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Percentile
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Vol 18
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N°6
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2013
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En cas de cryoablation, un effet similaire est obtenu via la congéla-
tion du tissu (jusqu'à -80°C), qui entraîne la formation de cristaux de
glace et la nécrose des cellules (7). Etant donné que la cryoablation
et l'ablation par RF permettent d'éliminer des cellules cardiaques de
façon beaucoup plus ciblée sans endommager les tissus environnants,
la fulguration n'est plus utilisée aujourd'hui. Depuis le développement
de ces techniques d'ablation, l'exploration électrophysiologique est,
dans une large mesure, passée du statut d'examen à visée diagnos-
tique à celui d'examen à visée thérapeutique. aussi, à l'heure actuelle,
la plupart des explorations électrophysiologiques sont réalisées dans
l'optique de la pose d'un acte thérapeutique potentiel.
aujourd'hui, nous disposons d'un large éventail de cathéters gui-
dables pour l'ablation par RF et la cryoablation (Figure 1). Le choix
du cathéter pour le traitement d'un trouble du rythme dépend à la fois
du type d'arythmie, des caractéristiques du patient, des propriétés du
cathéter et de l'expérience/des préférences personnelles du médecin.
L'augmentation du taux de procédures réussies et la diminution des
complications liées à l'ablation sont toutes deux à mettre au crédit de
l'emploi de cathéters d'ablation par RF irrigués (8). L'irrigation perma-
nente de l'extrémité du cathéter par du sérum physiologique permet
d'éviter que le métal ne chauffe et qu'un caillot ne se forme à ce
niveau, ce qui se traduit par un meilleur contact avec le myocarde,
une meilleure transmission de l'énergie aux cellules et, de ce fait, la
formation d'une lésion plus efficace et plus profonde dans le tissu (8).
Les innovations récentes ont conduit au développement de cathéters
d'ablation par RF irrigués qui, en plus de mesurer des paramètres
électriques, donnent des informations sur la pression exercée par le
cathéter contre l'endocarde (contact force sensing catheter) (9), ainsi
que de cathéters munis d'un dispositif d'échographie à leur extrémité,
qui permettent d'évaluer l'efficacité de la lésion pratiquée durant
l'intervention (10). Il existe également des cathéters d'ablation à
ballonnet, lesquels sont principalement utilisés en cas de fibrillation
auriculaire pour réaliser une isolation des veines pulmonaires, une
intervention qui consiste à pratiquer une ablation circonférentielle
par laser, radiofréquence ou cryoénergie. Le principal avantage des
systèmes de navigation robotiques, tels que niobe (stereotaxis) ou
sensei (hansen Medical), est qu'ils permettent de guider à distance
le cathéter de façon très précise à l'aide d'un champ magnétique puis-
sant, tout en le stabilisant de manière optimale pendant l'ablation
(11). Le risque très limité de perforation cardiaque et la diminution
significative de l'emploi de la fluoroscopie sont deux autres atouts de
ces systèmes (11).
Imagerie
Des avancées majeures ont également été réalisées dans le domaine
de l'imagerie, en particulier au cours des dernières décennies. Depuis
la naissance de l'électrophysiologie endocavitaire, les cathéters sont
acheminés jusqu'aux endroits souhaités du coeur à l'aide de la fluoros-
copie. Un inconvénient majeur de cette technique d'imagerie réside
naturellement dans l'utilisation de rayons X ionisants, qui comporte
des risques potentiels tant pour le patient que pour les prestataires
de soins. toutefois, l'utilisation de filtres adaptés, de rayons pulsés,
de vêtements protecteurs et d'écrans de protection en plomb, ainsi
que l'optimisation des images assistée par ordinateur permettent de
réduire substantiellement la dose de rayons.
aujourd'hui incontournables dans tous les laboratoires d'électro-
physiologie, les systèmes de cartographie électroanatomique (Loca-
lisa, Ensite navX et Carto) contribuent également à la réduction du
rayonnement. Grâce à un faible champ magnétique, ces systèmes
permettent de localiser, avec une résolution spatiale inférieure à 1
millimètre, n'importe quel cathéter muni d'un capteur magnétique
à son extrémité et de suivre ses déplacements en temps réel (12).
Des représentations tridimensionnelles (3D) des cavités cardiaques
peuvent par ailleurs être créées afin de mieux évaluer la localisation
du cathéter par rapport aux différentes structures du coeur.
L'intégration de données électriques dans ces reconstitutions en 3D
permet d'établir une carte d'activation ou de voltage, qui donne une
idée claire du mécanisme des troubles du rythme cardiaque (Figure
2
). La fusion de ces images avec des reconstitutions cardiaques en
3D réalisées par tDM (tomodensitométrie) ou par IRM (imagerie par
résonance magnétique) du coeur et/ou l'utilisation simultanée de
l'échocardiographie intracardiaque permettent de récolter encore
davantage d'informations anatomiques et d'augmenter sensiblement
le taux de réussite de la procédure (13).
Exploration électrophysiologique
et ablation chez les enfants
Les principales raisons d'envisager une exploration électrophysiolo-
gique chez les enfants sont (la suspicion d')une tachyarythmie ou une
syncope sans cause évidente. La réalisation efficace d'interventions
thérapeutiques chez les adultes, avec des taux de réussite élevés
et de faibles taux de morbidité et de mortalité, a conduit relative-
ment vite à l'utilisation de ces techniques chez les mineurs (14).
Cette stratégie permet d'éviter les longs traitements constitués de
multiples médicaments et les effets secondaires qui y sont associés.
avec l'introduction de l'approche percutanée, la cryochirurgie, qui,
auparavant, constituait parfois la seule option thérapeutique chez les
patients réfractaires au traitement, n'est presque plus pratiquée de
nos jours (15).
pour les enfants, il convient cependant de tenir compte de certains
aspects spécifiques et de bien considérer les avantages et les incon-
Figure 1: extrémité d'un cathéter 7F guidable irrigué d'ablation
par radiofréquence. L'extrémité souple mesure 4mm.