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Le Spécialiste
12-11
5 décembre 2012
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renons un exemple concret. Un méde-
cin estime que la télésurveillance est
nécessaire pour le traitement d'un
patient atteint d'insuffisance cardiaque.
Une entreprise fournit les appareils, se charge
de la transmission et du support technique
et facture ces services au patient au moyen
d'un abonnement mensuel. L'entreprise verse
une partie de cette somme au médecin géné-
raliste et au médecin spécialiste en compen-
sation de la supervision et de la réaction aux
alarmes de la télésurveillance à domicile.
Ce scénario est-il conforme la déontologie?
Le Conseil national de l'Ordre des médecins
s'est récemment penché sur cette question
posée par un médecin.
Le Conseil national est conscient de l'impor-
tance d'une télésurveillance pour certains
patients atteints d'insuffisance cardiaque et
a connaissance de l'absence d'un rembourse-
ment à l'heure actuelle. Il estime néanmoins
que les aspects financiers du système rappor-
té ci-dessus sont susceptibles de générer un
conflit d'intérêt entre les différents acteurs
et que la solution proposée pourrait être
contraire à la déontologie.
L'Ordre estime que si cette technique se
développe, il faudra une révision des modes
de financement ainsi qu'une clarification du
cadre juridique pour ce type de soins.
Le Conseil national renvoie à ce sujet au
Rapport 136B du Centre fédéral d'expertise
des soins de santé (1). En septembre 2010,
le KCE recommandait de ne pas encore
rembourser la surveillance à distance des
patients porteurs d'un défibrillateur
cardiaque implantable parce que «la valeur
ajoutée et la sécurité de cette technique ne
sont, à ce jour, pas encore démontrées.
»
«Quoi qu'il en soit, cette technique se déve-
loppe et une révision des modes de finan-
cement ainsi qu'une clarification du cadre
juridique pour ce type de soins seront néces-
saires»
, concluait en 2010 le KCE. Deux ans
plus tard, le remboursement de la télésur-
veillance pose encore une série de questions.
Rétribution équitable
«Si une télésurveillance s'avère nécessaire,
le médecin peut demander lui-même au
patient une rétribution équitable du travail
presté, à savoir la supervision et la réaction aux
alarmes. Il doit informer le patient au préa-
lable des dispositions à prendre lors d'alarmes
et de situations urgentes»
, recommande
l'Ordre. «De son côté, le médecin veillera à ce
que l'entreprise prévoie les garanties néces-
saires concernant la sécurité biotechnique et
l'entretien des moniteurs ainsi que la disponi-
bilité permanente des signaux enregistrés.»
1. KCE, Surveillance à distance des patients porteurs de
défibrillateurs implantés. Evaluation de la technologie
et cadre réglementaire général, Rapport 136 B.
Alexandre Thomasson
JS0287F
TÉLÉSURVEILLANCE
Attention aux conflits d'intérêt
Un médecin peut-il être payé pour son travail de supervision
par une entreprise qui procure du matériel de télésurveillance
à un patient? L'Ordre des médecins déconseille ce mode de
rémunération.
MANAGEMENT
Le MRSA en recul
Selon l'Institut scientifique de
santé publique (WIV-ISP), des
études menées par ses soins
démontrent que la bactérie
hospitalière Staphylocoque
doré résistant à la méticilline
(MRSA) est en train de perdre
du terrain et ce, grâce à une
approche conjointe des auto-
rités concernées.
L'ISP et les Laboratoires
nationaux de référence pour les bactéries résistantes ont réalisé, en 2011, une
recherche sur le portage de bactéries résistantes aux antibiotiques chez les
personnes âgées. L'étude a porté sur 60 maisons de repos et de soins belges.
En comparaison avec la précédente étude menée en 2005, le portage de la bacté-
rie hospitalière MRSA chez les résidents des «MRS» en Belgique a diminué de 7%.
La surveillance nationale du MRSA, menée par l'ISP dans les hôpitaux, montre la
même évolution favorable.
«Les deux études montrent cependant que d'autres bactéries résistantes aux anti-
biotiques apparaissent»
, communique l'ISP. «Une approche globale, tant dans les
hôpitaux que dans les autres centres de soins, mais aussi dans la population générale,
reste donc indispensable.»
A.T.
L'Ordre estime que si cette technique se développe,
il faudra une révision des modes de financement
ainsi qu'une clarification du cadre juridique pour
ce type de soins.