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I
Le Spécialiste
12-11
5 décembre 2012
www.lespecialiste.be
«E
n 2011, 1.177 nouvelles infections
par le virus de l'immunodéficience
humaine ont été diagnostiquées
en Belgique. Cela correspond à 3,2 nouveaux
diagnostics en moyenne par jour, ou encore à
107 nouveaux diagnostics par million d'habi-
tants. Cette faible diminution, par rapport
aux 1.196 cas recensés en 2010 ­ année où le
nombre de diagnostics posés avait été le plus
élevé depuis le début de l'épidémie - n'est tou-
tefois pas significative. L'épidémie ne recule
pas»
, commente le Cabinet Onkelinx.
Les données révèlent une diminution du
nombre d'infections par contact hétérosexuel
ces dernières années: on est passé de 67%
des infections diagnostiquées en 2002 à 50%
des infections en 2011. A l'opposé, le nombre
d'infections diagnostiquées chez les hommes
ayant des relations sexuelles avec d'autres
hommes (HSH) augmente nettement. Elles
représentaient 23,5% des infections diagnos-
tiquées en 2002. En 2011, ce taux s'élève à
46,6% des infections. Cette proportion est
encore nettement plus importante chez les
hommes belges, où les contacts homo-
bisexuels constituent la voie de transmission
dans 82,1% des cas.
L'ISP constate l'existence d'une double épidé-
mie. D'une part, une épidémie parmi la popu-
lation des HSH: les infections sont diagnosti-
quées très majoritairement chez des hommes
de nationalité belge, mais aussi de manière
croissante chez des hommes d'autres natio-
nalités européennes. D'autre part, une épidé-
mie d'infections par contacts hétérosexuels:
les infections y sont très majoritairement
diagnostiquées chez des personnes origi-
naires de pays à haute prévalence.
Diagnostic tardif
Les statistiques révèlent que les infections à
VIH diagnostiquées à un stade tardif restent
fréquentes. En 1998, le diagnostic était posé
tardivement dans 59% des cas. En 2011, les
diagnostics sont encore tardifs dans 42% des
cas. «Ce constat est préoccupant car un diag-
nostic posé précocement permet une meil-
leure prise en charge thérapeutique
», com-
mente le Cabinet Onkelinx. «Il permet aussi
à la personne d'adapter plus tôt son compor-
tement, de manière à éviter la transmission de
l'infection à son (sa) partenaire.»
Réagissant
aux chiffres 2011, la ministre Onkelinx a
insisté sur la nécessité de doter la Belgique
d'un Plan sida, qui permette à l'ensemble des
acteurs d'unir leurs forces autour d'une stra-
tégie efficace. «Ce plan devra être transversal
et impliquer d'autres ministres. Un Plan sida
qui ne parlerait pas d'éducation, d'égalité des
chances, d'intégration sociale, de lutte contre
les discriminations, etc. n'aurait aucun sens.»
Laurette Onkelinx souhaite aussi mieux
comprendre l'épidémie. Si l'on veut avoir une
politique efficace auprès des groupes plus
exposés au VIH, il faut mieux comprendre ces
groupes. «On ne peut pas résumer la popula-
tion des HSH à ce qu'on a coutume d'appeler
la communauté gay. La population des HSH est
bien plus complexe que cela. Il faut donc être
nuancé et se doter des outils pour comprendre
ce concept d'HSH. La Belgique manque
d'études à ce sujet. Il convient d'y remédier»
.
La ministre demande aux groupes de travail
chargés de l'élaboration du Plan de plancher
sur ce point fondamental.
Opportunités manquées
Laurette Onkelinx veut également améliorer
le dépistage et la prise en charge. Elle estime
qu'il faut faire tomber les barrières au dépis-
tage pour que le diagnostic soit plus précoce
et recourir davantage aux tests de dépistage
rapides et décentralisés. Il convient égale-
ment réduire les opportunités manquées de
dépistage: «il faudra accroître la vigilance des
professionnels de santé, en les sensibilisant
davantage, non seulement sur le VIH mais aussi
sur toutes les autres maladies sexuellement
transmissibles.»
