médicaments sur la prescription serait peut- être déjà une bonne chose», a suggéré Jean-Jacques Cassiman. s'est joint à la discussion. «D'un point de vue éthique, il n'est pas acceptable de gaspiller de l'argent. Il faut donc définir des critères. Un nouveau médicament doit être meilleur qu'un médicament plus ancien. Il faut aussi se demander si le nouveau produit augmente significativement le nombre de QALY et quel est son impact sur le budget global. Enfin, une dernière question qu'il faut oser se poser, c'est celle de la nécessité médicale du traitement. En fait, tout cela figure déjà dans une loi élabo- rée par Frank Vandenbroucke, l'ancien ministre des Affaires sociales, mais c'est encore trop peu appliqué.» Lieven Annemans pense également que les médecins devraient pouvoir faire entendre leur voix au sein de la commission qui décide de la mise sur le marché et du remboursement des médicaments. «Le problème, c'est que nous ne savons pas si un médicament est trop cher», a enchaîné Jacques De Grève. «Nous ne savons pas com- bien son développement a coûté.» Pour Mi- chiel Callens, il faut donc plus de transparence dans la fixation du prix des médicaments. s'accorder sur la nécessité de revoir complè- tement le système existant. Jacques De Grève a soulevé la possibilité d'un système "pay for value" ou "pay for performance", dans lequel les médicaments seraient remboursés sous réserve d'une efficacité avérée. En cas d'échec du traitement chez un patient, le coût serait mis à la charge de la société pharmaceutique. Le système est d'ores et déjà appliqué en Grande-Bretagne pour certains médicaments. «Pour les médicaments dont le résultat est difficilement prévisible, c'est une possibilité intéressante. Plusieurs sociétés pharmaceu- tiques y sont d'ailleurs ouvertes», a signalé Lieven Annemans. de manière continue. D'après Jacques De Grève, la société va donc devoir décider de prise en charge oncologique. «Cela signifie évidemment qu'il faudra faire des économies dans d'autres secteurs.» Pour Michiel Callens, la solution va de soi: «L'instauration généra- lisée de la prescription sous DCI génère une économie de 180 millions d'euros. Un autre palliatifs hospitaliers. Les gens veulent mourir chez eux, mais les décès surviennent le plus souvent à l'hôpital. En privilégiant davantage les soins palliatifs à domicile, on répondrait à la demande des patients et on diminuerait les coûts.» ment, la question était une pomme de dis- corde entre les participants au débat. Jean-Jacques Cassiman est resté dans le vague, tout en gardant une perspective d'ave- nir. «Comment allons-nous gérer les nanotech- nologies, par exemple? Dans quinze ans, on sera en mesure de remplacer tous les organes. Les patients seront demandeurs, mais quel sera le coût? Sur ce genre de questions, les auto- rités doivent prendre leurs responsabilités.» Pour Jacques De Grève, l'intervention des autorités est toujours une mauvaise chose. «Les systèmes communistes ont montré que cela ne fonctionnait pas pour l'innovation. Les autorités doivent cependant mettre en place un cadre qui permette la création de nouveaux développements. En fait, pour les soins onco- logiques, il faudrait retourner au temps de la pénicilline, lorsque l'efficacité l'emporte sur la sécurité pour les patients chez qui toutes les possibilités thérapeutiques ont été épuisées ou qui se trouvent à un stade très avancé de la maladie.» public: «Comment dire à un patient qu'il existe un traitement qui lui permettrait de vivre bien pendant trois à cinq mois, mais qu'on ne peut pas le lui prescrire parce qu'il n'est pas rem- boursé?» Pour Jacques De Grève, on n'en est pas encore là en Belgique: «Il n'y a pas beau- coup de médicaments bons et efficaces qui ne puissent pas être donnés. Cela dit, il faut veiller à ne pas laisser s'installer une médecine à deux vitesses.» Lieven Annemans estime que cette discussion doit être beaucoup plus ouverte au sein de la société. «Aujourd'hui, la discussion a lieu par l'intermédiaire des titres des journaux, qui dénoncent le scandale que tel ou tel traite- ment ne soit pas disponible.» 2010, il est président de la Ligue flamande contre le cancer. Il est également vice-président de l'Association belge de lutte contre la mucoviscidose, président du Fonds Maladies rares et médicaments orphelins de la Fondation Roi Baudouin et membre de la Commission fédérale pour la recherche médicale et scientifique sur les embryons. VUB. Il est également président de la Belgian Society of Medical Oncology (BSMO). également la pharmaco-économie et les aspects économiques de l'activité physique à la VUB. Par le passé, il a été président du Conseil flamand de la santé et conseiller de l'ancien ministre des Affaires sociales Frank Vandenbroucke en matière de politique de santé. la santé et la psychologie médicale à la VUB, où elle supervise aussi plusieurs projets de recherche. Elle dirige le Centre du cancer de l'Institut scientifique de santé publique, où elle accompagne le Plan National Cancer de la ministre des Affaires sociales Laurette Onkelinx et élabore des mesures en vue d'une politique à venir. de la Santé publique, a écrit plusieurs ouvrages sur des thèmes liés à la santé et est aujourd'hui président du Registre du cancer. scientifique appliquée TNO en 1960, et l'est resté jusqu'en 1990. Il a été l'un des fondateurs de l'Organisation européenne de recherche et de traitement contre le cancer (EORTC), qu'il a présidée de 1969 à 1975. En 1977, il a fondé le premier centre intégré d'oncologie (Integrale Kanker Centrum) à Rotterdam. En 1990, il a créé l'entreprise de biotechnologie IntroGene, qui a développé en 1993 une thérapie génique pour le traitement des maladies des cellules souches et du cancer. Depuis 2009, il est vice-président de Cinderella Therapeutics, une organisation à but non lucratif qui s'est donné pour mission de poursuivre le développement de médicaments prometteurs mais négligés. importantes des autorités dans ce débat épineux consiste à fixer les limites de l'acceptabilité sociale. «La question n'est pas de savoir si un traitement est trop cher, mais de décider s'il vaut la peine. Sur ce plan, les autorités doivent jouer leur rôle et envoyer des signaux à l'industrie, qui ne tardera pas à suivre.» Une recommandation émise par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en 2005 peut servir de fil conducteur. D'après l'OMS, il doit exister une corrélation entre le coût d'un traitement et le produit intérieur brut (PIB). Pour la Belgique, le coût limite d'un traitement (par année de vie supplémentaire) s'élèverait ainsi à 32.000 euros. «Dans des cas exceptionnels, cette limite peut être revue à la hausse», ajoute Lieven Annemans. «Le problème en oncologie, c'est qu'on a toujours pensé que tout devait être possible, quel qu'en soit le prix. L'industrie s'est évidemment empressée d'en profiter. Mais on oublie parfois que d'autres patients doivent aussi pouvoir bénéficier d'un traitement.» toute cette discussion, c'est que les médecins ne sont pas formés à la gestion des coûts. La plupart d'entre eux n'ont pas la moindre idée du coût d'un traitement ou d'un médicament.» de médicaments bons et efficaces qui ne puissent pas être donnés. Cela dit, il faut veiller à ne pas laisser s'installer une médecine à deux vitesses.» |