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Pharma-Sphere 168
Novembre 2011
Ce résultat positif provient d'une méta-analyse réalisée pour évalu-
er les possibles effets cardiovasculaires des gliptines par comparai-
son avec le placebo ou avec d'autres traitements de comparaison
(4). Les chercheurs ont exploré MedLine et Embase à la recherche
d'études publiées portant sur la vildagliptine, la sitagliptine, la
saxagliptine, l'alogliptine, la linagliptine et la dutogliptine. Toutes
les études jusque mars 2001 ont été inclues, tandis que les don-
nées non publiées dans ce contexte ont été décortiquées sur le site
web www.clinicaltrials.gov. Après avoir passé en revue près de 400
documents, 53 références correspondaient aux critères exigés par
les études cliniques randomisées chez des patients souffrant d'un
diabète de type 2, dans lesquelles des gliptines ont été comparées
durant au moins 24 semaines avec un placebo ou avec d'autres
antidiabétiques.
Au total, ces 53 études ont inclus 20.132 patients traités par
gliptines, tandis que 13.569 patients recevaient un médicament
comparable ou un placebo. Quarante-deux études ont permis de
trouver des données sur des critères d'évaluation cardiovasculaires:
137 événements se sont produits chez des patients traités par
gliptines, contre 120 événements dans les bras d'études compa-
ratifs.
Après une analyse statistique, il s'est avéré que le risque d'un in-
cident cardiovasculaire majeur était plus faible de 31,1% avec une
gliptine que lorsque la personne était traitée par placebo ou un mé-
dicament comparable (p = 0,006). Lorsque la durée de l'étude était
de moins d'un an, le risque d'incident diminuait de 37,4% chez les
patients sous gliptine comparé au groupe des médicaments com-
paratifs (p = 0,008). Les résultats de cette méta-analyse indiquent
donc une possible protection de la classe des gliptines contre les
événements cardiovasculaires, y compris lorsque les études duraient
moins d'un an.
Deux nouveaux biomarqueurs
de souffrance coronaire et de mortalité
en cas de diabète
Lors du congrès EASD, deux études ont été présentées sur des bio-
marqueurs associés aux affections cardiovasculaires et à la mor-
talité chez des patients atteints d'un diabète de type 2, à savoir un
anti-oxydant, la peroxiredoxine-4 (Prx4), et la résistine protéinique
inflammatoire.
Pour le premier biomarqueur, la Prx4, on a examiné les données
de l'étude ZODIAC-28, une étude observationnelle prospective
chez 1.067 patients avec un diabète de type 2 (5). Deux cohortes
ont été évaluées (l'une débutant en 1998, l'autre en 2001). Le taux
de peroxiredoxine-4 (Prx4) a été mesuré au niveau plasmatique
au départ, révélant une valeur moyenne de 0,86 U/l. On sait que
l'hyperglycémie entraîne un stress oxydatif et des troubles endo-
théliaux, qui entraînent à leur tour des complications microvasculai-
res et macrovasculaires chez les patients diabétiques. Le système
de stress antioxydant protège du stress oxydatif et les concentra-
tions circulatoires de Prx4 sont proposées comme un nouveau bio-
marqueur du stress oxydatif. Après un suivi médian de 9,8 ans, il
s'est avéré que 32,3% des patients étaient décédés, dont 43% à la
suite d'une affection cardiovasculaire.
Les concentrations accrues de Prx4 étaient associées à des inci-
dences élevées de mortalité à la fois cardiovasculaire et globale, ce
constat demeurant significatif après adaptation pour l'âge, le sexe,
l'IMC, la créatinine, le tabagisme, la durée du diabète, la pression
sanguine systolique, le rapport cholestérol-HDL, les antécédents
de complications et l'albuminurie. Ces patients aux taux élevés
de Prx4 avaient un risque de mortalité globale majoré de 80% (IC
95% de 1,53 à 2,12). Après adaptation pour les paramètres con-
fondants, il persistait un risque significativement accru de 51%
(IC 95% de 1,24 à 1,82). En ce qui concerne la mortalité cardio-
vasculaire également, le risque était plus élevé de 83% en cas
d'augmentation de la Prx4 (IC 95% de 1,46 à 2,30), tandis que le
risque était plus élevé de 52% après contrôle pour les variables
(IC 95% de 1,13 à 2,04). Dans cette étude, la Prx4 est donc claire-
ment un biomarqueur de mortalité. Il s'agit vraisemblablement
d'une upregulation en cas de stress oxydatif.
Pour le second biomarqueur, la résistine, un lien avec la morbidité
et la mortalité cardiovasculaires a également été démontré chez
des patients atteints d'un diabète de type 2. En tant que protéine
pro-inflammatoire riche en cystéine, sécrétée par les macrophages,
la résistine a déjà été associée à un risque accru d'affections cardio-
vasculaires dans la population générale. Le résumé présenté con-
cernait les données de quatre études (6). Il y avait deux études
cas-contrôles, à savoir la Gargano Heart Study avec 798 patients,
et la Joslin Heart Study avec 1.050 patients. Les résultats de deux
études prospectives ont par ailleurs été analysés: 350 patients
dans la Gargano Heart Study-Prospective et 1.028 patients dans la
Gargano Mortality Study.
Dans les études cas-contrôles, par comparaison avec les patients
sans CAD, la résistine sérique s'avérait systématiquement plus
élevée chez les patients atteints d'une affection coronaire. Après
contrôle pour l'IMC, la durée du diabète et les traitements de base,
ce constat demeurait inchangé. Dans les études prospectives, les
patients à taux accru de résistine avaient un risque significative-
ment plus élevé d'affections cardiovasculaires et de mortalité glo-
bale comparé aux plus faibles taux de résistine, y compris après
contrôle des variables: dans la Gargano Heart Study-Prospective, le
RR était de 1,35 (IC 95% de 1,14 à 1,59; p = 0,001); dans la Gargano
Mortality Study, le RR était de 1,13 (IC 95% de 1,05 à 1,21; p = 0,001).
La résistine s'avère donc être un facteur de risque indépendant ou
un biomarqueur d'affections cardiovasculaires majeures et de mor-
talité globale. Elle peut donc servir à prédire les maladies cardiovas-
culaires chez des patients atteints d'un diabète de type 2.
Références
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