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nombre de prescriptions d'antibiotiques
(13).
Une action sur les symptômes
gastro-intestinaux
Le nouveau-né est inoculé normalement
par la flore vaginale au passage de la
filière pelvigénitale, avant de sélectionner
rapidement des bifidobactéries qui
deviennent ainsi prédominantes. Cette
situation perdure jusqu'au sevrage,
l'introduction du biberon menant
directement à la diversification de la
flore. Les bébés nourris au biberon
auront une flore intestinale variée,
composée de bifidobactéries, d'E.
Coli et de lactobacilles. Cependant,
de par sa concentration élevée en
oligosaccharides, le lait maternel stimule
la croissance des bifidobactéries, ce qui
protège contre l'atopie et les infections,
tout en favorisant un péristaltisme
intestinal efficace. Les prébiotiques
ajoutés à l'alimentation artificielle
exercent le même effet en permettant
l'accroissement de la population de
bifidobactéries, ce qui aide à lutter
contre la constipation (14) et à réduire
l'incidence des diarrhées infantiles (15).
Confirmé par Cochrane
Tous ces bénéfices ont été résumés
dans une récente revue Cochrane (16).
Il est donc intéressant de proposer
aux nourrissons des aliments enrichis
en prébiotiques, ce que tous ne
possèdent pas.
Encore faut-il s'assurer de la persistance
de cet effet, ce qu'a réalisé une étude
conduite auprès de 152 enfants à risque
qui ont reçu les laits artificiels durant
6 mois et ont été suivis durant 2 ans.
Au terme de cette étude, les enfants
du groupe prébiotique (scGOS/lcFOS)
ont vu une réduction significative
de l'incidence des manifestations
allergiques: dermatites atopiques,
wheezing et urticaire (7). De plus, ces
enfants ont présenté moins d'épisodes
infectieux respiratoires supérieurs,
moins d'épisodes fébriles et moins de
prescriptions d'antibiotiques, suggérant
ainsi que la protection offerte perdure
sur le long terme, voire sur le très long
terme, comme le suggère une autre
étude réalisée par la même équipe sur
92 enfants qui ont été suivis durant 5 ans
(8). Les auteurs ont également observé
une belle tendance à la réduction des
rhinoconjonctivites et des urticaires
allergiques. Ces mêmes études ont
souligné que l'apport de prébiotiques
dans l'alimentation artificielle réduit
de manière significative également
l'incidence des cas de dermatite
atopique dans une population à faible
risque. Dans cette étude qui portait sur
930 enfants, le NNT (Number Needed to
Treat, ou nombre de patients à traiter
pour obtenir l'effet attendu) pour
prévenir un cas de dermatite atopique
à un an est très faible puisque calculé à
25 (9).
Prévention des infections:
une autre piste intéressante
Les IgA sécrétoires (sIgA) jouent un rôle
important dans les processus de défense
du tractus gastro-intestinal et le taux
fécal des anti-sIgA est un bon indice
de la neutralisation et de la clairance
des virus. Chez les enfants nourris
artificiellement et qui ne possèdent
pas ces sIgA maternels, l'adjonction de
prébiotiques pourrait contribuer à en
favoriser la production endogène, ce qu'a
expérimenté une équipe néerlandaise
en mesurant les taux fécaux de sIgA chez
des enfants nourris avec un lait artificiel
classique, un lait enrichi en GOS/FOS
à raison de 0,6g ou en bifidobactéries.
Seuls les enfants du groupe prébiotiques
ont vu une augmentation significative
par rapport au placebo du taux de sIgA
fécaux, témoignant ainsi de la possibilité
de stimuler le développement d'une
réponse immunitaire muqueuse (10).
Cette expérience a été répétée avec
succès dans deux études à plus grande
échelle (11, 12). Ce bénéfice se traduit
sur le plan clinique par une réduction de
fréquence des infections respiratoires
récidivantes et par une réduction du
Références
1. www.worldgastroenterology.org/assets/downloads/fr/pdf/
guidelines/19_probiotics_prebiotics_fr.pdf.
2. Schley C, Field J. Br J Nutr 2002;87 Suppl 2:S221-30.
3. Boehm G, Stahl B. Oligosaccharides. In: Mattila-Sandholm T
editors. Functional dairy products. Cambridge:
Woodhead Publishing; 2003;p. 203-43.
4. Knol J, et al. J Pediatr Gastroenterol Nutr 2005;40(1):36-42.
5. Thomas D, et al. Pediatrics 2010;126(6):1217-31.
6. Moro G, et al. Arch Dis Child 2006;91(10):814-9.
7. Arslanoglu S, et al. J Nutr 2008;138(6):1091-5.
8. Arslanoglu S, et al. J Biol Regul Homeost Agents 2012;26(3
Suppl):49-59.
9. Grüber C, et al. J Allergy Clin Immunol 2010;126(4):791-7.
10. Bakker-Zierikzee A, et al. Pediatr Allergy Immunol
2006;17(2):134-40.
