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Skin
Vol 16
N°6
2013
26
Jusqu'à présent, des schémas de diffu-
sion associés aux dermatomes ou encore
de type blaschkoïde ont été décrits.
De récentes études observationnelles
ont indiqué que la majorité des lésions
segmentaires ne suivaient pas exacte-
ment les dermatomes ou les lignes de
Blaschko (1, 11). C'est pourquoi il a été
décidé d'étudier de plus près le schéma
de diffusion des lésions vitiligineuses
segmentaires. Nous avons examiné le
degré de similitude entre les lésions de
diverses pathologies cutanées à diffu-
sion unilatérale ou en bandes et celles
du vitiligo segmentaire. La comparaison
de ces différents schémas peut offrir des
pistes sur la pathogenèse du vitiligo seg-
mentaire. Dans ce cadre, il convient de
garder à l'esprit que divers chemins étio-
pathogénétiques (neural, skin homing et
mosaïcisme) peuvent entraîner la même
présentation clinique (2).
Comme nous l'avons décrit (1), la majo-
rité des lésions vitiligineuses segmen-
taires n'étaient ni strictement asso-
ciées à un dermatome, ni strictement
blaschkoïdes. Le schéma du vitiligo seg-
mentaire semble être plutôt unique, bien
que 37% des lésions de contrôle aient
présenté des ressemblances (grades 1-4).
Le schéma de diffusion des lésions viti-
ligineuses segmentaires n'était pas sta-
tistiquement différent entre les patients
atteints ou non d'un halo naevus ou d'un
naevus congénital associé. Toutefois, il
reste difficile de tirer des conclusions dé-
finitives étant donné le volume réduit de
la population de patients pour ces deux
sous-groupes spécifiques. Afin de limiter
le degré de subjectivité de l'évaluation,
les scores de ressemblance ont été déter-
minés par trois chercheurs différents.
L'hypothèse neurale en cas de vitiligo
segmentaire est étayée par plusieurs
études (4). Wu et al. (3) ont montré
qu'un dysfonctionnement des nerfs sym-
pathiques jouait un rôle dans la pathoge-
nèse du vitiligo de type segmentaire. Les
chercheurs ont observé une augmenta-
tion du flux sanguin cutané par rapport
à la peau normale contralatérale, ainsi
qu'un accroissement de la réponse des
adrénorécepteurs et dans la peau
lésionnelle atteinte de vitiligo segmen-
taire. En outre, la diffusion unilatérale du
vitiligo segmentaire se limitant à la ligne
médiane présente certaines similitudes
(grades 2-4) avec des maladies telles
que le zona, dans lesquelles les cellules
neurales sont impliquées. Concernant les
ressemblances de grades 3-4, seuls 3%
des cas manifestaient une similitude de
grade 3, tandis qu'aucune analogie com-
plète (grade 4) entre le zona et le vitiligo
segmentaire n'a été rapportée (Figure 2).
Cela indique des différences considé-
rables entre le schéma du vitiligo seg-
mentaire et le zona, malgré certaines
similitudes. Ceci expliquerait pourquoi
le vitiligo segmentaire était auparavant
classé comme associé aux dermatomes,
sans doute à tort.
Les ressemblances les plus frappantes
ont été notées pour les pathologies
cutanées en mosaïque, surtout en cas
de lentiginose et de naevus épidermique
verruqueux. Pour ces indications, une
augmentation significative des ressem-
blances de grades 3-4 a été constatée
(Figure 2). La lentiginose segmentaire
se caractérise par de petites lentigines
Figure 1: Ressemblances bonnes à complètes (grades 2-4) entre les différentes pathologies
cutanées. NEVIL: naevus épidermique verruqueux linéaire inflammatoire; CHILD: hémidysplasie
congénitale avec érythrodermie ichthyosiforme et anomalies des membres.
Figure 2: Ressemblances presque totales à complètes (grades 3-4) entre les différentes
pathologies cutanées. NEVIL: naevus épidermique verruqueux linéaire inflammatoire; CHILD:
hémidysplasie congénitale avec érythrodermie ichthyosiforme et anomalies des membres.