background image
Percentile
|
Vol 17
|
N°3
|
2012
10
L'analyse de cette question exige un examen à des niveaux différents.
trois raisons peuvent expliquer la rotation des pieds vers l'intérieur:
un metatarsus adductus, une torsion tibiale interne
et une antéversion
fémorale (angle entre le col du fémur et le plan des condyles) excessive.
Ces troubles rotationnels
peuvent aussi être combinés. au fil de la crois
sance se produit une dérotation naturelle au niveau des os longs. il est
normal d'observer une torsion tibiale interne jusqu'à 2,53 ans, laquelle
se corrige en général spontanément. L'antéversion fémorale est de 40°
à la naissance et chute à 15° en fin de croissance. Chez les filles, la
rotation se termine vers 9 ans, et 2 ans plus tard chez les garçons.
en revanche, une antéversion excessive ne se corrige généralement pas
en grandissant. elle se caractérise par une forte diminution de l'exo
rotation et une endorotation accrue de la hanche (Figures 4 et 5). Le
traitement conservateur des défauts de rotation n'est pas fructueux,
à l'exception du metatarsus adductus avant l'âge de 2 ans maximum
(corrections par plâtre). il est rarement nécessaire d'intervenir chirurgi
calement en cas de troubles rotationnels. si, exceptionnellement, une
dérotation chirurgicale se révèle nécessaire, celleci n'est effectuée de
préférence qu'après la fermeture des cartilages de croissance.
tout comme en cas de rotation, on observe également un mouvement
varus/valgus au cours de la croissance. Les jambes en varus (en o) sont
généralement d'ordre physiologique avant l'âge de 18 mois. après 2
ans, l'axe varus se mue en valgus (en X), avec un axe valgus maximum
vers l'âge de 4 ans en moyenne. L'ostéochondrodystrophie, l'ostéoma
lacie comme le rachitisme, la maladie de Blount, les dégâts posttrau
matiques ou infectieux des cartilages de croissance et les déviations
idiopathiques de l'axe des jambes figurent parmi la longue liste de dia
gnostics différentiels pour les déviations de l'axe. une asymétrie, une
petite taille, une différence de longueur des jambes, un traumatisme
antérieur ou la progression du varus/valgus audelà des âges précités
nécessitent des investigations complémentaires.
Le plus souvent, les traitements conservateurs des axes en varus ou
valgus des jambes, comme l'orthèse ou les semelles orthopédiques,
sont inefficaces. selon le principe de la guided growth, il est possible
de freiner temporairement
et asymetriquement le cartilage de crois
sance (hémiépiphysiodèse). toutefois, si des déviations de l'axe sont
présentes dans les deux plans, par exemple un varus tibial avec rotation
interne, cette procédure n'est d'aucun secours.
Trop court ou trop long?
plusieurs pathologies peuvent entraîner une différence de longueur
des membres inférieurs (dLMi); la jambe peut être trop longue ou trop
courte. La dLMi peut être stable, progressive ou régressive. L'étiolo
gie de la dLMi détermine son évolution. par exemple, un cal vicieux
à la suite d'une fracture diaphysaire entraîne un raccourcissement
stable après guérison et remodelage, une fracture transphysaire avec
stérilisation de la plaque de croissance ainsi qu' une différence de
longueur congénitale (notamment due à une hémimélie fibulaire ou
une insuffisance focale fémorale proximale) entraînent un raccourcis
sement progressif de la jambe. il est essentiel de donner des points
de repère aux parents au niveau du suivi et des options de traitement,
et ce le plus tôt possible. si la différence totale de longueur de jambe
risque de dépasser 2cm, un traitement sera nécessaire. une diffé
rence de longueur de moins de 5cm pourra être traitée par un blocage
des cartilages de croissance par voie chirurgicale (épiphysiodèse).
Bien entendu, le moment de cette procédure doit être planifié avec
soin.
plusieurs mesures de longueur des membres inférieurs combi
nées à la détermination de l'âge osseux permettent d'augmenter la
fiabilité du planning de cette opération. il convient pour cela d'orien
ter à temps
l'enfant vers le chirurgien orthopédique pédiatrique. Les
différences supérieures à 5cm seront de préférence corrigées par un
allongement.
Références
1. tachdjian's pediatric orthopaedics 4th edition 2008 isBN 978-1-4160-2221-3.
2.
Neidel J, tönnis DZ. percentile graphs in the documentation of acetabular angle in children with
hip dysplasia. A tool in the diagnosis and quality control of its treatment. orthop ihre Grenzgeb
1994;132(6):512-5.
3. hip sonography, Diagnosis and management of infant hip dysplasia, R. Graf 2nd edition 2006 isBN
3-540-30957-8.
4. shorter D, hong t, osborn DA. screening programmes for developmental dysplasie of the hip in
newborn infants. Cochrane Database of systematic Reviews 2011, issue 9. Art. No.: CD004595.
Doi:10.1002/14651858.CD004595.pub2.
5.
Leerboek kinderorthopedie. G. Fabry, redacteur. Garrant 2008, isBN 978-90-441-2232-9 NuR 871.
6. staheli Lt, et al. Lower-Extremity Rotational problems in Children. Normal values to guide
management. Journal of Bone and Joint surgery 1985;67-A(1).
Erratum
Quiz paru dans Percentile 17-1 et Percentile 17-2
Emilie Nicolaï et Laura Dikuta, du Chwapi Tournai, sont les premiers auteurs du quiz «Fièvre et boiterie chez un
enfant de 2 ans» paru dans Percentile 17-1 (question) et Percentile 17-2 (réponse), Jean-Philippe Stalens en étant
le troisième auteur, et non l'unique comme cela avait été publié.
p
1011F