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Percentile
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Vol 17
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N°3
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2012
13
Introduction
La scoliose idiopathique est un désordre anatomique de la colonne ver
tébrale dans les trois plans de l'espace ­ axial, sagittal et frontal ­ d'un
angle minimum de 10° dans le plan frontal. elle est la plus fréquente
déformation structurale du rachis chez l'enfant et l'adolescent.
elle apparaît dans la période prépubertaire et évolue pendant la crois
sance, sans relation avec un autre processus pathologique décelable,
ce qui la distingue des scolioses dites non idiopathiques, par exemple
neurologiques ou malformatives.
sa prévalence est de 23% dans la population adolescente. 80% des
enfants atteints de scoliose idiopathique sont adolescents et seulement
1% ont moins de 3 ans (1).
elle reste une énigme étiologique. plusieurs facteurs ont été suspectés
dans son développement: génétiques, endocriniens, histologiques et
neurologiques (2).
La Scoliosis Research Society (srs) a proposé de différencier la sco
liose idiopathique en fonction de l'âge d'apparition (3):
·
infantile (03 ans),
·
juvénile (310 ans),
·
adolescente (1018 ans).
plus récemment, le concept de scoliose à début précoce (early onset
scoliosis), scoliose diagnostiquée avant l'âge de 5 ans, a été introduit,
basé sur le fait que la plus grande vitesse de croissance des vertèbres
se situe entre 0 et 5 ans (4)
.
La srs a également proposé une classification radiologique en fonc
tion de la localisation de la courbure (thoracique, thoracolombaire,
lombaire).
il existe d'autres classifications radiologiques; une des plus complètes
mais aussi des plus difficiles à appliquer est celle de Lenke (5).
Diagnostic
Le diagnostic de scoliose est établi le plus souvent accidentellement
suite à une plainte d'asymétrie du dos ou des épaules faite par la fa
mille, la médecine scolaire ou le médecin traitant.
L'anamnèse est importante afin d'exclure les scolioses non idiopathiques
en précisant les antécédents personnels et le développement psycho
moteur depuis la naissance. L'appréciation de la croissance et de la
maturation osseuse permet d'évaluer le risque évolutif de la déforma
tion (6)
.
Les déficits neurologiques, les douleurs importantes ne sont pas clas
siques dans la scoliose idiopathique.
L'examen clinique général doit permettre d'exclure des signes de syn
dromes (arachnodactylie, pectus carinatum, petite taille...).
un examen neurologique de base est nécessaire afin d'exclure des
signes plaidant pour une affection neurologique (7)
(syringomyélie).
L'examen spécifique permet de visualiser la déformation dans les plans
frontal (Figure 1a), axial (Figure 1b) et sagittal. il précise la position
des épaules, l'aspect symétrique ou non du pli de la taille et l'asymétrie
du bassin. il permet aussi de mettre en évidence une gibbosité qui est
le signe pathognomonique de la scoliose. elle se voit mieux lorsque le
patient est penché vers l'avant.
La souplesse et la réductibilité du rachis peuvent être évaluées par un
examen clinique dynamique.
Les radiographies simples de la colonne vertébrale complète (full spine)
de face (Figure 2a) et de profil (Figure 2b) du patient debout conduisent
au diagnostic.
L'analyse des radiographies identifie les courbures et leurs angulations
et permet d'évaluer l'équilibre du rachis dans les plans frontal et sagit
tal (8, 9)
.
Lorsque le diagnostic de scoliose est établi, il est complété par une
étude de la croissance du patient par des critères tels que la courbe
de croissance, le stade de maturation sexuelle (tanner) et le stade de
maturation osseuse axiale (risser).
L'évolution de cette scoliose sera suivie par des examens cliniques (sco
liométrie) (Figure 3) et radiologiques répétés.
sur la radiographie, l'angle de Cobb (Figure 4) permet de quantifier la
déformation dans le plan frontal. une scoliose en fin de croissance avec
un angle de moins de 40° a toutes les chances de ne plus évoluer; au
contraire, un angle de plus de 45° s'aggravera progressivement de 1° à
2° par an après la maturité osseuse (10, 11).
Traitement
L'aggravation en période de croissance impose de mettre en oeuvre un
traitement orthopédique (corset), dont le but est de stabiliser la défor
mation pour aboutir en fin de croissance à une déformation scoliotique
modérée (inférieure à 40°), compatible avec une stabilisation et une vie
active normale à l'âge adulte.
Le traitement conservateur consiste en l'observation pour les scolioses
de moins de 2025° en l'absence de notion d'évolutivité. Les scolioses
de 2540° se traitent habituellement avec un corset (Figure 5).
Les corsets sont efficaces seulement avant la fin de la maturation os
seuse; à partir de risser 23, leur efficacité devient douteuse.
Le patient et sa famille doivent être prévenus que le corset ne «guérit»
pas la scoliose et qu'il peut même parfois ne pas être suffisant pour
prévenir une évolution imposant un traitement chirurgical.
il n'y a actuellement pas d'évidence scientifique quant à l'efficacité de
la kinésithérapie pour corriger ou même stabiliser la scoliose.
Figure 2a: radiographie de
la colonne complète de face;
la déformation est évidente.
Figure 2b: radiographie de
profil; notez l'aplatissement
de la cyphose thoracique.