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Skin
Vol 16
N°6
2013
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INTRODUCTION
Le vitiligo segmentaire, un sous-type de
vitiligo, se caractérise par son apparition
à un jeune âge, une stabilisation rapide
et une diffusion unilatérale. Différents
phénotypes ont été décrits, dans lesquels
des lésions segmentaires unilatérales et
bilatérales peuvent être présentes, avec
ou sans halo naevus (1). Le vitiligo seg-
mentaire se distingue par un schéma de
diffusion unique comportant des lésions
typiques unilatérales, en bandes et isolées,
avec une délimitation claire au niveau de
la ligne médiane. L'étiopathogenèse est
encore incertaine, bien que diverses théo-
ries aient été décrites (2). L'une de ces
hypothèses se base sur les mécanismes
neuraux (par exemple, fonction nerveuse
sympathique, neuropeptides), car on pen-
sait au départ que le vitiligo présentait
une diffusion de dermatome (3-5).
Une deuxième théorie veut que les lé-
sions vitiligineuses segmentaires repré-
sentent une sous-population vulnérable
de mélanocytes, comme nous l'obser-
vons en cas de mosaïcisme cutané (2,
6-8). Pour en savoir plus sur l'étiopatho-
genèse du vitiligo segmentaire, l'objec-
tif principal de cette étude consistait en
une analyse comparative entre le sché-
ma de diffusion du vitiligo segmentaire
et celui d'autres pathologies cutanées
Schéma de diffusion du
vitiligo segmentaire: pistes
de mosaïcisme somatique*
Nanja van Geel, Reinhart Speeckaert
Service de Dermatologie, UZ Gent, UG
L
e vitiligo segmentaire se caractérise par une diffusion unilatérale et localisée.
Jusqu'à présent, le mécanisme sous-jacent reste une énigme. Cette étude rétro-
spective observationnelle avait pour objectif d'en savoir davantage sur l'étiopa-
thogenèse du vitiligo segmentaire, en comparant entre eux les schémas de diffu-
sion de pathologies cutanées liées à un mosaïcisme ou un contexte neurogène.
Pour ce faire, les chercheurs ont comparé le schéma de diffusion de 724 lésions
de contrôle unilatérales, linéaires ou en bandes à 181 lésions vitiligineuses seg-
mentaires. À l'aide de photos cliniques, les ressemblances ont été notées selon
un système de notation défini (échelle de 0 à 4). Les lésions de contrôle ont
été évaluées aussi bien individuellement qu'après regroupement en différents
types cellulaires. Seule une minorité des cas (36,9%) ont présenté des similitudes
(grades 1 à 4) entre les lésions de contrôle et les lésions vitiligineuses segmen-
taires. Des ressemblances de grades 2 à 4 ont principalement été rapportées pour
la lentiginose segmentaire (73,7%; p < 0,001). En comparaison avec les autres
lésions de contrôle, le plus haut degré de similitude (grades 3 et 4) a été signi-
ficativement plus observé uniquement pour la lentiginose segmentaire (36,8%
contre 3,5%; p < 0,001) et le naevus verruqueux épidermique (12,5% contre
3,7%; p = 0,008). Le schéma de diffusion du vitiligo segmentaire a montré des
points communs significatifs avec celui d'autres pathologies cutanées impliquant
les mélanocytes. Conclusion: nos résultats prouvent que le schéma de distribu-
tion du vitiligo segmentaire ne correspond exactement à aucune autre patholo-
gie cutanée, bien que certaines affections en mosaïque présentent davantage de
ressemblances avec le vitiligo segmentaire que d'autres. L'analogie clinique frap-
pante avec différents cas d'affections en mosaïque impliquant les mélanocytes
soutient l'hypothèse selon laquelle le mosaïcisme cutané peut jouer un rôle dans
le vitiligo segmentaire.
S1
1
99F