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Skin
Vol 16
N°6
2013
22
dées d'anomalies oculaires. L'observa-
tion ophtalmologique la plus fréquente
est une meibomite, caractérisée par des
chalazions et une hyperémie oculaire (5).
Une fois le diagnostic posé, il est essen-
tiel de procéder à un examen ophtalmo-
logique afin d'éviter des dégradations
irréversibles de la cornée (6).
Sur le plan pathogénétique, les rayons
ultraviolets, les différences de tempéra-
ture et les acariens Demodex folliculo-
rum
jouent un rôle (indirect) important.
Le traitement est constitué de prépa-
rations anti-inflammatoires locales ou
systémiques. Une préparation topique à
base de métronidazole est efficace pour
une atteinte cutanée modérée (5). En cas
d'atteinte oculaire sérieuse ou d'atteinte
mixte de la peau et des yeux, une thé-
rapie systémique à base de tétracyclines
systémiques (> 12 ans) ou de macrolides
systémiques/métronidazole systémique
(20mg/kg/j) est indiquée (5). Afin d'évi-
ter les effets neurologiques toxiques du
métronidazole, il est recommandé de re-
courir à des traitements intermittents de
courte durée (6). Une thérapie par laser à
colorant pulsé («Pulsed dye laser») peut
être appliquée afin de traiter les télan-
giectasies ou l'érythème sous-jacent,
même si cette pratique est rare chez les
jeunes enfants.
Le granulome aseptique facial idio-
pathique
(Idiopathic facial aseptic gra-
nuloma, IFAG) consiste en un nodule
érythémateux chronique indolore sur
le visage, présentant des signes mini-
maux d'inflammation (7) (Figure 2).
Cette affection touche essentiellement
les enfants âgés de 8 mois à 13 ans. Les
antibiotiques oraux ou locaux sont géné-
ralement inefficaces (7). Une résolution
spontanée intervient après 1 à 2 ans.
Une approche attentiste est donc justi-
fiée. Un traitement à base de métroni-
dazole systémique s'avère parfois effi-
cace (7). Cette affection est considérée
comme un processus granulomateux
autour d'un vestige embryonnaire ou
comme un sous-type de rosacée granu-
lomateuse (7).
L'ulérythème ophryogène
est une ano-
malie de la peau rare mais bénigne, dont
le symptôme le plus caractéristique est la
rougeur persistante des joues. Contraire-
ment à la rougeur associée à une bouffée
congestive, celle-ci n'est pas passagère ni
dépendante de situations stressantes ou
embarrassantes. Les joues peuvent par
ailleurs être un peu rêches au toucher en
raison d'une hyperkératose folliculaire.
L'érythème peut être confondu avec de
la rosacée.
Dès le moment où l'enfant est exposé
à la lumière du soleil, il faut exclure des
réactions de photosensibilité. Une lucite
polymorphe
et le sous-type photoder-
matose printanière juvénile
sont les
plus probables (Figure 3). Pour chaque
éruption qui semble être déclenchée par
la lumière du soleil, il importe d'exclure
également un lupus, surtout en cas de
symptômes systémiques tels que de la
fièvre ou de l'arthralgie.
En cas d'antécédents d'activités exté-
rieures, la dermatose peut avoir été dé-
clenchée par une piqûre d'insecte. Nous
pensons notamment à des infections
parasitaires telles que la leishmaniose
ou la maladie de Lyme. Dans les zones
géographiques où la prévalence de la
leishmaniose est fort élevée, un examen
cytologique et/ou histopathologique
s'impose (6).
Sur le plan du diagnostic différentiel,
il convient également d'envisager une
allergie de contact. Les caractéristiques
cliniques d'une dermatite de contact al-
lergique sont les mêmes chez les enfants
et les adultes. Une anamnèse détaillée
(facteurs environnementaux) et la topo-
graphie des lésions sont déterminantes
pour le diagnostic. En cas de dermatite
de contact allergique au niveau du vi-
sage, nous pensons aux principaux aller-
gènes suivants: ingrédients de produits
pharmaceutiques topiques, cosmétiques,
composants de parfum, plantes, nickel
ou chrome (8).
Il n'est pas rare que les lésions soient
provoquées par des personnes avec les-
quelles le sujet a des contacts. On parle
alors de dermatite de contact par procu-
ration («connubial contact dermatitis»):
par exemple, le rouge à lèvres de la mère
qui provoque de l'eczéma sur la joue de
l'enfant. En cas de légions périorbitales,
il est préférable d'envisager l'utilisation
de préparations ophtalmologiques (8).
Les atteintes au niveau de la zone péri-
orale sont parfois dues à des tétines
(en raison des additifs du caoutchouc)
(8). La dermatose peut alors s'étendre
via une réaction à distance. Le diagnos-
tic est posé à l'aide de tests épicutanés.
Il convient également d'envisager une
pathologie infectieuse (bactérienne,
virale ou mycotique).
Références
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8.
Morren MA, Goossens A. Contact allergy in children. Contact
dermatitis. Springer 2011.
Figure 3: Photodermatose printanière
juvénile; papules et vésicules érythéma-
teuses sur les zones du visage, des oreilles
et du cou exposées au soleil.
© Photo du Dr Morren (UZ KU Leuven)
Le granulome aseptique
facial idiopathique consiste
en un nodule érythémateux
chronique indolore sur le
visage, présentant des signes
minimaux d'inflammation.
Cette affection touche
essentiellement les enfants
âgés de 8 mois à 13 ans. Les
antibiotiques oraux ou locaux
sont généralement inefficaces.