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Percentile
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Vol 18
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N°6
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2013
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respiratoire décompensée. Dans ce contexte, il est important de
reconnaître et de traiter la cause initiale. Ces rythmes sont:
·
l'asystolie: il n'y a aucune activité électrique ventriculaire sur le
tracé (il persiste parfois une activité atriale);
·
l'activité électrique sans pouls (AESP): certains troubles du
rythme altèrent tellement la contraction cardiaque qu'ils ne per-
mettent plus d'assurer un débit cardiaque. Il s'agit de toutes les
activités électriques autres que la FV et la tV, rencontrées chez un
patient sans signe de vie.
Une fois posé le diagnostic de rythme à ne pas défibriller, la RCp doit
être reprise et une dose d'adrénaline (10µg/kg Io/IV) doit être adminis-
trée le plus rapidement possible. La RCp est poursuivie pendant 2 min.,
à la suite de quoi une brève réévaluation du rythme et, en cas de rythme
compatible avec la vie, une recherche des signes de vie, sont réalisés.
En cas d'asystolie ou d'aEsp persistante, la RCp est reprise pendant
2 min., suivie d'une nouvelle réévaluation du rythme et éventuellement
des signes de vie. Dans la négative, la RCp est reprise et une dose
d'adrénaline est administrée. Des cycles de 2 min. sont réalisés, l'adré-
naline est injectée toutes les 4 min.
En cours de RCp, la qualité de la ventilation et des compressions car-
diaques doit être évaluée en permanence; les causes réversibles
doivent être recherchées et traitées.
si, en cours de RCp, un rythme à défibriller est identifié, on retourne à
l'algorithme de prise en charge des rythmes à défibriller.
Patient présentant
un choc cardio-circulatoire
si l'enfant présente des signes de vie et/ou un pouls palpable, la tolé-
rance du trouble du rythme doit être rapidement évaluée pour détermi-
ner si l'arythmie est responsable d'un choc cardio-circulatoire, et dans
l'affirmative, si ce choc est décompensé ou non (Figure 4).
L'évaluation hémodynamique inclut l'appréciation de l'état de
conscience, de la fréquence cardiaque, de la qualité des pouls périphé-
riques, de la perfusion cutanée, de la recherche de signes de majora-
tion de la précharge (hépatomégalie, crépitants pulmonaires, jugulaires
saillantes) et de la pression artérielle. pour rappel, l'hypotension arté-
rielle est tardive chez l'enfant et signe le choc circulatoire décompensé.
La recherche d'un choc circulatoire va déterminer l'urgence ou non du
traitement de l'arythmie. En l'absence de choc, l'enfant doit être réé-
valué régulièrement pendant qu'un expert (cardiopédiatre, intensiviste
pédiatrique) est appelé.
Une fois les éventuels signes de choc identifiés, la prise en charge du
trouble du rythme se fonde sur une analyse succincte de l'ECG. Les
troubles du rythme les plus fréquents vont être identifiés sur la base
de la fréquence cardiaque, de la durée des complexes qRs et de la
présence ou non d'ondes p.
Le diagnostic de tachycardie est posé lorsque la fréquence cardiaque
est supérieure à 180bpm chez l'enfant de moins d'un an et à 160bpm
chez l'enfant de plus d'un an; celui de bradycardie si la fréquence
cardiaque est inférieure à 80bpm chez l'enfant de moins d'un an et à
60bpm chez l'enfant de plus d'un an.
La durée maximale du qRs est de 0,080sec.
Enfin, un rythme sinusal est défini par la présence d'une onde p positive
en D2 précédant chaque qRs; la durée normale de l'espace pR est de
0,120 à 0,200 seconde (selon l'âge et la fréquence cardiaque).
L'algorithme proposé dans cet article concerne les troubles du rythme
les plus fréquents en phase aiguë. Les troubles du rythme plus com-
plexes et plus rares nécessitent la collaboration d'un cardiopédiatre.
Les tachy-arythmies
Les tachycardies à qRs fins (< 0,080 seconde)
Les tachycardies sinusales (TS) se caractérisent par des qRs fins
précédés d'ondes p dont l'axe est normal (positif en D2). C'est une
adaptation «physiologique» à une augmentation des besoins métabo-
liques (en cas de fièvre, de douleur, d'anxiété, d'hypovolémie, d'anémie,
de choc...). Elles sont d'apparition progressive, n'excèdent habituel-
lement pas 200-220bpm et présentent une variabilité dans le temps.
L'unique traitement est celui de la cause, les anti-arythmiques et autres
manoeuvres ne sont jamais indiqués.
Figure 3: Fibrillation ventriculaire et défibrillation sur un tracé de défibrillateur manuel.