Le Pr Nathan Clumeck, chef du service des
maladies infectieuses au CHU Saint-Pierre
(Bruxelles) a rappelé (Le Soir du 20/11) qu'il
a demandé il y a un an déjà que le gouver-
nement de la Fédération Wallonie-Bruxelles
élabore une campagne de dépistage comme
moyen de lutte contre l'épidémie. L'initia-
tive de Laurette Onkelinx est un pas dans la
bonne direction.
Au niveau de la prise en charge, il faut garan-
tir, dès le départ, une prise en charge
optimale et globale. «Cette prise en charge
doit impliquer les acteurs médicaux et les
acteurs associatifs, dans le cadre de véritables
partenariats, sans relation de subordination!
Car pour Laurette Onkelinx "traiter le VIH,
ce n'est pas uniquement traiter un système
immunitaire malade. On traite, avant tout,
une personne. Et la réponse doit donc être
globale." Dans ce réseau, les personnes séro-
positives elles-mêmes doivent être impliquées,
et pas uniquement en leur qualité de patient,
mais en tant que personne capable d'assumer
un rôle clé dans cette mission», avance le
Cabinet de la ministre.
Le Plan Sida devrait être prêt pour juin 2013.
Il y a dès lors de fortes chances que les auto-
rités se repenchent sérieusement sur la stra-
tégie à mettre en place avant le 1
er
décembre
2013, jour où elles se fendent d'habitude
d'un communiqué sur les évolutions de cette
maladie et les défis à relever.
Alexandre Thomasson
JS0289F
Sur base des données 2011, l'Institut scientifique de Santé Publique
(ISP) observe une très légère diminution du nombre de nouveaux
cas de HIV diagnostiqués en Belgique mais aucun recul significatif
de l'épidémie. Laurette Onkelinx, ministre des Affaires sociales et de
la Santé publique, compte finaliser un Plan sida pour juin 2013 afin
de faire reculer significativement l'épidémie.
VOTRE ACTUALITÉ SOCIO-PROFESSIONNELLE
En moyenne, en Belgique, on
diagnostique
chaque jour 3,2
nouveaux cas
d'infection à VIH.
JS0274F
Le KCE a lu pour vous
Le Centre fédéral d'expertise des soins de santé veut que les
décideurs politiques puissent profiter au mieux de son expertise.
Il leur propose désormais une « lecture critique d'informations
scientifiques pertinentes et fiables».
«De par le monde, un grand nombre d'instituts scientifiques indépendants, tels que NICE,
IQWIG, etc. mènent le même genre de recherche que le KCE. Leurs résultats peuvent aussi être
pertinents pour les soins de santé belges. Par ailleurs, paraissent régulièrement des articles
scientifiques importants publiés dans des journaux avec comité de lecture (
British Medical
Journal, the Lancet, the New England Journal, etc.) qui peuvent intéresser le public-cible des
rapports KCE. De même, certaines décisions prises par des organismes officiels tels que, entre
autres, l'Agence européenne des médicaments (EMA), le US Food and Drug Administration
(FDA) ou la Commission européenne sont également pertinentes pour la politique belge»
,
souligne le Centre fédéral d'expertise des soins de santé qui, via son nouveau canal de
communication, KCE has read for you, fournira régulièrement une lecture critique des
publications de ces sources fiables, résumée en moins de trois pages.
Une lecture critique et objective? Une question que ne manqueront pas de poser les
personnes qui doutent déjà de la totale indépendance du centre fédéral, voire pointent
l'instrumentalisation régulière de ses rapports par les autorités. Le premier KCE has read
for you
est consacré au retrait par la FDA de la procédure d'homologation accélérée du
bevacizumab dans le traitement du cancer du sein métastatique.
V.C.
EPIDÉMIOLOGIE
Un Plan sida pour faire reculer l'épidémie