background image
E S PA C E
PHARMA
La dermatite atopique est une affection cuta-
née eczémateuse chronique et récidivante,
caractérisée par un prurit et une inflammation.
Elle est due à une conjonction d'éléments: d'une
part, une constitution génétique particulière
qui contribue au développement anormal de
la barrière cutanée et, d'autre part, des fac-
teurs environnementaux, parmi lesquels des
stimuli aspécifiques comme le climat, le stress
et la transpiration, qui exercent une influence
néfaste, et des stimuli spécifiques comme les
allergènes, qui favorisent l'inflammation (1).
Chez les (jeunes) adultes, cette maladie se présente
souvent comme une «dermatite de la région tête et
cou», avec un eczéma érythémateux, squameux et
prurigineux au niveau du visage et de la nuque qui
a souvent des conséquences majeures sur le plan
esthétique et fonctionnel (2).
Une femme de 38 ans présentant une constitution
atopique est suivie depuis déjà plusieurs années
pour une «dermatite de la région tête et cou» te-
nace, qui récidive systématiquement lors de l'arrêt
progressif du traitement par corticoïdes locaux.
On remarque ici l'atteinte très caractéristique des
paupières, des lèvres, de la gorge et de la nuque.
Les tests épicutanés effectués n'ont révélé aucun
élément qui pourrait indiquer une allergie de
contact sous-jacente. Des prick-tests ont confirmé
la constitution atopique, avec une sensibilisation
IgE-dépendante aux acariens, aux chats et aux
chiens, aux pollens de bouleau et de graminées,
ainsi qu'au latex, avec lequel tout contact est évité.
À l'examen clinique, nous constatons un eczéma
lichénifié au niveau de la gorge, de la nuque et
des paupières, avec signe de Dennie-Morgan
(Figures 1 et 2). Pour cette patiente, nous
avons opté pour un traitement d'attaque avec
des corticoïdes locaux (crème à base de furoate
de mométasone) pendant une semaine, suivi
d'un traitement d'entretien proactif consistant
en l'application topique 2 fois par semaine de
crème Elidel
®
sur le visage et sur le cou. Grâce
à cette stratégie thérapeutique, la patiente
constate une nette diminution de la fréquence
et de la sévérité des poussées d'eczéma.
Dans la pratique, la patiente utilise Elidel
®
dès
que l'eczéma est actif; il n'y a aucune limite d'uti-
lisation dans le temps. La patiente applique la
crème en fonction de l'activité de la maladie.
Logique
Le traitement d'attaque anti-inflammatoire
standard pour les poussées d'eczéma atopique
consiste en l'application topique de corticosté-
roïdes ou d'immunomodulateurs (1). En cas de
poussée sévère, qui nécessite l'utilisation d'une
préparation topique puissante, il est conseillé
de commencer par réduire l'inflammation au
moyen de corticostéroïdes topiques suffisam-
ment puissants, puis de passer à des immuno-
modulateurs topiques sur les parties du corps
où l'eczéma récidive systématiquement (1).
Ces dernières années, le concept du traitement
proactif a gagné en attention. Celui-ci consiste à
traiter en continu et sur le long terme les régions
de la peau où l'eczéma récidive fréquemment (à
quelques semaines d'intervalle ou plus rapide-
ment) au moyen d'une faible dose d'anti-
inflammatoires, en combinaison avec l'application
quotidienne d'émollients sur tout le corps (3, 4).
Dans la pratique, après disparition de l'eczéma
visible, ce traitement est généralement poursuivi à
une fréquence de deux fois par semaine.
Le choix d'utiliser dans le cas présent des immu-
nomodulateurs topiques, tels que la crème
Elidel
®
, plutôt qu'un corticoïde topique repose,
d'une part, sur l'efficacité prouvée du traitement
et, d'autre part, sur les effets secondaires poten-
tiels des corticoïdes topiques et la localisation
des lésions eczémateuses. Plusieurs études ont
démontré l'innocuité et l'efficacité (réduction
du nombre de poussées et amélioration de la
qualité de vie) du traitement intermittent par
application bihebdomadaire ou trihebdomadaire
d'Elidel
®
en cas de dermatite atopique stabilisée
(4-6). La région tête et cou en particulier présente
une bonne capacité d'absorption percutanée,
permettant une efficacité optimale des immuno-
modulateurs topiques (1).
Par ailleurs, nous avons impérativement besoin
de méthodes de traitement alternatives pour la
dermatite atopique, dans la mesure où l'appli-
cation fréquente de corticostéroïdes topiques
est associée à long terme à l'apparition d'une
atrophie cutanée, de télangiectasies et de
poussées de rosacée, ainsi qu'au développe-
ment d'une cataracte et d'un glaucome en cas
d'application sur les paupières (7).
Références
1. Saeki H, et al. J Dermatol 2009;36(10):563-77.
2. Sandstrom Falk MH, et al. Acta Dermatovenereol 2006;86(2):135-9.
3. Darsow U, et al. World Allergy Organization journal 2013;6(1):6.
4. Wollenberg A, Bieber T. Allergy 2009;64(2):276-8.
5. Thaçi D, et al. Br J Dermatol 2008;159(6):1348-56.
6. Breneman D, et al. J Am Ac Dermatol 2008;58(6):990-9.
7. Li J, et al. Drug Safety 2008;31(2):127-41.
CAS CLINIQUE ECZÉMA ATOPIQUE
Le pimécrolimus (Elidel
®
)
dans la pratique quotidienne:
une utilisation souvent
justifiée
Chloe Vaneeren
SC192F
La dermatite atopique est une maladie inflammatoire chronique pruri-
gineuse hautement récidivante, caractérisée par un dysfonctionnement
de la barrière cutanée dû en grande partie à un dérèglement du système
immunitaire. Cas présenté par Eveline DeCoster et Annelies Stockman
(AZ Sint-Rembert, Torhout).
Figures 1 et 2: «Dermatite de la région tête
et cou», avec eczéma lichénifié frontal,
périorbitaire, ainsi qu'au niveau du menton et
des deux joues.
SC192F_EspacePharma.indd 1
9/01/14 16:51