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Pharma-Sphere 168
Novembre 2011
qui compte relativement plus de femmes que d'hommes, les ré-
sultats thérapeutiques seraient meilleurs que chez les early onset
drinkers. Ceci s'explique par le fait que l'alcoolique tardif connaît
encore souvent assez d'alternatives comportementales, et aussi
parce qu'il présente moins de lésions cérébrales. La sensibilité du
cerveau vis-à-vis de l'alcool est en l'occurrence très variable et elle
diffère selon les individus. Souvent, ce sont les régions frontales du
cerveau qui sont touchées et, dans ce cas, les personnes ont par
définition déjà moins de conscience et de compréhension de leur
propre fonctionnement. Les personnes qui commencent à boire à un
âge plus avancé ont en général moins de lésions cérébrales, à moins
qu'elles ne soient extrêmement sensibles.»
Le vieillissement augmente-t-il la sensibilité vis-à-vis de
l'alcool?
Dr An Haekens: «Il arrive souvent que des personnes âgées me
disent: `Je ne bois pas plus maintenant qu'avant, alors pourquoi ai-
je des problèmes?' Suite au processus de vieillissement, le corps
contient moins d'eau et davantage de graisse, et la clairance de
l'alcool diminue simultanément. Suite à cette diminution de la
quantité d'eau dans le corps liée à l'âge, les sujets âgés atteignent
une concentration plus élevée d'alcool dans le sang, par rapport aux
personnes jeunes, pour une même quantité d'alcool consommée.
La tolérance vis-à-vis de l'alcool diminue également avec l'âge. Les
personnes âgées peuvent déjà souffrir de certains effets de l'alcool
à une dose moindre que les sujets plus jeunes. Il peut donc arriver, à
un certain moment, que les personnes âgées commencent à souffrir
d'effets néfastes de l'alcool, alors que leur consommation n'a en
définitive pas changé.»
Conséquences et complications
Outre la survenue de nombreuses conséquences somatiques et les
interactions possibles avec certains médicaments, la consommation
problématique d'alcool entraîne également un certain nombre de
complications psychiatriques (tableau 2). Il existe également une
relation manifeste entre l'alcool et la dépression. Les sujets
alcooliques âgés souffrent trois fois plus souvent de dépression
que les sujets non alcooliques de plus de 65 ans, et les patients
dépressifs âgés sont 3 à 4 fois plus dépendants de l'alcool que
les patients non dépressifs. Lorsque des sujets âgés dépressifs
présentent simultanément une dépendance à l'alcool, le pronostic
de la dépression est moins bon; parfois, l'abstinence suffit pour
influencer favorablement la dépression.
L'hôpital broeders Alexianen à tirlemont
Tableau 2: Conséquences et complications psychiatriques
de l'alcool.
·
Intoxication aiguë
·
Syndrome de sevrage
·
Hallucinose alcoolique
·
Détérioration de la personnalité due à l'alcool
·
Dysfonction sexuelle
·
Dépression
·
Suicide