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Percentile
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Vol 18
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N°6
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2013
26
P1079F
Développements dans le domaine de
l'électrophysiologie cardiaque
Hans De Wilde
service de Cardiologie invasive et d'électrophysiologie, service de Cardiologie pédiatrique, uZ gent, ug
d o s s i e r : a r y t h m i e s
Grâce aux nombreuses innovations technologiques depuis les premières applications
cliniques des explorations électrophysiologiques endocavitaires, nous pouvons aujourd'hui
traiter très efficacement les patients souffrant d'arythmie. Pour les enfants aussi, les progrès
dans ce domaine ont été remarquables. L'utilisation de la stimulation électrique programmée,
de cathéters d'ablation perfectionnés et de multiples techniques d'imagerie a ainsi permis
d'accroître substantiellement les chances de guérison définitive, et ce avec un faible taux de
complications.
L'électrophysiologie cardiaque
Les premières explorations endocavitaires réalisées chez l'être
humain au moyen d'un cathéter électrique inséré par voie intravei-
neuse datent de 1947 et sont l'oeuvre de Battro et Bidaggio. toute-
fois, il faut attendre les années 1960 pour que soit développée une
méthode fiable d'enregistrement de l'activité électrique spontanée du
coeur (1-3). Celle-ci consiste à acheminer des cathéters électriques
(souvent multipolaires) jusqu'aux oreillettes et aux ventricules par le
biais d'une ponction veineuse. Grâce aux énormes progrès techniques
réalisés depuis ces premières expérimentations, l'électrophysiologue
dispose aujourd'hui d'un large éventail d'options diagnostiques et
thérapeutiques. au début, les chercheurs se sont essentiellement
focalisés sur l'analyse de la formation et de la propagation de l'influx
cardiaque, ainsi que sur l'étude de l'influence de différentes subs-
tances pharmacologiques à ce niveau. Ces travaux ont permis de
beaucoup mieux comprendre le mécanisme sous-jacent des diffé-
rents troubles du rythme cardiaque et d'étendre considérablement les
possibilités thérapeutiques, étant donné que les explorations in vivo
étaient réalisées sans anesthésie.
auparavant, il n'était possible de mesurer le rythme cardiaque au
niveau de l'épicarde qu'après une thoracotomie. À la fin des années
1960, la stimulation électrique programmée du coeur vient enrichir
l'arsenal diagnostique (4). Cette technique consiste à envoyer des
stimuli électriques au myocarde au moyen des mêmes cathéters et
à enregistrer la réponse à la stimulation. Elle permet de déclencher
certains troubles du rythme cardiaque et de les analyser par la suite,
ce qui permet de diagnostiquer et de traiter de manière ciblée le
trouble causal chez les patients souffrant d'arythmie paroxystique (ce
qui arrive souvent en cas de tachycardie par réentrée via un faisceau
accessoire ou de tachycardie ventriculaire).
Ablation et fulguration
La grande avancée suivante dans le domaine de l'électrophysiologie
cardiaque date du milieu des années 1980, lorsque tout d'abord la ful-
guration (pulvérisation), puis quelques années plus tard, l'ablation par
radiofréquence (RF) et la cryoablation sont utilisées pour guérir définiti-
vement par cathétérisme et sans intervention chirurgicale les patients
souffrant de différents troubles du rythme cardiaque (5). La fulguration
consiste à appliquer un choc électrique en envoyant du courant continu
(CC) haute énergie par le biais d'un cathéter intracardiaque, afin de par-
venir à l'électrocoagulation des cellules du myocadre situées à proxi-
mité du cathéter (6, 7). L'ablation par RF consiste, quant à elle, à utiliser
un cathéter véhiculant un courant haute fréquence mais basse énergie
pour brûler localement les cellules en contact avec l'extrémité du cathé-
ter, afin d'obtenir une nécrose cellulaire et une perte permanente de
conduction électrique dans le tissu cicatriciel (7).