11. Scholtens P, et al. J Nutr 2008;138(6):1141-7.
12. Arslanoglu E, et al. J Nutr 2007;137(11):2420-4.
13. Bruzzese E, et al. ESPGHAN 2006, Dresden.
Abstract#PN2-18.
14. Moro G, et al. J Pediatr Gastroenterol Nutr 2002;34(3):291-
5.
15. Gibson G, et al. Br J Nutr. 2005;93 Suppl 1:S31-4.
16. Osborn C, Sinn G. Cochrane Database Syst
Rev.2013;3:CD006474.
Infections
gastro-intestinales
Flore intestinale
saine
Allergie
Dermatite
atopique
Système
immunitaire
Constipation
Diarrhée
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EspacE
pharma
L
a WGO (World Gastro-enterology
Organisation) définit les
prébiotiques comme des
substances alimentaires (consistant
surtout en polysaccharides sans
amidon et oligosaccharides peu
digérés par les enzymes humaines)
qui nourrissent un groupe sélectif de
micro-organismes vivant dans l'intestin.
Ils favorisent la croissance des bactéries
endogènes tout en freinant celle des
bactéries pathogènes (1).
Un mode d'action reconnu
Absorbés par voie orale, dans les
aliments ou compléments alimentaires,
les prébiotiques ne sont pas digérés
par l'intestin. Les plus étudiés sont les
combinaisons de scGOS (short chain
galacto-oligosaccharides) et lcFOS
(long-chain fructo-oligosaccharides),
mais aussi les associations GOS/
lactulose, GOS/polydextrose et GOS/
FOS + pAOS (pectin-derived acidic
oligosaccharides).
Outre leur action sur le microbiote (ils
modulent les bactéries intestinales
en augmentant le nombre de
bactéries anaérobiques bénéfiques
et en diminuant la population des
micro-organismes potentiellement
pathogènes) (1), les prébiotiques
fermentent dans l'intestin sous
l'action des bactéries endogènes, ce
qui engendre la production d'acides
organiques (les lactates par exemple)
et d'acides gras à courtes chaînes (les
acétates). Ces composants acidifient
le milieu intestinal, ce qui stimule
les bactéries endogènes et inhibe
les bactéries pathogènes, tout en
stimulant la production épithéliale de
mucus (2). La fonction de barrière est
ainsi renforcée.
Des prébiotiques
chez le nourrisson?
Le lait maternel contient une proportion
importante d'oligosaccharides
complexes (10-12g/l) qui se
comportent comme des prébiotiques
en stimulant notamment la croissance
des bifidobactéries (3). Bien qu'il
soit impossible de reproduire à
l'identique cette composition dans
les aliments liquides que l'on propose
aux nourrissons, les GOS/FOS qu'ils
contiennent exercent également
une action bifidogène (4). Ceci est
particulièrement utile puisqu'on sait
qu'il existe un faisceau convergent
d'arguments scientifiques pour affirmer
que plusieurs souches de l'oligofructose
prébiotique sont utiles pour stimuler la
réponse immunitaire (1).
Les supplémentations
en prébiotiques exercent
un effet immunitaire
Que ce soit en migrant à travers la barrière
intestinale pour entrer en contact avec les
cellules immunitaires ou en modulant la
croissance des bactéries endogènes, les
prébiotiques agissent via les plaques de
Peyer (qui sont de volumineux agrégats
de follicules lymphoïdes primaires et
secondaires siégeant dans le chorion de
la muqueuse de la partie terminale de
l'iléon) sur les cellules immunitaires (5),
ce qui leur permet d'exercer des effets
bénéfiques en prévention de l'allergie ou
des infections.
De l'intérêt des prébiotiques
pour prévenir l'allergie
Un essai clinique prospectif en double
aveugle portant sur 259 enfants à risque
atopique, dont 102 ont reçu un lait
artificiel contenant des prébiotiques
(GOS/FOS) et 104 un lait classique, a
confirmé l'intérêt des prébiotiques
qui réduisent de manière significative
l'incidence à 6 mois de la dermatite
atopique (9,8% contre 23,1%; p = 0,014)
(6). Ce qui confirme l'hypothèse que
les prébiotiques puissent moduler le
développement du système immunitaire
de l'enfant en agissant sur la flore
intestinale.
PC154F
Voici plusieurs années que des prébiotiques enrichissent les produits lactés et certains
aliments pour nourrissons. Ces hydrates de carbone à chaînes courtes (généralement
des oligosaccharides), qui ne sont pas digérés dans l'intestin grêle, arrivent ainsi
inchangés dans le côlon où ils servent de substrat à la flore bactérienne. Leur
présence permet de mieux lutter contre les infections intestinales et leurs symptômes
gastro-intestinaux, contre les infections respiratoires supérieures ainsi que contre la
dermatite atopique, certaines infections et certains symptômes gastro-intestinaux.
Associés aux laits artificiels, ils peuvent remplacer l'allaitement maternel, lorsque la
maman ne peut allaiter ou doit cesser de nourrir son bébé au sein.
Les prébiotiques
dans l'alimentation
des nourrissons
De précieux alliés!
Jan De Brandt
E s pa c E
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