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OrthO-rhumatO | VOL 11 | N°6 | 2013
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FlorE intEStinalE Et artHritE:
un liEn quElconquE?
Des recherches sur des animaux de laboratoire ont démontré que la flore intestinale influence la prédisposition aux
maladies auto-immunes et leur gravité, notamment l'arthrite et le diabète de type 1. Des chercheurs américains
viennent de franchir une étape décisive dans la transposition à l'être humain de ces constatations effectuées sur
des animaux de laboratoire. Leurs résultats ont été publiés dans eLife.
La flore intestinale, à savoir l'ensemble complexe de bac
téries qui résident normalement dans le tractus gastro
intestinal, influence un grand nombre de processus dans le
corps, du métabolisme du glucose au rythme circadien en
passant par les défenses immunitaires. On sait déjà depuis
de nombreuses années que la flore intestinale est néces
saire pour un bon développement du système immunitaire
et que les modifications au niveau de la composition bac
térienne sont associées à des anomalies immunologiques,
plus particulièrement des affections autoimmunitaires.
Il est plausible que la flore intestinale influence la pré
disposition aux maladies autoimmunes intervenant au
niveau de l'intestin (maladies intestinales inflammatoires,
MII) et leur gravité. En revanche, il est plus surprenant
de constater qu'elle aurait aussi un impact important sur
d'autres maladies autoimmunes, telles que le diabète de
type 1 et l'arthrite. Une équipe de chercheurs originaires
d'Amérique, de GrandeBretagne et d'Italie a déjà publié
mutation dE la PlS3 Et oStéoPoroSE
La plastine 3, une protéine qui intervient dans la formation des filaments d'actine, semble jouer aussi un rôle
important dans la santé des os. Des mutations au niveau du gène qui code la plastine 3 pourraient à leur tour
influencer l'étiologie de l'ostéoporose. Voilà ce que suggère une étude parue dans le NEJM.
Une meilleure compréhension des causes de l'ostéoporose
est essentielle pour pouvoir optimiser la prévention, le diag
nostic et le traitement. Des recherches sur des affections
génétiques rares qui s'accompagnent d'une baisse de la den
sité osseuse peuvent aider à identifier des facteurs géné
tiques pouvant être à la base de l'ostéoporose.
On sait, par exemple, que la protéine plastine 3 (PLS3) in
tervient dans la formation de filaments d'actine (actine F).
Selon des chercheurs néerlandais, la PLS3 jouerait aussi
un rôle important dans la santé des os. Ils se fondent sur
le fait que des variantes pathogénétiques de la PLS3 ont été
détectées dans cinq familles atteintes d'ostéoporose liée au
chromosome X et de fractures ostéoporotiques.
De plus, des observations réalisées lors d'analyses in vivo de
poissons zèbres indiquent que la PLS3 aurait des proprié
tés ostéorégulatrices. Faute d'autres modèles animaliers, les
chercheurs ont utilisé le modèle du poisson zèbre. Chez ces
animaux présentant une expression réduite (knockdown)
de la PLS3, les auteurs ont constaté des malformations
dans la structure osseuse cranofaciale en développement,
la colonne vertébrale et la queue. L'administration d'ARN
messager humain de la protéine PLS3 a permis de corriger
ces malformations. A noter également: chez ces animaux,
les muscles contenant de l'actine F étaient aussi difformes.
Chez cinq autres familles, réorientées pour diagnostiquer/
exclure une ostéogenèse imparfaite de type I, une variante
rare de la PLS3 (rs140121121) a été identifiée. Cette variante
était associée par ailleurs à un risque de fracture deux fois
plus élevé chez les femmes hétérozygotes âgées que dans
une population non porteuse. On peut dès lors supposer
que des variations génétiques de la PLS3 sont un nouveau
facteur étiologique dans les ostéoporoses très fréquentes et
multifactorielles.
Le mécanisme exact sousjacent au fait que des mutations
de la PLS3 peuvent entraîner de l'ostéoporose et des frac
tures reste toutefois incertain. Les auteurs supposent que les
mutations de la PLS3 ont un effet dérégulateur sur les ostéo
cytes et donc, indirectement, sur la transformation osseuse,
ce qui peut donner lieu à de l'ostéoporose et des fractures.
De nouvelles études devront préciser ce mécanisme.
van dijk F, Zillikens m, micha d, et al. pls3 mutations in X-linked osteoporosis with Fractures.
n engl J med 2013;369:1529-36.