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I
Le Spécialiste
12-11
5 décembre 2012
www.lespecialiste.be
La prévention cardiovasculaire
est efficace
Les maladies cardiovasculaires sont à
l'origine d'une importante mortalité
prématurée. Selon les dernières statistiques
disponibles (2005), elles seraient
responsables de respectivement 24% et
22% des décès survenant chez les hommes
et chez les femmes de moins de 75 ans
(données belges). Elles engendrent en
outre des coûts en soins de santé estimés
à 2.374.817.000 euros (Belgique, 2009).
Leur prévention revêt donc une importance
considérable et ce, d'autant plus qu'elle est
réellement efficace, puisqu'on estime qu'elle
est l'origine de plus de 50% de la réduction
de la morbi-mortalité CV, l'amélioration
des traitements rendant compte de 40%
supplémentaires.
De nouvelles recommandations
européennes
Le Belgian Lipid Club, la Belgian
Atherosclerosis Society
et la Belgian Society
of Cardiology
se sont donc associées pour
présenter les dernières recommandations
de l'ESC en matière de prévention
cardiovasculaire. Celles-ci sont disponibles
sur le site de la Société Européenne
(Eur Heart J 2012;33:1635-1701 accessible
via www.escardio.org/guidelines).
Le tableau 1 résume les nouveautés de cette
dernière mouture des recommandations.
Evaluer le risque
«L'évaluation du risque CV doit se faire 1) chez
les patients qui en font la demande, 2) chez les
hommes de 40 ans et plus et les femmes de
50 ans et plus (ou en postménopause),
3) lorsqu'(au moins) un facteur de risque (FR)
est présent (tabagisme, habitudes alimentaires
inappropriées, surpoids, inactivité physique,
hyperlipidémie, HTA ou diabète), 4) lorsque
des antécédents familiaux de maladie CV
précoce ou de FR majeurs (hyperlipidémie ou
diabète) sont présents, 5) ou encore face à des
symptômes suggérant une maladie CV.»

(Pr Victor Legrand)
Certains patients sont d'emblée stratifiables
en raison d'une histoire personnelle de
maladie CV, d'insuffisance rénale ou
de diabète compliqué, ou encore par la
présence de FR extrêmes. Néanmoins,
chez les patients en prévention primaire,
l'estimation du risque se fait toujours au
moyen de la table SCORE qui calcule le
risque de mortalité CV à 10 ans en fonction
des 5 facteurs classiques de risque (sexe,
âge, habitude tabagique, pression artérielle
systolique et taux de cholestérol total). Une
version belge de SCORE a été développée et
validée.
Le risque de décéder d'une maladie CV dans
les 10 ans établi par la table SCORE peut
désormais être pondéré par le taux de HDL-C.
L'influence de ce dernier est notable. Ainsi,
le risque d'une femme non-fumeuse de 55
à 60 ans présentant une TAS de 180mmHg
varie de 1,7 à 4,6% pour des taux de HDL-C
s'étendant de 1,8 à 0,8mmol/L. Olivier
Descamps et al ont établi une table de
conversion calculant l'impact du HDL-C sur
le risque CV (Tableau 2).
JS288F
Mise à jour de la prévention cardiovasculaire
La prévention des maladies cardiovasculaires (CV) reste un objectif
prioritaire dans nos sociétés industrialisées. Celle-ci est efficace
et évolue avec le temps. Ainsi, les nouvelles recommandations
publiées par la European Atherosclerosis Society et la European
Society of Cardiology
comportent de nombreuses innovations.
Parmi les facteurs de risque, les dyslipidémies jouent un rôle
majeur, notamment pour ce qui concerne la maladie coronarienne.
C'est pourquoi les Prs Yvon Carpentier, Guy De Backer et Victor
Legrand s'y sont attardés au cours d'une conférence organisée
conjointement par la Belgian Society of Cardiology, le Belgian Lipid
Club et la Belgian Atherosclerosis Society
.
VOTRE ACTUALITÉ MÉDICO-SCIENTIFIQUE
Tableau 1: Messages clés apparus dans l'édition 2012 des recommandations en
matière de prévention CV.
- L'apparition d'un niveau de risque supplémentaire. Ils sont maintenant 4: très
haut risque, haut risque, risque modéré, faible risque.
- Le concept de risque-âge.
- L'importance des facteurs de risque psychosociaux.
- Le rôle (limité) de nouveaux biomarqueurs.
- Le rôle délétère du tabagisme passif.
- Le rôle de certains comportements diététiques.
- Le rôle possible du sous-poids.
- L'efficacité des interventions comportementales multimodales.
Tableau 2: Impact du taux de HDL-C sur le risque CV.
HDL-C
(mg/dl)
30
38
46
54
62
70
Femmes
x1,8
x1,5
x1,2
x1,0
x0,8
x0,7
Hommes
X1,3
x1,1
x1,0
x0,9
x0,8
x0,7
D'après O Descamps, MT Cooney, G De Backer, I Graham. Atherosclerosis 2012;222:564-6.
Tableau 3: Niveaux de risque CV et LDL-C cible.
Risque très élevé
Antécédents CV
LDL-C < 70mg/dl
et/ou réduction
50% si la valeur
cible ne peut être
atteinte
DT1 ou 2, avec un FRCV
supplémentaire et/ou une atteinte
d'un organe cible
Insuffisance rénale sévère
(GFR: < 30mL/min/1,73m
2
)
SCORE 10%
Risque élevé
Elévation marquée d'un FR (ex.:
dyslipidémie familiale, HTA sévère...)
LDL-C < 100mg/dl
DT1 ou 2 sans FRCV supplémentaire
ni atteinte d'un organe cible
Insuffisance rénale modérée
(GFR: 30-59mL/min/1,73m
2
)
5% SCORE < 10%
Risque modéré
1% SCORE < 5%
LDL-C < 115mg/dl
Yvon Carpentier
Guy De Backer
Victor Legrand