on peut obser- ver une régulation ascendante du récep- teur 5HT2-A (akathisie) qui ne sera pas neutralisée par l'administration d'halopé- ridol ou d'aripiprazole (lesquels ont peu d'affinité pour le récepteur 5HT2-A). Un passage rapide à l'aripiprazole après un traitement de longue durée à base de quétiapine entraînera la régulation as- cendante d'une grande population de récepteurs H1 (avec agitation, anxiété et nervosité à l'avenant). Souvent, les effets secondaires liés à l'arrêt du produit A sont imputés à l'administration du nou- veau produit B, si bien que la substitu- tion est considérée comme un «échec». C'est une erreur de jugement très fré- quente. En effet, corrélation n'est pas for- cément synonyme de causalité. Ainsi, en cas de remplacement trop rapide de pro- duits ayant une très grande affinité pour les récepteurs D2 par des produits avec une faible affinité pour ces récepteurs (par exemple remplacement d'halopéri- dol ou de rispéridone par la quétiapine), la psychose (symptômes positifs) peut réapparaître. A l'inverse, la dépression peut revenir après le remplacement de la quétiapine (puissant effet antidépresseur intrinsèque) par l'halopéridol. Les bons schémas de substitution veillent donc toujours à mettre en oeuvre une procédure progressive prévoyant une période suffisamment longue de chevau- chement des traitements, tout en prenant |