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Percentile
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Vol 17
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N°3
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2012
6
La dysplasie de la hanche est l'un des problèmes les plus courants auxquels vous serez confronté au cours
de votre vie professionnelle. Nous proposons ici un bref résumé de cette affection, axé sur le diagnostic précoce.
Nous aborderons ensuite quelques déformations des membres inférieurs.
Cet article n'a pas pour objectif de fournir un aperçu exhaustif de toutes les pathologies, mais de servir de fil
conducteur afin de pouvoir distinguer dans bon nombre de cas
la déformation physiologique de la pathologie.
p
0990F
Dysplasie de la hanche
et troubles de la statique
Armand Laumen
1
, Pierre Moens
2
1. orthopédie pédiatrique, uZ Brussel, VuB
2. Chef de clinique d'orthopédie pédiatrique, uZ Leuven
d o s s i e r : o r t h o p é d i e p é d i a t r i q u e
K E Y Wo R D s:
hip dysplasia ­
lower limb frontal coronal
abnormalities
Dysplasie développementale
de la hanche (DDH) ou dysplasie
évolutive de la hanche
La ddh ou, anciennement, dysplasie congénitale de la hanche, est l'un
des problèmes orthopédiques les plus courants chez l'enfant. Le terme
s'applique à un spectre de malformations de la hanche, de la dysplasie
acétabulaire (le cotyle ne recouvre pas suffisamment la tête fémorale)
aux subluxations et
luxations. Les luxations et les dysplasies
térato
logiques de la hanche, en cas d'arthrogrypose par exemple, doivent être
considérées comme une entité distincte et ne seront pas traitées ici.
L'incidence de la dysplasie de la hanche varie fortement en fonction de
l'origine ethnique et de la région. Le mode de dépistage influence consi
dérablement l'incidence rapportée, qui va de 188,5 pour 1.000 chez les
indiens du Canada à 0 pour 1.000 en afrique (1).
L'anamnèse et l'examen clinique permettront de préciser d'éventuels
facteurs de risque. Le médecin devra être plus vigilant en cas de présen
tation par le siège, si l'anamnèse familiale est positive, en cas de défor
mation d'un membre, d'oligohydramnios ou de torticolis chez l'enfant.
L'incidence de la dysplasie de la hanche est en outre légèrement plus
élevée chez les filles. L'examen corporel de l'enfant doit être complet,
y compris au niveau du dos, afin d'écarter des causes tératogènes/neu
rologiques de dysplasie de la hanche, telles qu'un spina bifida occulta,
une arthrogrypose, etc.
L'examen clinique de la hanche consiste en une inspection (asymé
trie des plis fessiers), un test d'abduction, ainsi que trois autres tests
simples: les examens de Galeazzi, ortolani et Barlow. idéalement, ces
tests devraient être réalisés dans cet ordre.
Le test de Galeazzi est le premier. il est positif si les genoux ne sont
pas à la même hauteur (Figure 1), en raison par exemple d'une luxation
unilatérale.
ensuite vient le test d'ortolani, positif si l'on sent un ressaut lors de
l'abduction (réduction d'une luxation postérieure de la hanche).
enfin, on réalise le test de Barlow, positif s'il est possible de luxer une
hanche centrée en opérant une adductionendorotation et une pression
vers l'arrière.
si les constatations à ce stade semblent suggérer une dysplasie ou une
luxation de la hanche, deux examens complémentaires sont possibles:
la radiographie ou l'échographie. avant l'âge de 4 mois, une radiogra
phie n'est pas nécessaire, l'échographie donnant plus d'informations.
après 4 mois ou une fois le noyau osseux présent dans la tête fémorale,
il est possible de surveiller le développement de la hanche par radiogra
phie. on mesure alors l'index acétabulaire, dont les valeurs normales
diffèrent en fonction de l'âge (2).
L'échographie permet à la fois de fournir un aperçu du développement
de la hanche et de sa stabilité, grâce à la nature dynamique de cet
examen. Le dr Graf est à l'origine de la méthode d'échographie de la
hanche et de la classification (3). Cet examen est extrêmement fiable,
pour autant que certaines conditions soient respectées avant la mesure
des angles. L'interprétation de l'échographie commence donc par un
contrôle de qualité des coupes échographiques. trois éléments doivent
être visibles sur une bonne échographie: la branche inférieure de l'os
iliaque, une coupe centrale de l'acetabulum, ainsi que le bourrelet acé
tabulaire (Figures 2 et 3).
Cette méthode part du principe que le diagnostic définitif de la dysplasie
de la hanche ne peut être posé qu'après 12 semaines. en revanche, ce
principe connaît une exception si la hanche est très déficiente (alpha <
50 degrés après la naissance et < 55 degrés après 6 semaines) au point
que tout espoir de parvenir spontanément à des valeurs normales est
perdu; un traitement est alors nécessaire. si une hanche centrée peut
être luxée au cours de la première semaine suivant la naissance (soit un