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OrthO-rhumatO | VOL 11 | N°6 | 2013
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l'atrophie du quadriceps, et de 5-10% pour une perte mo
dérée à sévère de la force quadricipitale. Si on tient compte
des répercussions de la lésion sur les capacités fonction
nelles de quelqu'un, sur le plan personnel et profession
nel, on parle de «disability». Au niveau de la CIF, ceci
correspond au niveau d'activités et de participation. Les
échelles d'évaluation qui mesurent l'impairment peuvent
servir de base pour l'évaluation de la disability, mais ne
peuvent y être assimilées. L'échelle européenne pour la
détermination du degré d'invalidité physique et psychique
(CEREDOC) (5) vise, au moyen d'un chiffre d'IPP (Invali
dité Physique et Psychique), à exprimer un ordre de gran
deur de l'incapacité personnelle pour les activités de base
de la vie quotidienne (il s'agit donc plutôt de disability). A
l'exception des lésions musculotendineuses anatomiques
générales pour lesquelles on fixe un pourcentage d'invali
dité compris entre 0 et 5%, on fait uniquement référence
aux causes sousjacentes en ce qui concerne la dysfonction
quadricipitale non neurogène.
mESurES du PérimètrE dE la cuiSSE
Les mesures du périmètre de la cuisse sont systématique
ment réalisées lors de l'évaluation de lésions du membre
inférieur, afin de comparer la symétrie et, ce faisant, d'ob
jectiver les gonflements et surtout l'atrophie musculaire.
A cet égard, on peut se poser deux questions évidentes,
en l'occurrence: dans quelle mesure une diminution de
la circonférence de la cuisse estelle corrélée à une dimi
nution du volume musculaire, et surtout, dans quelle
mesure une diminution de la circonférence de la cuisse
se traduitelle par une diminution de la force musculaire
des groupes musculaires concernés? Bien qu'on puisse
mesurer les périmètres de la cuisse de manière fiable (6, 7),
les corrélations entre les mesures périmétriques et les
volumes musculaires mesurés à l'imagerie, au moyen de
l'échographie, d'un CT scan et d'une IRM sont globalement
plutôt modérées à bonnes, avec un coefficient de corréla
tion compris entre 0,69 et 0,85 (8, 9). La relation entre les
tests isométriques ou isocinétiques de force pour le qua
driceps, d'une part, et les mesures de la circonférence ou
du volume musculaire de la cuisse (à l'exception de l'IRM),
d'autre part, est généralement beaucoup moins bonne. La
relation positive est nulle, faible ou modérée, avec un coef
ficient de corrélation compris entre 0,16 et 0,66 (2, 7, 9,
10). Les corrélations entre les mesures périmétriques et la
force musculaire sont moins claires en cas de traumatisme
du membre inférieur par rapport à un membre sain (9, 10).
De manière générale, on peut conclure qu'en termes d'éva
luation des dommages corporels, les mesures de la circon
férence de la cuisse ne sont pas suffisamment valides pour
pouvoir statuer au sujet de la (dys)fonction du quadriceps
y afférente.
tESting manuEl dE la ForcE muSculairE
En pratique clinique de routine ainsi que lors d'examens
dans le cadre des assurances et lors d'un suivi en revalida
tion, la force du quadriceps est le plus souvent estimée à
l'aide d'une évaluation manuelle simple de la force isomé
trique lors de l'extension du genou. L'échelle de référence
la plus utilisée est celle de Lovett, dans laquelle les gra
dations de la force musculaire sont classées de 0 à 5. Les
recommandations spécifiques pour les tests standardisés
sont notamment décrites dans l'ouvrage de base de Ken
dall et al. (11). On peut cependant s'interroger, à juste titre,
sur la précision de ces mesures et leur utilité pratique. Chez
les patients neurologiques, chez qui on observe toutes les
gradations au niveau de la force musculaire, on constate
que le testing manuel de la force musculaire est associé à
une bonne fiabilité intra-évaluateurs, surtout s'il est réalisé
par des cliniciens bien entraînés (scores kappa entre 0,80-
0,99) (12). En outre, les corrélations avec la dynamomé
trie se sont avérées modérées à bonnes: r = 0,48-0,90 (13).
Pour les gradations 4 et 5, la fiabilité inter-évaluateurs est
clairement moindre: les scores kappa varient entre 0,25 et
0,75 (14). La sensibilité pour établir une distinction entre
les gradations 4 et 5 avoisine 70 pour cent, tandis que la
spécificité avoisine 80 pour cent (13). Si on compare la
gradation de force musculaire 5, mesurée via dynamomé
trie isocinétique avec une gradation 3, on remarque qu'on
atteint une très grande marge de forces, soit en moyenne
88 pour cent de la force maximale. D'après plusieurs don
nées de la littérature, le testing manuel de la force mus
culaire, en majeure partie la gradation 4, ne permet pas
d'établir une distinction suffisante dans ce grand intervalle
de forces (15,16). On peut donc conclure que, lorsqu'il
faut statuer au sujet d'une force supérieure à 3, ce qui est
généralement le cas lors de l'évaluation d'une dysfonction
posttraumatique du quadriceps, il faut mesurer la force
via une dynamométrie, puisque la mesure manuelle de la
force musculaire s'avère inadéquate et n'est pas précise cli
niquement.
lE tESting iSocinétiquE dE la ForcE muSculairE
L'évaluation de l'impairment englobe l'évaluation des
troubles structurels et fonctionnels. La fonction des
muscles est de produire une force. Dès lors, des mesures
objectives et fiables ­ de préférence les plus fonctionnelles
possibles ­ de la force musculaire, dans ce cas la force d'ex
tension du genou, sont indispensables pour mesurer adé
quatement la fonction du quadriceps. Une de ces méthodes
de mesure est l'évaluation isocinétique des forces (Figure
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). Lors de ce testing, la résistance externe est variable et
les segments du corps bougent les uns par rapport aux
autres selon une vitesse angulaire constante. Par rapport