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Pharma-Sphere 168
Novembre 2011
Diagnostic
Un examen clinique et paraclinique permet d'établir le diagnostic
et le pronostic: échographie pour apprécier le résidu vésical et la
taille de la prostate, débit urinaire maximal pour évaluer la gêne,
taux de PSA et toucher rectal pour éliminer le diagnostic de can-
cer. Le diagnostic d'HBP ne peut plus se poser sans un dosage
PSA. En effet, le taux de ce dernier augmente, indépendamment
d'un cancer, mais avec la taille de la prostate. L'interprétation se
fait en fonction du rapport PSA libre/PSA total. Plus le rapport
est bas, plus le risque de cancer est grand. Il est donc à surveiller.
L'évaluation des troubles mictionnels reste le principal élément de
décision pour traiter.
Traitement
Une HBP n'induisant pas de signes cliniques ou, simplement, une gêne
fonctionnelle légère, ne nécessite pas d'intervention thérapeutique,
mais une surveillance annuelle. Face à une HBP modérément handica-
pante (signes d'irritation ou d'obstruction) et non compliquée (absence
de rétention urinaire, absence d'infection, absence de lithiase, pas de
dilatation du haut appareil), le traitement repose sur l'administration de
médicaments. Deux classes pharmacologiques sont prescrites:
1. les alpha-bloquants, très rapidement efficaces sur la dys-
urie et le ralentissement du jet urinaire. Ils agissent sur les ré-
cepteurs alpha présents au niveau du col vésical et de l'urètre
prostatique. Le blocage de ces récepteurs permet une meilleure
ouverture du col vésical au cours de la miction. Aujourd'hui,
les traitements alpha-bloquants sont uro-sélectifs, ils ont une
action faible sur les autres récepteurs alpha présents dans
l'organisme. Leur uro-sélectivité n'est néanmoins pas totale,
ce qui explique la possibilité d'effets indésirables (sensations
vertigineuses, hypotension orthostatique). Certains de ces
alpha-bloquants ont une action négative sur le contrôle de
l'éjaculation et entraîne un risque d'éjaculation rétrograde (3 à
5% des patients);
2. les inhibiteurs de la 5 alpha-réductase, qui réduisent d'un
tiers le volume prostatique. Ils bloquent la transformation de la
testostérone en dihydrotestostérone dans les cellules cibles. Le
finastéride est indiqué dans l'hypertrophie bénigne de prostate
à la dose de 5mg/jour. L'intérêt du finastéride et du dutastéride a
été montré par plusieurs essais randomisés dans l'hypertrophie
bénigne de prostate, en monothérapie ou en association avec
un alpha-bloquant.
La chirurgie en dernière ligne
Face à une gêne intense et/ou à des complications, le traitement
est médicamenteux ou chirurgical, cette option pouvant elle-même
être proposée d'emblée ou après constat d'un échec du traitement
médicamenteux. De nouvelles techniques sont proposées en cas de
contre-indication à la chirurgie. Il faut toujours bien préciser aux
patients qu'en matière de chirurgie de l'hypertrophie bénigne de la
prostate, les répercussions sexuelles ne touchent pas la qualité des
érections. En effet, quelle que soit la chirurgie utilisée pour traiter
une hypertrophie bénigne de la prostate, la chirurgie ne s'étend pas
anatomiquement dans une région proche des nerfs érecteurs et
ceux-ci ne sont pas lésés par l'intervention chirurgicale.
Des solutions phytothérapiques?
Elles peuvent être proposées en traitement de fond de première
intention.
L'administration orale de l'extrait lipidique de Serenoa repens ou
palmier de Floride a démontré trois actions pharmacologiques:
anti-androgénique, anti-proliférative et anti-inflammatoire. L'action
anti-androgénétique découle de l'inhibition des deux types de la
5 alpha-réductase intra-prostatique, enzyme qui intervient lors de
la transformation de la testostérone en dihydrotestostérone, hor-
mone active qui stimule la multiplication des cellules prostatiques.
A cela s'ajoute une action antagoniste partielle des récepteurs à la
testostérone et une interférence avec les récepteurs aux oestro-
gènes dans les cellules de la prostate. L'action anti-inflammatoire
se caractérise d'une part par l'inhibition intracellulaire de la voie
d'acide arachidonique, diminuant ainsi la synthèse des prostaglan-
dines et des leucotriènes, métabolites pro-inflammatoire; mais
aussi d'autres cytokines inflammatoires responsables de la progres-
sion de l'HBP. L'ensemble de ces propriétés pharmacologiques ex-
pliquent l'amélioration des troubles urinaires irritatifs et obstructifs
sous Serenoa repens.
La racine et les rhizomes de l'Ortie sont utilisés dans le traite-
ment symptomatique des troubles mictionnels (dysurie, nycturie,
rétention urinaire...) intervenant dans l'HBP. Les stérols comme le
bêtasitostérol, les lignanes ou encore des stéroïdes seraient des
substances pouvant agir directement sur les causes de l'HBP. Les
lignanes inhibent de façon directe ou indirecte la liaison entre la
testostérone et son récepteur. Les autres constituants seraient
responsables de la capacité de l'extrait de racine d'Ortie à inhiber
la 5 alpha réductase et l'aromatase.
L'huile de pépins de courge est très riche en acide linoléique et
contient des phytostérols qui inhibent la fixation de la dihydro-
testostérone sur des cultures cellulaires de prostate. Ses proprié-
tés décongestionnantes récemment découvertes lui valent d'être
recommandée pour le traitement de l'HBP.
l'écorce du Prunier d'Afrique (Pygeum africanum) a également fait
l'objet d'une attention considérable dans le traitement de l'HBP.
Il régénère l'épithélium prostatique et possède une action anti-
inflammatoire sur la prostate. Il inhibe, par ailleurs, le développe-
ment anormal du tissu prostatique et diminue même son volume.
Les propriétés antioxydantes
du lycopène (1-3)
Le lycopène est concentré dans certains organes, et particulière-
ment dans la prostate. Des études ont montré une incidence plus
faible du cancer de la prostate chez des populations consommant
de grandes quantités de tomates et de produits à base de tomates.
Une étude a évalué la consommation de différents caroténoïdes
alimentaires chez 47.894 professionnels de santé n'ayant pas de